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admettre le ternie d’équilibre quant au poids, mais
non quant aux forces, parce que le poids du tronc
doit être toujours le même , lorfqu’une fois il eft
bien placé fur le centre de gravité du cheval ; mais
les forces varient de quantité : ainfi l’équilibre n’eft
que momentané, & ces moments font fixés par
la confervation de l’équilibre de l’animal.
Cependant comme la réaâion & la direélion du
cheval peuvent varier malgré les foins de l’homme,
fi le cheval eft encore ignorant, ou s’il a des caprices
, il faut chercher un contre-poids qui, comme
un balancier, maintienne la fureté de l’homme,
& le mette à l’abri des chûtes. Les cuiffes nous
offrent ce fecours : elles ont un poids 8c une force
propre, qu’on peut augmenter en variant leur pref-
iion. L'habitude donne à l ’homme la faculté de les
faire agir & de les faire'contribuer à fa fureté. Elles
fervent donc de contre-poids ; & ia liaifon qui pro-
vient de l’application de leurs mufcles fur le cheval
, maintient l’homme contre les fecouffes trop
violentes. L’emploi raifonnê & bien approprié de
ces deux membres, fixe la bafe du corps humain.
Etudions aéhiellement.fon méchanifme ; difpo-
fons fes membres conformément à ces principes ;
& n’oublions jamais les différentes lignes que nous
avons indiquées , comme les règles qui doivent
nous faire juger de la bonté 8c de la valeur de notre
pofition à cheval.
De la pofition des parties folides de Vhomme.
Cette théorie une fois bien connue, doit, être
appliquée le plus exaélement poffible à la pofition
du corps humain.
Tout corps animal eft compofé de parties folides
8c de parties molles. Les parties folides font les os ;
8c les parties molles font les mufcles , les ligaments
, &c. Je fuppofe mon leCteur affez inftruit de
l ’anatomie pour n’avoir pas befoin qu’on lui donne
ici les premiers détails.
Les os font fans doute la partie la plus effen-
tielle à bien placer , puifque s’ils le font une fois,
les parties molles qui les accompagnent ne fau-
roient manquer de l’être. Leurs mouvements naturels
doivent certainement être employés dans l’équitation
, mais avec choix, & relativement à l’exécution
la plus conforme à la méchanique. Les
mufcles qui les font agir , font auffi aftreims aux
loix de la nature ainfi qu’à celles de l’art qui exige
un mélange d’aélions convenables à un effet fixe 8c
connu.
Nous divifons le corps exactement comme les
anatoraiftes, afin de conferver le plus de rapport
offible avec les fciences dont nous nous aidons.
Le fquelette doit être bien connu de 1’’écuyer ,
8c plutôt par l’étude de la nature que par les livres
qui fouvent développent mal des idées que l’inf-
pe&ion des objets rend três-fenfibles.
Pofition du Tronc. ( Fig. 8 ).
L’épine du dos > dans fon attitude naturelle, ne ,
p o s
peut être tellement placée, que chaque vertèbre
ait pour bafe toute la furface de la vertèbre qui lu;
eft unie inférieurement. Comme le total forme une
double S , il eft impoffible que la ligne de gravité
cette verticale dont nous avons parlé, paffe par les
mêmes points de chaque vertèbre, & même toutes
ne feront pas touchées par cette ligne. Cependant
on doit chercher à en approcher les vertèbres lombaires
le plus qu’il eft poffible. L ’extrémité inférieure
de cette ligne doit aboutir au coccix ; fon
extrémité fuperieure doit toucher au nez de l’homme.
Si on applique une ligne oblique à l’occiput, &
qu’on l’amène jufqu’au coccix , on aura la direction
de la puiffance. Le poids de la tête eft contrebalancé
par celui des inteftins & du ventre.
La bafé la plus large, eft celle qui rend le plus
fixe & le plus ftable le corps qui s’appuie deffus.
Trois os dans le fquelette, le coccix &. les deux
tubérofités de l’ifchium , font les points d’appui du
corps humain. La néceffité de diriger obliquement
la puiffance du corps, nous détermine à pefer un
peu plus fur le coccix ; mais1 il fe trouve un obfta-
c le , que l’art & l ’habitude doivent furmonter : ces
trois points d’appui ne font pas dans le même plan ;
le coccix eft plus haut, & pour certains/ujets il
feroit très-difficile d’appuyer deffus. Cependant la
nature nous offre un moyen sûr de remédier «1 cet
inconvénient, & à celui de pofer fur-une partie fi
délicate : les mufcles feffiers doivent lui fervir de
couffin. La vraie place de ces mufcles eft dans l’intervalle
vuide qui fe trouveroit entre la Telle & le
coccix, fi on pofoit fur les tubérofités ; & comme
ces parties pourroient varier par le mouvement
mufculaire, on eft obligé, pour les affurer, de
faire enforte que l’appui porte un peu plus fur les
feffes que fur les tubérofités. Cela même foulage
les parties inférieures du bas ventre, fi efièntielles
à ménager. D ’ailleurs , comme la réa&ion des hanches
pourroit porter le poids vers les oreilles du
cheval, cette difpofition favorife le maintien du
corps dans l’attitude la plus propre à conftruire les
forces qui doivent agir fur le cheval; Par cet expédient
auffi l’épine du dos n’aura qu’une obliquité
convenable. La réfultante de ces trois points d’appui
, fera donc elle-même oblique, & le corps humain
fera renfermé dans un parallélogramme dont
la diagonale fera la verticale du centre de gravité
du corps humain. ( V. fig. 9 ).
Pofition de la Tête & des Epaules.
La tête ne devroit pas avoir d’autre pofition que
d’être bien droite fur les deux épaules , portant bien
également fur l’atlas, enforte qu’elle fût en état,en
fe redreffant & en s’enlevant un peu , d’augmenter
la puiffance du levier formé par la colonne vertébrale.
Ceux qui exécutent bien fe permettent quelque
négligence là deffus. Mais il me femble qu’il
vaut mieux obferver la grande règle fans affeftai
tion.
Les épaules font fufpendues derrière la poitrine
p o s
uniquement par des mufcles, enforte que leur pofition
naturelle eft d’être baffes 8c bien égales. Leur
poids ne contribue pas peu à déterminer l’obliquité
du haut du corps, 8c à maintenir les feffes
dans leur véritable pofition, Leur inclinafion même
donne à la ceinture la facilité de fe pouffer en
avant,
Pofition des Cuiffes.
La cuiffe de l’homme eft compofée d’un feul os
nommé fémur, fufpendu à la cavité cotiloïde par
un ligament court 8c fort, appelle ligament rond,
&,par fes capfules. Cet os donne attache à un nombre
confidérable de mufcles qui le font agir. Le propre
poids de l’os devroit le placer; mais cela ne
peut s’exécuter qu’après un temps confidérable de
pratiqué, lorfque les aChons convenables à l’art ne
coûtent plus aucune peine. La groffeur 8c la forme
de plufieurs mufcles s’oppofent à ta pofition des i
cuiffes, ainfi que l’emploi fouvent mal ordonné de
ces mufcles.
Les deux fémurs font placés obliquement .l’un
vers l’autre, enforte qu’ils font plus écartés par en
haut que par en bas, 8c forment ainfi une efpèce
de trapèze. Ce font ces deux os qui embraftent le
cheval.
Si la nature feule dirigeoit la pofition dès cuiffes,
il arriveroit qu’elles tendroient à fe ferrer ou à s’ouvrir
exceffivement. Ces deux inconvénients font
également à éviter. Dans le premier cas l’extrémité
inférieure des cuiffes feroit feule unie au cheval, &
le mouvement qu’elle en recevroitla feroit remonter
8c déplaceroit fans xeffe la ceinture : il en ré-
fulteroit l’effet d’un corps rond & gliffant, preffé
obliquement par deux autres ; le cheval s’échappe-
roit, & les deux individus feroient défunis. Dans
le fécond cas , l’ouverture dans laquelle le cheval
doit fe placer , deviendroit trop grande : alors l’extrémité
inférieure des cuiffes né toucheroit que très-
peu; le cheval ne recevroit plus d’a&ion fuivie,
parce que le corps de l’homme feroit incertain, &
comme fur un pivot. Il faut donc , pour tirer parti'
de ces membres , augmenter l’efpace qui fe trouve
entre les genoux, en les tournant en dedans & en
ne forçant pas le mouvement d’adudion des cuiffes :
par-là , le grand trocanter reviendra un peu plus
en devant ; le cheval pourra fe loger aifément ; &
fi on abandonne à leur propre poids les cuiffes
ainfi tournées , on les aura furement à la pofition
la plus convenable à l’art.
Quelquefois les deuxeuiffes n’ont pas la même
facilité à fe tourner; il faudra que le travail fup-
plée à ce que la nature refufe ; & on parviendra
enfin à appliquer fur la felle la partie de la cuiffe
.qui préfente le plus de mufcles : c’eft ce qu’on
appelle cuiffe tournée fur fon plat. L’habitude bien
dirigée procure une forte de dislocation , qui eft
nèceffaire, mais à laquelle on ne doit arriver que
lentement,
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Des Genoux , des Jambes & des Pieds.
Les genoux feront étendus, enforte que les mufcles
employés à l’articulation aient le moins d’action
poffible. Si on étoit fans ceffe obligé à les faire
agir, cela occafionneroit une variété d’opérations 8c
de forces qui brouilleroient le cheval, 8c rendroient
l ’exécution confufe. Le genou étant trop plié , ôte-
roit à W Ê m de l’homme la faculté de s’étendre le
plus loin poffible fur le corps du cheval, 8c de trouver
ainfi le plus grand nombre de points de con-
taCl, ce qui contrediroit un des premiers principes
de pofition. De plus , il feroit à craindre que
lacontraClion de ces mufcles ne donnât de la dureté
à la cuiffe, 8c ne la rendît plus fufceptible de réaction
: car devenant plus élaftique , elle feroit plus
portée à fe détacher du corps de l ’animal par le
mouvement. On eft au contraire obligé, par le relâchement
raifonnable des mufcles , de rompre
l’aClion du cheval : oppofez un corps mou à l’action
d’un corps dur, le mouvement de ce dernier
fe perdra pour lui.
La jambe doit fuivre la pofition que lui indique
la cuiffe , en tournant avec elle 8c en fe laiffant
tomber par fon propre poids. Si la cuiffe eft habituée
à conferver la meilleure pofition poffible , la
jambe le fera auffi ; car fes mufcles formant pref-
que toute la cuiffe, auront acquis le degré de con-
tra&ion néceffaire pour cela.
Les mufcles qui compofent la jambe , font mou-;
voir les pieds : ils doivent être fort relâchés, en-
forte que ceux-ci n’aient d’autre pofition que celle
que la nature leur donne, en obfervant cependant
qu’ils foient affurés & ne remuent pas fans ceffe.
Le travail bien dirigé donne une pofition fymétri-
que aux membres : fi on travaille fans étriers , la
pointe du pied baiffe un peu ; mais avec des étriers
le talon doit être un peu plus bas, 8c les doigts
poler fur les grilles.
Propriétés de la pofition des Cuiffes.
L’homme qui a acquis une pofition telle que
nous venons de la décrire , a fans doute de la tenue
, de la liaifon, de l’étendue , 8c de l’enveloppe
, car il tient fur l’animal autant qu’il le peut ; 8c
il y eft lié par le plus de points de contaCl poffi-
bles : fes membres font dans un beau déploiement
; 8c il femble qu’il eft maître de toutes les
parties de fon cheval. C ’eft-là l’objet qu’on fe pro-
pofe dans la pofition des cuiffes.
Lorfque l’homme aura tiré parti de fon corps &
de fa taillé, au point d’avoir acquis ces propriétés ,
fans doute il aura difpofé fes membres d’une manière
convenable pour exécuter ; & il fera bien
près d’opérer, & de pénétrer dans les fineffes de
cet art : mais c’eft le fruit d’un grand nombre
d’années.
Pofition du Bras £» de la Main ',
La main eft deftinée à faire agir les rênes, Et