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Pour (c relever, lorfqu’on eft ainfi couché fur le
dos , il faut fe ferrer le flanc du haut du bras , jet-
ter en dehors la dernière jointure du bras droit ,
tenir les jarabes éloignées l’une de l’autre à la dif-.
tance d’environ un pied, & tourner la plante des
pieds vers le fond de l’eau. De cette manière, vous
pourrez vous coucher, tantôt du côté droit, tantôt
du côté gauche, & par là vous préviendrez les inconvénients
qui pourroient réfulter de la violence
des courans , qui jettent quelquefois les nageurs
fur des bancs de fable ou fur des rochers.
Ne croyez pas d’ailleurs que toutes ces efpèces
d’évolutions foient inutiles. Indépendamment du
danger que je viens d’expofer, & dont elles peuvent
vous tirer, elles ferviront encore à vous en
faire éviter d’autres, dont les fuites ne font pas
moins funeftes. C ’eft en mettant cette leçon en
ufage que vous vous dégagerez des herbes, qui,
tendent fouvent des pièges mortels aux nageurs ;
c’eft par elle que vous vous éloignerez des v aif'
féaux, des rochers, des arbres & des corps flot-
tans , dont les mers abondent, & qui pourroient
vous faire périr. Enfin c’eft en contraébnt l’habitude
de vous remuer ainfi en tout fens, & de fub-
juguer l’élément impérieux dont vous avez fournis
les caprices à vos réflexions , que vous pourrez fe-
courir efficacement ceux qui feront en danger de fe
noyer.
Manière de nager, les yeux tournés vers le ciel.
Cette manière, toute difficile qu’elle paroifle,
eft pourtant analogue à la pofitien naturelle à l’hom.
me de fixer le ciel. Elle eft l’une des plus eflemtel-
les parties de l’art de nager ; & je puis dire que fi
l’on voit touts les jours tant de gens fe n eyec, c rit
qu’ils négligent ce précepte important , & qn.au
M'eu de jetter les yeux vers le ciel lorfqu ils font
dans l’eau, ils tournent la tête vers le fond, em-
braffent l’eau de toutes leurs forces , & fon t, pour
ainfi dire , tout ce qu’il? peuvent pour fe noyer. ■
ces gens-là avoient l’adreffe de fe mettre lur le
dos && de fe tenir le corps toujours étendu , ils fe
tireroient fort aifément du précipice ; ils n’iroient
pas même au fond , vôuluffent-ils y defeendre.
Cette obfervation falutaire, à laquelle les citoyens
de touts les ordres devroient faire la plus grande
attention, eft fondée fur l’expérience de touts les
fiècles & de touts les climats ; & j ofe affurer n a-
voir jamais vu de plongeurs qui pnffent parvenir
au fond de l’eau en fixant le ciel. Lorfqu ils veulent
y atteindre , il faut, comme je le dirai bientôt,
qu’ils élèvent les bras tout droits, & quils fe
refferrent la poitrine. Touts ces efforts n empêchent
pas même qu’ils n’y arrivent fort lentement,
& ce font toujours les pieds qui touchent le fol les
premiers.. Revenons à notre maniéré de nager tur
Lorfque vous ferez entre dans 1 eau, couchez-
vous doucement fur le dos. Elevez enfuite votre
poitrine fur la furfaçe de l ’eau, en tenant toujours
e N a g e r .
votre, corps étendu fur la même ligne. Vous ap-’
puyêrez vos mains fur le bas^ventre ; vous étendrez
& retirerez fucceffivement vos jambes , de
manière qu’elles ne foient pas éloignées de plus de
deux pieds de la furface de l’eau ; & en marchant
ainfi en. arrière , vous pourrez aller ou vous voudrez
fans vous fatiguer. Peut-être n’approuverez-
vous pas cette manière de nager, parce qu’elle
oblige à tenir toujours une grande partie de la tête
dans l’eau. Elle eft cependant 1 une des plus faciles
, des plus sûres & des moins fatigantes. De
cette manière, on boit beaucoup moins d’eau qu’eu
toute autre pofition, on brife plus aifément les
flots , & l’on a beaucoup moins à craindre la perfi-,
die des herbes. Je vous préviens d’ailleurs qu’elle
vous paroîtra d'abord fort difficile, & ce ne fera
pas fans peine que vous apprendrez à tenir ainfi
vos mains dans l’ina&ion ; mais , pour mieux vous
former, je vous confeille d’employer le fecours de
quelque habile nageur, ou de vous fervir. de vef-
fies , ou d’un faifeeau de joncs. Muni de ce fecours
couchez vous doucement & avec précaution. Que
la crainte fur-tout ne vous porte pas à baifler un
pied pour vous remettre à flot. Je l’ai déjà d it, &
je ne faurois trop le répéter , la crainte eft toujours
dangêreufe en pareil 'Cas. En vous tenant fur le dos
avec autant de fermeté que de courage , vous n©
devez pas appréhender d’enfoncer ; & ce mouvement
du pied , cet effort imprudent, loin de vous
foutenir, ne feroit que vous plonger dans le précipice.
N’élevez pas trop les genoux , & n’enfoncez
pas trop non plus le haut de la çuiffe ni les
côtés. Vous ferez d’autant plus en sûreté , que votre
corps s’éloignera plus de la ligne direâe.
Ne penfez pas d’ailleurs que les. mains foient
toujours inutiles pour nager fur le dos. Cette règle
n’eft pas fans exception. Je vous préviens même
que fans leur miniftère , vous ne pouvez nager
‘ avec une grande célérité. Si vous êtes preffé, employez
donc également les pieds 8tles mains. Cette
manière eft beaucoup plus propre qu’aucune autre
à rompre les vagues , par les moyens qu’elle fournit
au nageur de mettre à profit toutes fes forces.
Si faifi par la crainte, ou porté par tout autrejpno*
tif, vous jugez à propos de vous retourner fur le
• ventre , vous exécuterez cette évolution en nageant
& en formant une efpèce decercle;ou pour
mieux m’exprimer , tandis que l’une de vos jambes
fera en repos , vous embrafferez de l’autre les
eaux qui l’environnent. Ainfi, vous tournerez de
droite à gauche , ou.de gauche à droite , comme
vous le voudrez.
M a n iè r e de n a ge r en a v a n t é ta n t f a r le d o s .
J’ai dit qu’en nageant fur le dos ©n alloltà reculons.
On peut auffi dans cette pofture marcher
en ayant. Pour y réuffir, il faut fe„tenir le corps
droit & bien étendu, la poitrine enflée, de manière
que le dos puiffe former une cavité demi-
circulaire , & les mains attachées fu t le bas-Yentrç*
L ' a r t de
Il eft encore effentiel d’élever les jambes l’une
après l’autre , de les retirer fortement vers les jarrets
| & de les laiffer fufpendre dans l’eau. Cette
manière de nager n’a pas feulement le plaifir pour
objet ; elle peut encore fervir à vous dèlafler, & a
vous donner le temps de prendre de nouvelles forces
, fi vous vous trouviez en pleine mer , & fans
efpérance d’aborder fitôt.
Manière de faire le compas.
Il y a un moyen bien fitnple de fe retirer des
herbes, lorfqu'on s’y trouve enveloppé, c’èft de
faire le compas. On exécute cette nouvelle manière
, en imitant le mouvement que fait un compas
lorfqu’on le fait tourner fur fon-axe, c’eft-à-
dire , que l’on trace un cercle avec l’un des pieds ,
tandis que l’autre demeure immobile , ainfi que
la tête. Pour la remplir avec fuccès de droite à
gauche, lorfque vous êtes couché fur le d o s , enfoncez
un peu davantage votre côté gauche ; élevez
fucceffivement vos jambes hors de l’eau, en
commençant par la gauche, & à chacun de ces
mouvements, avancez-les chacune d’environ un
pied du côté gauche, tandis que votre tête demeurera
immobile. Vous verrez l’écume imprimer fur
Peau les traces du cercle que vous aurez fait. N’élevez
pas trop vos pieds en l’air , vous culbuteriez
infailliblement , & votre tête enfonceroit dans
l’eau. D'ailleurs, cette manière de nager n’eft pas
inutile. Elle peut fervir à dégager nôtre tête de
ce qui pourroit l’incommoder oc retarder notre
marche.
Manière de fe tourner tout droit dans Veau.
Cette manière a l’avantage de nous donner la
facilité de voir autour de nous tout ce qui s’y
paffe, & elle eft par-là, d’autant plus importante ,
quelle offre les moyens de chercher.le lieu où
nous pouvons prendre terre, où pous devons a t-*
taquer nos ennemis s’ils nous y pourfuivent, ou
éviter leurs traits ; & même fi nous avons à les :
combattre dans l’eau , elle nous enfeigne à îe faire ;
avec avantage, & à nous tourner de tous côtés. !
On y parvient en tournant de droite à gauche ou
de gauche à droite , à fon gré ; fi c’eft vers la
droite , il faut embraffer l’eau avec le defToùs du. 1
pied droit, en faire autant du pied gauche , & fe
pencher adroitement le corps vers le premier côté.
Attirez enfuite & repouffez fucceffivement les
eaux avec les deux mains , & vous remplirez votre
opération avec fuccès ; d’ailleurs cette pofition
vous mettant à portée de faire ufaee de vos mains
avecprefque autant d’agilité que fi vous étiez fur
terre, vous ne devez rien négliger pour apprendre
à vous y tenir chaque fois quelle vous paroîtra
néceffaire.
Manière de nager les mains jointes.
. Cette manière eft l’une des plus anciennes & des
plus fimples. Elle offre auffi des grâces & un agré-
N a g e r . 43*
ment que les autres n’ont pas. Si vous voulez en
faire ufage, tenez toujours les mains jointes, les
pouces & les doigts tournés vers le c ie l, de manière
qu’ils parodient hors de l’eau , & approchez-
les & les éloignez fucceffivement de votre poitrine.
Cette manière pourra vous être mile en diverfes
circonftances, & fur-tout fi vous vous trouvez engagé
dans des herbes , dont plufieurs de nos mers
font jonchées. Vos mains vous ouvriront ainfi aifément
un paffage au travers des rofeaux , pourvu
que vous obferviez de le« tenir toujours jointes
l’une à l’autre.
M a n iè r e d e nage r f u r le cô té .
S i , lorfque vous nagez, foit fur le dos, foit fur
le ventre, vous voulez prendre le parti de nager
fur le côté, abaiffez la partie gauche de votre corps,
en élevant en même temps la droite. Vous vous
trouverez auflitôt fur le côté gauche. En nageant
dans cet état, remuez fouvent la main gauche, fans
l’écarter ni l’enfoncer. Contentez-vous de l’étendre
& de la retirer comme en droite ligne fur la fur-
face de l’eau. Indépendamment du plaifir que vous
goûtez à nager ainfi , vous avez encore la fatisfac?
tion de voir les deux bords de la rivière; & il eft
fouvent des conjonctures où cette refl'ource n’eft
pas d’une médiocre importance. Cette pofition
d’ailleurs offre un avantage qui lui eft particulier,
en permettant que l’un des côtés de votre corps fe
repofe , tandis que l’autre travaille.
M a n iè r e d e nager f u r i e v e n t r e , f a n s le f e c o u r s d e s
m a in s .
Pour nager ainfi , il faut tenir la poitrine avancée
, le cou droit fur l’eau , les deux mains fixées
derrière la tête ou fur le dos, tandis que les mouvements
des pieds vous foutiennent & vous font
avancer. Cette manière n’eft pas fans quelque utilité.
On pourroit y avoir recours dans le cas où
nous éprouverions une crampe , une attaque de
goutte , ou quelque autre indifpofition qui nous
priveroit de l’ufage d’un bras, ou fi nous étions
obligés de nager les mains derrière le dos. On pouf-
roit en faire autant & plus, facilement, en nageant
fur le dos ; mais cette dernière manière eft d’autant
plus incommode, qu’un nageur en cet état, ne
peut voir devant lu i, fans fe tourner à chaque inCf
tant.
M a n iè r e d e n a g e r , en te n a n t f o n p i e d d e la m a in .
Si vous voulez nager dans cette pofture , élevez
l’un de vos pieds, en le ployant fur votre feffe ;
; prenez-le enfuite de la main qui lui eft eppofée ,
tandis que la jambe & la main qui font reftés libres
, font leur devoir. Cette difpofition , dont l’objet
eft le même que celui de la dernière, peut nous
être utile s’il nous furvenoit une goutte ou une
crampe, ou fi l’une de nos jambes venoit à fe trouver
prife dans quelques herbes. On peut changer
de pied au befoia. 11 ne s’agit pour y parvenir, que