
C H E
nous prouve qu’un canon trop long annonce de la
foibleffe Si préfente un appui chancelant ; s’il eft
court au contraire, il fera ferme & foutiendra bien
le poids du corps. Le canon mince eft léger , mais
fi l’os n’eft pas très-compaéf & bien formé, il eft
foible & fragile. Si cet os eft gros , il eft lourd. La
bonté des jambes vient de leur pofition & de l’état
d’équilibre, plus que der toute autre chofe. Car à l’af-
peÔ , elles font bien minces en comparaifon de
toute la mâflé. Ainfi la nature rious indique que
nous ne drefferons le cheval que par l’équilibre. Le
danon doit être uni fans aucun fur-os.
Le tendon fort défigne une quantité de fibres
mufcnlaires, & par conféquent de grandes forces
motrices : bien détaché, il augmente la force des
mufcles par leur éloignement du centre du mouvement.
Un tendon mince & collé à l ’o s , eft une
preuve de foibleffe. Le tendon contribue à la beauté
de la jambe s’il eft bien égal & s’il n’eft pas failli
au-defibus du genou : il fera net & fans groffeurs
quelconques ; elles lui feroient étrangères & bor-
neroient fon jeu.
Du Boulet.
L’articulation du boulet eft foible par elle-même
& par la fituation des os qui la forment ; car tout
l ’effort de la jambe fe fait fur le tendon, les os
étant placés obliquement les uns fur les autres. Le
travail continuel de cette partie la rend très-fuf-
eeptible de fatigue. Dans l’extenfion & la flexion ,
le boulet eft toujours en mouvement. On defire
qu’il foit fec , que tous les tendons en foient forts
& bien apparents , que la tête du canon ne foit pas
mince-, & qu’il foit difpofé de manière à donner
un appui naturel a 1 os du canon.
Des boulets fatigués fe reconnoiffent à bien des
marques, & les caufes en font multipliées. La plus
commune eft une forte extenfion dans les ligaments,
& un épanchement de la fmovie qui produit
des tares que l’on ne négligera pas dans les commencements
, fi l’on veut éviter la claudication du
cheval,
Un boulet foible peut fervir fi le refte de la jambe
eft ben ; mais il eft toujours plus prudent de s’attacher
à des chevaux dont les articulations foient dans
f état de la belle nature.
Du Paturon.
Le paturon eft gros ou menu, court ou long.
Son volume doit être proportionné à la jambe : trop
gros, il eft plus folide , mais il eft très-lourd ; trop
mince & trop long, il eft fi flexible qu’il femblç
perdre toute folidité : le jufte milieu eft affez rare.
Plus, il eft long , plus la réa&ion de l’animal fur
l’homme perd de fa dureté.
De la Couronne,
Elle doit accompagner la rondeur du pied fans
le déborder. Trop elevée , elle dénoteroit quelque
vice particulier à e lle , ou la féchereffe du fa bot.
Du Pied,
Le pied eft la bafe du corps : c’eft fon appui fut I
le terrein. 11 eft plus important qu’on ne penfede I
bien le connoître , de fçavoir l’entretenir dans fon I
état de bonté, Si de lui approprier un fer qui le I
conferve, en augmentant la beauté de fa forme. Ou I
bon ou du mauvais état du pied réfulte fouvent I
tout l’ufage du c/uval. Nous allons rendre compte I
de l’état dans lequel il doit être pour donner à
l’animal une allure sûre Si ferme.
La nature n’a rien fait d’inutile dans la forma« I
tion des corps organlfés : il n’y auroit donc aucune I
fuperfluité dans le pied , fi nous nous foumettjons I
aux loix de la nature. Mais en admettant le cheval I
dans notre fociété, il a fallu remédier aux vices I
qu’occafienne le commerce. Le pavé de nos villes I
auroit bientôt ufé la corne fi nous ne la revêtions I
de fer. Mais ce fer ne doit pas s’appliquer arbitrai-1
rement : la conftru&ion du pied preferit des règles I
au maréchal qui ordonne fa ferrure. Touts les li-1
vres parlent de la ferrure ; touts traitent des maux!
du pied & des remèdes convenables : aucun, fans
comparaifon quelconque ? n’a mieux connu le pied I
& fon vrai traitement, que M. de la Foffe. Nous!
lui devons une méthode de ferrer que tout homme I
de cheval adoptera s’il la connoît. Elle prévient!
bien des maux, & garantit d’un plus grand nom-1
bre.
Le pied eft enveloppé par le fabot ; le fabot eft I
d’une fubftance pareille à celle de nos ongles & à la I
corne du boeuf. Les parties qu’elles contient, font!
la chair cannelée, des ©s, des tendons, Si des vaif-l
féaux qui ne font point à l’aife dans un fabot trop I
petit & trop plat. Le pied doit donc être extérieu« I
rement haut Si petit ; car s’il eft trop gros, il fait I
un volume trop lourd, il embarraffe la démarche!
du cheval & fatigue la jambe. Les parties contenues!
ne doivent pas être comprimées ; leurs fondions fe!
rertipliroient mal, & il s’enfuivroit de la douleur. I
Le fabot fe divife en pince & en deux quartiers.!
Ces trois parties s’arrondiront également, afin que!
rien dans le pied ne foit comprimé. La corne fera I
épaiffe pour foutenir le choc des corps étrangers,!
& amortir leur aéïion. Elle fera douce & liante,!
afin qu’elle n’éclate pas dans les heurts, & que les!
parties internes ne foient pas expofées aFair pat«
quelque fente.
Les talons font la partie poftérieure du pied ; ils!
pofent fur la fourchette & s'unifient aux quartiers I
par les arcs-boutants. Leur eompofition eft à-peu-1
près la même que celle du fabot ; ils font plus mous I
Si d’un tiffu moins ferré. S’ils font durs & trop rap* I
prochés, ils compriment les tendons qui pofent fut I
la fourchette , & arrêtent leur jeu : s’ils font biea I
ouverts , relevés & gros, ils les mettent à l’aife.Ces I
talons font appuyés fur la fourchette , coinmç tout I
le refte du pied eft borné par la foie. La fourchette I
eft fpongieufe, épaiffe, un peu humide, & impè*1
iiétrable I
nérable lorfqu’elle n’eft pas aminçie par le boutoir.
La foie de corne a les mêmes propriétés. ■ ■ ,
La mauvaife coutume de parer le pied détruit
touts ces avantages naturels ; Si il en refaite que le
pied étant creufé, le poids^du corps eft foutenupar
les quartiers , &. tend toujours a enfoncer le léger
obftacle qui fépare la terre, des parties contenues
du pied. Les o s , & fur-tout les tendons, font fuf-
pendus fans appui, & font approcher les quartiers
qui, à leur tour , gênent les tendons & les vaif-
feaux. Si on évitoit au contraire de toucher au dedans
du pied, toutes les parties internes poferoient
à terre, & ne feroient pas fans ceffe tiraillées : la
.fourchette étant affez molle, réfifteroit a la reaélion,
& préferveroit les tendons de toute répereuflion ;
l’animal feroit ferme & fe foutiendroit par-tout.
LC’eft le voeu de la nature : pourquoi la priver des
Lfecours qu’elle s’eft appropriés ? Loin de les confer-
[ ver, nous chargeons encore les pieds des chevaux
[de fers lourds, gliffants, & prefque toujours fi
‘peu conformes au contour du pied, que nous le
[forçons de fe placer dans une attitude qui le contraint.
J’exhorte à lire , à étudier, & à bien mettre
en pratique, les confeils que donne à ce fujet M.
de la Foffe. Il n’eft pas de mon objet d’entrer dans
plus de détails fur le pied : c’eft dans le livre de
cet homme favant, que l’on doit aller s’inftruire.
Nous nous contenterons de dire que pour le
choix dés pieds II eft important qu’ils foient bien
faits , réguliers & petits. Jamais un grand pied n’a
affermi la marche de l’animal : tout étant en équilibre,
des épingles, bien difpofées, le foutien-
droient.
Réflexions fur les Jambes,
j Les Jambes du cheval font tantôt des appuis qui
; ioutiennent & qui étayent toute la maffe ; tantôt
fielles font un poids à tranfporter. Dans le premier
| cas , il faudroit que l’appui fût confidérable ; dans
le fécond, que le poids fût léger. C ’eft à l’écuyer à
[chercher une proportion qui participe de ces deux
propriétés. 11 s’attachera à trouver des jambes dont
fies mufcles foient affez forts pour les o s , & des os
[ durs, compares & bien conformés. La groffeur des
[jambes eft nn défaut, loin d’être un mérite; & leur
[fineffe eft fouvent une caufe de foibleffe.
Du Dos & des Reins,
I. Le dos & les reins doivent être aufli hauts vers
Lie garot que vers la croupe, droits & fans aucune
Pinflexion fenfible : car une verge droite à plus de
F. force qu’une verge pliée Si courbée. Comme cette
partie du levier réunit les deux extrémités du che-
\ v a l, elle a befoin d’une grande force , & fa force
f confifte ijans la groffeur & l'union de toutes les
parties qui la compofent. La force des ligaments &
leur peu dtp longueur, ainfi que l’épaiffeur des mufcles
, augmentât la .vigueur des reins. La flexibi-
: fité dp# s’accorder avec la force; & il eft affez
rare de trouver ces deux qualités réunies. On de*
Equitation, EJcrime & Danfe,
mande que les reins foient larges, bierî arrondis,
très-bien faits , & très-bien proportionnés.
Des reins longs rendent cette partie du levier trop
flexible ; Si comme elle eft fujette à une réaélion
continuelle, fon jeu fe ralentit aifément fi elle eft
longue. 11 eft vrai que le mouvement eft plus doux
pour le cavalier, parce que plus il y a de parties
à déplacer, moins il lui refte d’a&ion & de fe-
couffes à effuyer. D’ailleurs les reins lengs rendent
l’allure du cheval moins hardie Si moins ferme. Lo
cheval court de reins eft plus dur, plus vif, plus
fort, Si d’un plus long ufage. La bonté des reins
fait prefque toujours le bon cheval ; & pour les
connoître il faut le monter. Souvent la belle conformation
eft démentie par les mauvaifes qualités.
Des Côtes,
Un cheval qui a la côte ronde, a ordinairement
un bon tempéramment. Les vifeères qui font
contenus dans des cavités fpacieufes , font pltrp
à leur aife, prennent un bon accroiffement, &
fourniffent par-là avec facilité aux fonâions vitales.
Celui au contraire dont les côtes font plates , doit
avoir les parties internes moins bien conftituées ;
il eft moins vigoureux, a moins d’haleine, Si nage
plus difficilement. Il réfulte d’ailleurs, de ces deux
conformations, des effets contraires pour l’homme
: la côte ronde préfente plus de difficultés pour
l’enfourchure ; le cheval plat s’y prête plus facilement.
Du Ventre.
Le ventre trop gros fait un grand poids dans
ranimai; de plus, il empêche que fes mufcles n’a-
giffent avec force, Si que fes jambes de derrière
ne fe portent fous le point central. Le ventre re-
trouffé dénote un mauvais tempérament, & des
inteftins peu confidérables : il s’enfuit que le cheval
prenant une petite quantité de nourriture, n’en
conferve que peu, & qu’il ne réfifte pas à de longues
fatigues. Dans ces fortes d’animaux, les mufcles
du bas-ventre font fouvent mineçs & petits ,
Si leurs fondions s’en reffentent. Le ventre bien
fait eft celui qui ne tombe point plus bas que le
deffous des côtes , Si qui ne faille pas plus qu’elles
Tur les côtes.
Le flanc bien arrondi, fans creux, & uni y eft
très-rare. Bien peu de chevaux font 4 ans cet état.
Il dénote une bonne difpofition entre la graille Sc
la maigreur. Ces chevaux font ordinairement d’un
bon entretien.
De la Çroupe.
La croupe s’étend depuis les reins jufqu’au haut
de la queue ; elle eft principalement formée par les
os des iles. La largeur ou la diftance de la partie la
plus fupérieure de ces os , indique pour l’ordinaire
de la vigueur. Un cheval dont la croupe eft étroite ,
a peu de folidité, tant parce que les vifeères font
mal logés, que par la ténuité des mufcles. La croupe
avalée des chevaux d’Efpagne ne nuit pas à leur