
cheval ne reçoit aucun préjudice de ces vices, aux*
quels il n’y a d’ailleurs point de remède.
JBOULETÉ. Cheval dont le boulet eft hors de
fa fituation naturelle , & s’eft jette trop en avant.
Un cheval devient bouleté par excès de travail, ou
lorfqu’il eft court jointé.
BOULEUX fe dit d’un cheval de médiocre
taille, qui n’a ni nobleffe, ni grâce, ni légèreté dans
l ’allure , & qui eft étoffé.
BOUT. On dit qu’un cheval n’a point de bout,
lorfqu’il recommence fou vent des exercices violents
& de longueur fans en être fatigué , & avec
la même vigueur. Un cheval à bout eft un cheval
outré de fatigue.
BOUTÉ. Un cheval bouté eft un cheval qui a
les jainbes droites depuis le genou jufqu’à la couronne
: ce qui arrive fouvent aux chevaux,court
jointes. Cheval long jointé, eft le contraire de
bouté.
BOUTOIR. Nom qu’on donne à un inftrument
d’acier tranchant, avec lequel on pare le pied du
eheval ; ainfi parer, c’eft couper la corne avec le
boutoir.Cct inftrument eft large de quatre doigts,
& recourbé vers le manche.
BOUTON de la bride. Mettre un cheval fous le
bouton, c’eft raccourcir & tendre les rênes par le
moyen dù boutoh de la bride ; qu’on fait defcendre
jufque fur le crin. On fe fert quelquefois de cette
manière quand on dreffe les chevaux d’arquebufe
pour les arrêter plus facilement & plus vite.
BOYAU . Un cheval qui a beaucoup de boyau ,
c’eft lorfqu’il a beaucoup de flanc, beaucoup de
corps, qu’il a les côtes longues , & qu’elles ne font
jii plates , ni ferrées. Cheval étroit de boyau, eft
celui qui n’a point de corps, qui a les côtes reffer-
rèes ou courtes , & le flanc retrouffé, ce qui lui
rend le corps efflanqué comme celui d’un lévrier.
C ’eft ce qu’on appelle un cheval eflrac, qui eft
ordinairement délicat & peu propre au travail, à
moins qu’il ne foit grand mangeur. On rebute fur-
tout les chevaux de carroffe qui n’ont point de
corps , qui font étroits de boyau , 6c qui femblent
avoir la peau des flancs coufue fur les côtes. Un
chaffeur ne méprife pas un cheval étroit de boyau.
Il le préférera même à un autre qui aura plus de
flanc, pourvu qu’il foit de grande haleine, de
beaucoup de reffource , léger & grand mangeur.
On donne le verd , pour faire reprendre du boyau
aux chevaux qui l’ont perdu. Le mot de flanc eft
auffi en ufage»
BRACAICOURT. Voyeç Brassicourt.
BRAILLEUR. Cheval qui hennit très-fouvent ;
c’eft un défaut bien incommode , fur-tout à la
guerre.
BRAS. Pans le cheval c’eft la partie de la jambe
de devant qui s’étend depuis le bas de l’épaule juff
qu’au genou. On dit qu’un cheval plie bien le bras,
pour dire qu’il plie bien la jambe, quoique le bras
même ne plie point. Un cheval qui plie bien les
bîas, & lève le devant avec liberté, o’aplus befoin
C A B
d'être mis entre deux piliers, pour lui rendre le
devant léger,
BRASSICOURT, ou Br a ch ïcou r t , cheval
qui a naturellement les jambes courbées en arc , à
la différence des chevaux arqués , qui les ont
courbées.
BRINGUE. Une bringue fignifie un petit cheval
d’une vilaine figure & qui n’eft point étoffé.
BRISECOU. On appelle ainfi un jeune homme
hardi & de bonne volonté , à qui ©n fait monter
les poulains & les jeunes chevaux, pour commencer
à les accoutumer à fouffrir l’homme.
BROCHER. Terme dont on fe fervoit autrefois
pour dire piquer un cheval avec les éperons , afin
de le faire courir plus vite.
BRONCHADE. Faux pas d’un cheval.
BRONCHER. Mettre le pied à faux. Il fe dit
proprement des chevaux auxquels les jambes ,mol-
liffent. Ce défaut leur vient d’avoir les reins &
l’echine foibles, & les jambes ufées. Ceux qui di-
fent choper pour broncher, parlent mal.
BROUILLER, c’eft mettre un cheval hors d’état
de bien manier par la faute de celui qui le monte.
Cheval brouillé, ou qui fe brouille, c’eft-à-dire , qui
étant recherché pour quelque manège, fe précipite
, fe traverfe", fe défunit par inquiétude ou pour
avoir les aides trop fines. Un cheval qui a les aides
fines , te brouille aifément ; on l’empêche de manier
, pour peu qu’on ferre trop les cuiffes on
qu’onlaiffe échaper les jambes.
C.
CABR ER , fe cabrer. Cela fe dit des chevaux qui
fe lèvent & fe dreffent fur les pieds de derrière en
état de fe renverfer, quand on leur tire trop la
bride , ou quand ils font vicieux ou fougueux,
Lorfque le cheval fe cabre plufiëurs fois de fuite ,
& fe jette fi haut fur les jambes de derrière qu’il
eft en péril de fe renverfer , on appelle ce détordre,
faire des ponts-levis. Il faut que le cheval ait
beaucoup de force, & lui rendre la main à propos ;
autrement ces ponts-levis font très-dangereux. Le
moyen de rendre obéiffant un poulain fujet à fe
cabrer fouvent & à défobéir, eft de prendre le
temps que fes pieds de devant retombent à terre ,
& lui appuyer alors vertement des deux.
CABRIOLE. Petit faut v i f , par lequel le cheval
lève le devant, &enfuite-le derrière , imitant le
faut des chèvres. Voye? A irs.
C ’eft un faut que fait le cheval fans s’élancer ou
aller en avant, enforte qu’étant en l’air, il montre
^es fers & détache des ruades : ce qu’on appelle
Réparer où nouer l'aiguillette. On la nomme autrement
faut de ferme à ferme. La cabriole eft un manège
par haut & le plus difficile de tous les airs
relevés. On dit qu’un cheval fe préfente de lui-
même à cabrioles , qu’il fe met de lui - même à
cabrioles, lorfqu’il fait des fauts égaux & dans ta
main, c’eft-à-dire fans forcer la main & fans pefer
fur la bride. Il y a plufiëurs fortes de cabrioles. Cabriole
droite , cabriole en arrière , cabriole de côté ,
cabriole battue ou frifée , cabriole ouverte. Quand
le cheval n’épare qu’à demi, fans détacher' des
ruades & nouer l’aiguillette, on donne à la cabriole
le nom de ballotade. On lui donne celui de crou-
pade, quand au lieu d’étendre les jambes en arrière
, il les trouffe fous lu i, comme s’il les vouloit
retirer dans le ventre , & retombe prefque les
quatre pieds enfemble, fans avoir montré les fers.
Pour apprendre à un cheval à bien manier à cabrioles
, il le faut mettre entre deux pilliers , & lui
' faire lever premièrement le devant , en fuite le
derrière, lorfque le devant eft encore en l’air.
Pour cela on fe fert des aides de la gaule 8c du
poinçon. Lorfqu’on veut faire faire des cabrioles au
cheval & lui faire^nouer l’aiguillette , on le fou-
tient de la main & des talons. Quelques-uns ont
dit faire la croix à cabrioles, comme on dit faire la
croix à courbettes, faire la croix à ballotades , ce
qui ne fe peut pas. Les chevaux qui feroient la
croix à cabrioles, fembleroient tenir du ramingue &
du rétif, & ne travailleroient pas félon la jufteffe
du manège ; outre qu’un ^cheval, quelque vigoureux
qu’il foit, ne peut faire d’une haleine toute la
croix à cabrioles.
CADENCE. Mefure & proportion égale que le
cheval doit garder en touts fes mouvements, foit
qu’il manie au galop , ou terre-à-terre, ou dans
les airs , enforte qu’aucun de fes temps n’embraffe
pas plus de terrein que l’autre j qu’il y ait de la jufteffe
dans tous fes-mouvements, qu’ils fe foutien-
nent touts avec la même égalité. Ainfi on dit qu’un
cheval manie toujours de la même cadence, qu’il
fuit fa cadence, ne change point fa cadence, pour
dire qu’il obferve régulièrement fon terrein , &
qu’il demeure également entre les deux talons. Lorf-
qu’un cheval a la bouche fine, les épaules & les
hanches libres , il n’a aucune peine d’entretenir fa
cadence. Cheval qui prend une belle cadence fur les
airs , fans fe démentir, fans fe brouiller , qui manie
également aux deux m,ains.
CALADE. Pente d’une éminence, d’un terrein
élevé, par où on fait defcendre plufiëurs fois un 1
cheval au petit galop, le devant en l’a ir, pour lui
apprendre à plier les hanches ou à former fon arrêt
, avec les aides du gras des jambes , du foutien
de la bride & du caveçon employés à propos. On
l’appelle auffi baffe. On dit exercer le cheval dans
une calade', le conduire droit ; fe fervir avantageu-
fement de la calade: Les calades rebutent un cheval
, & peuvent lui ruiner les jarrets, fi la pente eft
trop roide ; & fi avec la calade , on n’accorde pas
les aides de la bride 8c du gras des jambes.
C AR A CO LE , ou C a r a co l . Mouvement que
JSe cavalier fait en demi-rond ou demi-tour, à gau-
the ou à droite, en changeant de main fans obfer-
yer de terrein réglé.
CARRIERE, Ç ’eft le terrein , l’étendue d’un
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champ où on peut pouffer un chçval jufqu’à ce que
l’haleinelui manque. C e mot fignifie aufli un lieu
fermé de barrières où on entre pour cçurir la bague
, ou pour faire quelque courfe de chevaux. Il
marque auffi la courfe du cheval, pourvu qu’elle
n’aille point au-delà de deux cents pas; ainfi on dit :
il a fourni fa carrière, il a bronché au milieu de la
carrière, en entrant dans la carrière. Ce cheval a
une carrière , c’eft à-dire , il galope fort vite, & a
des temps courts 8c vîtes.
CAV E SSO N, ou C a v e çon . Efpèce de bride
ou de muferole qu’on met lur le nez du cheval ÿ
qui le ferre & le contraint, 8c fert à le dompter, à
I affouplir & à le dreffer. Les cavejfons de cuir ou
de corde fervent à mettre les chevaux entre deux
piliers, & quand on dit que le cheval donne dans
les cordes, on entend les cordes ou les longes de
ces fortes de cavejfons. Il y a auffi des cavejfons de
fer faits en demi-cercle de deux à trois pièces af-
femblées par des charnières qui fervent à dreffer
les jeunes chevaux. Ils confervent& épargnent la
bouche des jeunes chevaux , les accoutumant a
obéir à la main , à plier le cou &les épaules, fans
les mettre en ^danger de leur bleffer la bouche &
de leur ruiner les barres avec le mors. j l l ,y en a
de tors & de plats, ceux-ci portent également fur
le nez & font les meilleurs. Le cavejfon à figuette ou
mordant eft creux par le milieu ,& dentelé comme
une feie par les deux bords de fa concavité, pour
piquer le nez d’un cheval malicieux & dur de tête
ou de col. Les cavejfons camards font hors d’u-
fage , & absolument bannis des académies. Us
éroient garnis de petites pointes très-aigues qui
tourmentoient extrêmement le cheval.
CHANGER un cheval, ou changer de rnain , c’eft1
tourner & porter la tête d’un cheval d’une main à
l’autre , de droite à gauche , ou de gauche à droite.
II ne faut jamais changer un cheval, qu’on ne le;
chaffe en avant, en faifant le changement de main ;
& après qu’on l’a changé , on le pouffe droit pour
former un arrêt. Pour laiffer échapper un cheval
de la main , il faut tourner en bas les ongles du
point de la bride ; pour le changer à droite, il faut
les tourner en haut, portant la main à droite. Pour
le changer à gauche, il faut les tourner en bas &
à gauche; & pour arrêter le cheval, il faut tourner
les ongles en haut & lever la main. Quand on apprend
à un cheval à changer de main , que ce foie
d’abord au pas, & puis au trot & au galop.
CHARGÉ £épaulés, de ganache, de chair, fe
dit d’un cheval dont les épaules & la ganache font
trop groffes & épaiffes, & de celui qui eft trop gras.
CHARGER. Se charger d’épaules , de ganache
de chair, fe dit d’un cheval auquel les épaules & la
ganache deviennent trop groffes , & de celui qui
engraiffe trop.
CHASSER un cheval en avant, .ou le porter en
avant, c’eft l’aider du gras des jambes, ou le pincer
, pour le faire avancer.
CHATIMENT, Ce font les coups de gaule ou