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Les partifans du principe dont je veux démontrer
les inconvénients , me diront que ce que j’avance
eft faux, qu’ils mettent le corps en arrière
fans que les genoux lèvent ; cela peut être, dirai- ,
j e , mais il faut, pour que vos genoux ne lèvent
pas, que vous fouteniez votre corps , qui tombe
en arrière , par beaucoup de force dans les reins
( fi g. 10 ). Sans cela il fait l’effet d’une puiffance A
appliquée à un levier, dont le point d’appui D eft
fur les feffes.
Il eft encore un moyen d’empêcher les genoux
de lever lorfqu’on eft renverfé , c’eft de les ferrer
avec beaucoup de force ; je n’ai qu'une feule qu.ef-
tionà faire aux partifans de tels principes ; je leur
-demanderai s’il eft poffible de refter long-temps
à cheval avec beaucoup de force , foit dans les
reins, foit dans les genoux , fans être extraordinairement
fatigué.
Je réfute également ces moyens pour en propo-
fer un plus (impie, dont je ferai voir la fuffifance
au chapitre de la tenue , & dans la démonftration
méchanique qui le fuivra.
C e moyen confifte dans une jufteffe de pofition
& un accord d’équilibre q u i, fans avoir les inconvénients
des autres méthodes, laiffe le cavalier
parfaitement à fon aife.
. Récapitulons d’abord la pofirion exafte des parties
qui compofent la partie immobile, fçavoir,
des feffes , des hanches , des cuiffes & genoux.
Nous avons dit que les feffes dévoient être bien
au milieu de la felle, & féparées par le milieu du
liège, les deux os formant le principal point d’appui
; les mufcies qui les garnifient étant lâchés ,
formeront une bafe d’autant plus large qu’ils s’ap-
platiront davantage. Les deux cuiffes enveloppe-
rçnt & embrafferont le cheval avec égalité; elles
faciliteront d’autant plus la tenue , qu’elles embrafferont
davantage , & elles embrafferont d’autant
plus qu’elles s’approcheront de la perpendiculaire
à l’horifon.
Il eft impoftible de fixer le degré jufte d’inclinai-
fo n , ou de déterminer l’angle que doit former la
ligne de la cuiffe avec la verticale du corps , la
tenfion de la cuiffe dépendant de fa conformation ,
de fon poids , & particulièrement de la liberté du
fémur dans la cavitéxotiloide ; il vaut donc mieux
laiffer les commençants 'les genoux tin peu trop
en avant, que de les obliger à employer des
moyens de force & de contrainte pour jetter leurs
cuiffes en arrière , ce qui leur feroit néceffaire-
ment lever les feffes , & diminueroit l’appui que
le corps doit prendre deffus ; mais quelle que foit
la facilité qu’ait ou qu’acquière l ’homme , il ne doit
jamais avoir la prétention d’arriver à la perpendiculaire
parce qu’il lui feroit impoftible dans cette
attitude d’être aflis ;le véritable principe à donner,
eft de laiffer prendre à la cuifîe la tenfîon que fa
propre pefanteur lui donnera , en relâchant tours
les ligaments.
Les feffes pofent bien fur la felle , les cuiffes
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étant bien lâchées poferont naturellement fur leur
partie latérale interne, à moins que beaucoup de
roideur dans l'attache du fémur ne s’y oppofe , auquel
cas il faut attendre que l’exercice dénoue 6c
donne du jeu à ces parties, fans exiger des efforts
de la part des commençants, en leur donnant le
principe mal énoncé de tourneç vos cuiffes en dedans
car elles ne doivent être ni en dedans ni en dehors.
11 réfulte des efforts que l’élève fait pour les
tourner , qu’il roidit les mufcies, qui fe gonflent 8c
empêchent la pointe des genoux de pofer , ce qui
ne peut arriver que . lorfque le haut des cuiffes ,
beaucoup plus gros que le bas , s’applatira.
Les deux hanches fe trouveront établies perpendiculairement,
& ne peuvent varier fans faire varier
la partie immobile.
Toutes ces parties , pofées fur la felle de la manière
la plus conforme à la nature, la plus commode
8c -la moins fatiguante pour l’homme , feront
contenues dans cette pofition par le concours des
deux parties mobiles. Il eft clair que le côrps, placé
d’aplomb fur les feffes, agira fur elles avec tout
l ’effort de fa pefanteur, les chargera le plus polîi-
b le, 8c par conféquent les rendra plus difficiles à
lever , car plus elles feront chargées , plus elles s’é-
craferont èc tiendront dans la (elle.
Les jambes abandonnées à leur pefanteur feront
deux poids égaux, quLtirant fur les cuiffes , les
feront d’autant plus pofer , 8c les affermiront davantage
fur la felle ; il s’enfuit donc que-plus elles
feront lâchées , plus elles tireront, & plus elles tireront,
plus elles coopéreront à la folidité de la
partie immobile.
C ’eft ainfi que par le moyen des deux parties
mobiles, j’affermis l’immobile.
» De TaJJiette.
Ne confondons point, comme l’ont fait pîu-
fieurs auteurs , l’affiette avec la-partie immobile ;
c’eft prendre la partie pour le tout. L’affiette n’eft
que les points de cetté même partie immobile ,
c’eft-à-dire, des feffes &. des cuiffes qui pofem fur
la felle.
On ne peut donc pas augmenter fa partie immobile,
mais on peut augmenter fon affiette , en
multipliant le nombre des points des feffes & des
cuiffes qui pôfent fur la felle, 8c qui font véritablement
la bafe des deux parties mobiles. Comment
, dira-t-on , les points des cuiffes qui pofent
fur la felle, peuvent-ils fervir de bafe aux parties
immobiles , puifque le corps doit porter entièrement
fur les feffes ?
Mais fi on fait attention que les jambes étant
bien lâchées tirent fur les cuiffes avec l’effort de
leur pefanteur, on s’appercevra bien que ce poids
des jambes tend à faire pofer les cuiffes fur la felle
avec beaucoup plus de force, & que par confé-
quent les points des cuiffes qui pofent iur la felle ,
le trouvent chargés du poids des jambes ; ai ri fi il
eft bien vrai de dire que les points des cuiffes ôc
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des feffes qui pofent fur la felle fervent de bafe à
la machine , 8c forment par conféquent ce qu’on
nomme affiette.
Plus un corps a de bafe, plus il a de folidité,
d’où je conclus que nous pouvons dire , que plus
un homme a d’affiette, plus il a de fermeté. Ceci
confirme encore ce que j’ai dit dans l’article précédent
fur le lâche de la partie immobile ; car plus
les mufcies de cette partie immobile feront lâches ,
plus le poids de la machine les applatira, & plus il
les applatira , plus il en fera paffer de points fur la
felle. •
Du corps & de fa pofition.
Après avoir vu en général la pofition de l’homme,
nous allons reprendre chacune de fes parties
en particulier , c’eft-à-dire, chacune des parties qui
fervent à compofer les parties mobiles , car nous
nous fommes affez étendus fur l ’immobile.
J’appelle le corps, la partie de l’homme qui
forme le tronc, il prend depuis la tête jufqu’aux
hanches.
Nous avons vu dans l’article précédent, qu’en
le plaçant verticalement, il fervoit à affermir l’af-
fiette &. à la contenir dans la felle ; c’eft donc une
raifon pour l’avoir toujours d’aplomb & perpendiculaire
fur les feffes ; ( remarquez que c’eft la
verticale du corps qui doit'être perpendiculaire;
car le corps de l'homme ne peut -jamais être dans
une ligne droite ). D ’ailleurs cette pofture lui eft
naturelle. Tout corps , de quelque efpècé q-u’il
foit, auquel on veut donner de la fermeté, on le
met toujours d’aplomb fur fa bafe, car lorfqu’il
en fort, il faut des forces étrangères pour le Soutenir
& l’empêcher de tomber du côté de fon in-
clinaifon ( fig. 11 ). Si on met le corps C D perpendiculaire
fur une bafe horifontale A B , de forte
que C D forme avec A B deux angles droits, il eft
clair que' le corps C D fera en équilibre. Si au
contraire , fur la bafe A B horifontale, on élève
obliquement le corps O D , de forte que O D
forme avec A B deux angles inégaux , il eft évident
que le corps O D fuivra fon inclinaifon , &
tombera fur l’extrémité B de la bafe A B , à moins
qu’on n’y mette un foutien P Q , que je compare
à la force que le cavalier fera obligé de mettre
dans fes reins, fi fon corps eft dans la direâion
O D. .
Comme nous avons démontré, & que nous démontrerons
encore -que toute force à cheval ne
vaut rien, cela fuffit pour révoquer tout principe
qui place le corps autrement que perpendiculaire.
Il eft effentiel pour l’alignement d’une troupe d’avoir
une pofition de corps égaie & uniforme ; ceux
qui donnent le principe de mettre le haut du corps
en arrière, doivent donc déterminer l’angle qu’ils
veulent lui faire former avec la ligne horifontale ;
fans cela , il n’eft point de règle lure , car il y a
cent mille obliques 8c il n’y a qu’une perpendicu-
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Des prétendues aides du corps.
On peut voir , par ce que je viens de dire, que
je regarde comme mauvais toute aide 8c mouvement
de corps ; je ne crois pas avoir befoin de démontrer
davantage la fauffeté des principes qui les
ordonnent : mais je renvoie à la fécondé partie, au
chapitre des pas de côté , la démonftrationde l’inutilité
de ces prétendues aides, quand même elles ne
feroient pas mauvaifes.
De la Te te.
La tête doit être droite, mais fans gêne, ni affec*
tation ; c’eft un défaut commun à bien des gens,
de trop chercher à faire mettre la tête en arrière ;
pour lors, le cavalier contraire une roideur dans le
col dont il a peine aprèsfe à déshabituer; il a un air
gêné, 8c par conféquent mauvaife grâce; ori ne
fauroit trop lui recommander d’avoir de l’ai fan ce
dans toutes fes parties , fans laquelle nous démon-,
trerons qu’il ne peut exifter de jufteffe.
Des Bras.
Les bras font partie de la machine , ils doivent
par conféquent être'libres & aifés; leur pofition
différente peut concourir ou nuire à l’équilibre du
corps; faifanr l’effet d’un balancier, celui qui s’écartera
trop du corps le fera néceffairement pan-
cher de l’autre côté ; il ne faut {pas non plus les
ferrer, car toutes les fois qu’on a prétendu les
coller au corps , on" a été contre la nature; non-
feulement ils doivent être libres , aifés & lâches
comme dépendans d’un corps dont toutes les parties
doivent l’être, afin de former un équilibre
parfait, mais encore, comme ils ont des fondions ,
il faut qu’ils fôient à même de les exécuter avec ai-
fance ; toute aéiion ou fon&ion qui eft gênée ne
peut produire qu’un effet fans jufteffe, ni précifion ;
c’eft pourquoi je veux que les bras tombent naturellement
, 8c fe placent d’eux-mêmes.
Il eft des maîtres qui ont été juftju’à faire trotter
des commençans avec des gaules fous les bras ,
pour les accoutumer à avoir les coudes ferrés,
prétendant par-là leur donner de la grâce ) tout ce
que j’en puis dire, c’eft que les auteurs de ce principe
ne connoiffent pas' la fignification du mot de
grâce, & ’ne fe doutent pas, qu’en faifarn ferrer les
coudes, ils donnent des entraves à une partie qu’ils
doivent chercher à faire mouvoir.
D’autres , non moins infenfés, font trotter leurs
cavaliers les mains derrière le dos , parce qu’ils
prétendent par-là accoutumer le commençant à
avoir les-épaules effacées , & à ne pas fe tenir à la
main ; leur but eft bon , il eft très-effentiel que le
commençant apprenne à être droit, & à ne pas
fe tenir à la main, mais en lui mettant les mains
derrière le dos , on roidit & renverfe les épaules,
ce défaut eft très-grand, il fe contraâe aifément 8c
ne s’en va pas de même ; on peut habituer le commençant
à avoir les épaules plates par derrière,