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pas laiffer développer par le hafard , <ï on defire
exécuter avec jufteffe. La première loi de cette
jufteffe eft l’union intime des deux individus ; union
qui exige , de la part du cavalier, une pofition &
des avions convenables, & de la part de l’animal,
une fubordination fans bornes , une obéiffance
prompte & aveugle, du moins autant que les loix
de fa conftruélion ne font pas violées.
Comme la conftruélion d’une machine quelconque
doit être déterminée fur l’ufage qu’on veut en
faire, de même la pofition de l'homme fe réglera
fur l’emploi de fes membres à cheval. Le corps
humain eft deftiné à donner un mouvement au cheval
, en compofant les forces de différents membres
de manière qu’il s’enfuive , de la part de
l’homme, une direélion fixe , & de la part du cheval
, une viteffe connue ; car l’équitation réfulte
d’une quantité de puiffances compofées enfemble.
C e fera donc relativement à ce but, que nous po-
ferons le corps de l’homme fur le cheval.
Principes dé la bonne pofition de l'homme fur le cheval.
En confultant les propriétés des deux individus
relativement à leurs mouvements & à leurs facultés
mèchaniques, nous voyons que l'homme ne
peut communiquer au cheval un mouvement dont
il foit le principe jufqu’à un certain point, s’il ne
fe prête à la combinaifon naturelle des mouvements
du cheval ; car il doit exifter dans l’équitation
un ordre général qui fubordonne toutes les
parties de l’homme & du cheval à une détermination
commune.
L ’aélion de l’homme fur le cheval paffe de la circonférence
au centre du cheval.
La réaélion du cheval fur l’homme part du centre
du cheval, & fe communique à l’homme à proportion
que fes membres font plus près du cheval ;
car plus on eft- près, & plus la réaélion fe fait fentir.
La réaélion de l’animal commence auflitôt que
le mouvement lui eft donné, & dans un degré proportionnel
à ce mouvement.
L’animal en réagiffant cherche à reprendre fa
difpofition première , puifqu’il eft élaftique ; fi
l’homme n’exerce pas une aélion continue, l’animal
ne lui fera fubordonné qu’un inftant, & en-
fuite il fe livrera à touts fes caprices.
Il faut donc que le corps humain foit difpofè &
agiffe de telle forte , que la réaélion du cheval ne,
le dérange pas , & même tende à le difpofer à agir
dans un fens déterminéou du moins ne détruife
pas le principe de la pofition ; 8c que le mouvement
étant une fois donné , fe perpétue tant que
l’homme le v e u t , & que les forces de l’animal le
permettent; par là il y aura une quantité de mouvements
que l’homme & le cheval fe renverront
l’un à l’autre tant que fubfiftera le principe de ce
mouvement.
La portion de mouvement que l ’homme communique
au cheval, eft proportionnelle à la quantité
de forces que l’homme emploie: bien entendu
p o s
que ces forces font relatives à l’état de l’animal.
La quantité de mouvements rendue par le cheval
, eft proportionnelle à la caufe première Ôt à
l’élafticité de l’homme : obfervant que la roideur
de l’homme eft plus fufceptible de réaélion que le
liant & la foupleffe.
Tout mouvement qui ne rencontre pas le corps
de l’homme n’eft point répercuté ; & la répercuf-
fion ne fe fait que dans la direélion de la force motrice.
L’homme & le cheval feroient bientôt féparés,
fi les deux individus ne fe fixoient à un degré commun
de mouvement, la quantité 8c la qualité de
leurs allions faifant centre-poids l’une à l’autre.
Si le degré de mouvement ne devenoit pas commun
, le corps le plus en mouvement s’écarteroit
de l’autre , 8c le fyftême n’auroit plus lieu.
L’homme agit fur l’appui qu’il a fur le cheval, en
raifon de fa pefanteur propre ; mais cette forte
d’aélion peut être augmentée par la direélion de
cette force.
L’animal doit toujours être en état de recevoir
fans peine & fans inconvénient le réfultat des forces
de l’homme ;& il doit obéir-fans être contraint
par la violence. C ’eft ce qu’on doit defirer.
Ce petit nombre de propofitions nous fait voir
les conditions que doit avoir la pofition de l’homme
a cheval pour être bonne. Elle doit porterie
mouvement primitif au point central du cheval ;
elle ne doit point être dérangée par la réaélion , foit
que le cheval rue, foit qu’il fe cabre , ou fe jette
de côté ; elle doit être, pour ainfi dire ,1e foyer
d’une aélion continue , 8c capable de fournir le
plus grand principe de mouvement ; maintenir
fans ceffe l'homme en état de réfifter à l’ébranlement
du cheval, & donner à touts les membres de
l’homme la plus grande facilité d’agir.
L’homme ne peut porter tout le mouvement pof-
fible au point central du cheval, s’il n’eft pofé fur
ce point central ; & il ne peut être dit pofé deffus,
fi la direélion de la puiffance de fon corps n’eft un
axe d’équilibre du point central de l’animal ; il ne
peut réfifter à la réaélion du cheval, fi la ligne de
direélion de fon centre de gravité ne rencontre la
ligne de direélion du centre de gravité du cheval ;
enfin ils ne peuvent avoir une direélion commune,
fi leurs forces ne fe compofent de manière que
leur réfultante foit dirigée vers le but defiré.
Expliquons ceci, & détaillons nos principes.
Des centres de gravité de l ’homme. & du cheval, & de
leur pofition l’un fur l'autre.
Le cheval mis en équilibre félon les principes
que nous expoferons dans la fuite, a un centre de
gravité où toute fa pefanteur & toutes fes forces
font fuppofées réunies. Ce point , invariablement
le même, tend à décrire une verticale. C’eft fur
ce point que l’homme doit fe pkteer ; e’eft à ce
point que toutes les aélions de 1 homme doivent
aboutir ,-par la. raifon bien claire que s’il les appli*
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qùoit à un autre point, il ne remueroit qu’une partie
du cheval, toutes les forces de l’animal n’etant
pas indifféremment dans touts les points de fon
corps.
Comme touts les corps ont un centre de gravite,
’l'homme aufli a le fien q u i, de même que celui du
cheval, décrit ou tend à décrire une ligne perpendiculaire.
_ * ."
Ce font ces deux lignes qu’il s’agit de pofer l une
fur l’autre, mais de manière qu’on ne confonde pas
la direélion du centre de gravité de l’homme, avec
la puiffance de fon corps; carie corps humain n’agit
pas feulement par fon poids bien difpofé, mais
encore par le travail de les mufcles qui excitent
des fenlations dans le cheval. D’un même ppint
on peut tirer plufieurs rayons; il n’y a que la feule
perpendiculaire à l’horifon qui foit la direélion du
centre de gravité. Cette direélion doit être invariable
dans touts les mouvements de l’homme tant
qii’il eft uni au cheval ; mais la puiffance du corps
de l’homme peut varier.
IXe la puiffance du corps de l'homme fur le cheval &
de fa direction.
La puiffance de l’homme eft cette propriété de
fon corps par laquelle il détermine le cheval, dont
l’aélion eft le réfultat des forces de l’homme. Afin
de faire connoître plus particulièrement cette puiffance,
cherchons à la compofer avec la direélion
du centre de gravité du cheval, pour en former
une réfultante.
De'ux puiffances différentes ne peuvent fe compofer
fi elles ne forment un angle , en forte qu’elles
foient obliques 1 une à l’autre : fi elles étoient perpendiculaires
l’une fur l’autre , elles ne feroient
plus deux puiffances ; ce n’en feroit qu’une quiau-
roit la valeur des deux réunies. Ainfi fi l’aition de
l’homme étoit dirigée perpendiculairement fur le
centre de gravité du cheval , celui-ci en recevroit
une pefanteur & une inertie plus grande, & on
manqùeroit le but, qui eft de donner de la. mobilité
au cheval. Pour cela il faut que la puiffance de j
l’homme décrive une ligne oblique, & forme un 1
.angle avec la ligne de direélion du centre de gravité
du cheval. Quelque oblique que foit cette
puiffance de l'homme , la partie inférieure doit rencontrer
exaéîement le centre de gravité du cheval,
& cette difpofition étant bien .obfervée , donne les
deux côtés contigus d’un parallélogramme. Enconf-
truifant la figure, & en tirant la diagonale des deux
angles obtus, on aura la direélion du cheval , 8c
on verra qu’elle ne fauroit être parallèle à l’hori-
fon , fi la figure eft bien conftruite : alors l ’animal
n eft pas fur les épaules.
Quantité de la puiffance du corps de l'homme.
La quantité de la puiffance du corpsde l’homme
ne peut-être la même fur touts les chevaux, ni fur
le même cheval dans toutes les circonftances ; car
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la pefanteur des parties du cheval à enlever a envient
moindre , à proportion que fon équilibre tft
bien formé.
Pour avoir une idéeprécife de la force de notre
corps fur le cheval, il eft à propos d’approcher le
flambeau de la média ni que : on connoîtra par-là
les détails de cette compofition de forces.
J’ai comparé le corps humain à un levier du fécond
genre. Le haut du corps ou le tronc, forme
un des bras de ce levier ; les cuiffes. & les jambes
forment l’autre. Le bras fupérieur de ce levier eft:
la puiffance qui doit agir ; l’appui fe trouve aux
trois points qui fervent de bafe. ; les cuiffes & les
genoux , qui font liés très-intimement au cheval,
Forment la réfiftance. J’ai donné ailleurs le détail de
ces parties & lotit ce qui les concerne.
Plus un bras de levier eft long , plus il a de forces
; plus fes points font éloignés du point d’appui,
plus aufli ils ont de force. Nous prouverons
bientôt que l’homme peut augmenter la longueur
du bras fupérieur de fon levier: il fufiît de dire à
préfent que plus il l’augmente, plus la ligne oblique
dont je. viens de parler s’éloigne , à fon extrémité
fupérieure, de la ligne verticale du centre de
gravité de l’homme, à laquelle on auroit ajouté
une fublimité. Lorfque cela arrive , l’impulfion
donnée au cheval eft bien plus confidérable ; 8c on
doit bien examiner s’il eft en état d’y répondre fans
déranger fon équilibre, & fans forcer les membres
dont les refforts font le plus comprimés. Moins cet
équilibre artificiel coûte à l’animal, moins l’homme
a befoin d’augmenter fa puiffance. Mais fi l’animal
éprouve de grands obftacles à combiner fon équilibre
avec l’homme, il ne faut pas pour cela que
le 'cavalier redouble fon aélion ; car l’animal , trop
contraint, réagiroit avec trop.de forces, & même
les refforts pourroient fe détruire , de quelque raa-
: nière que ce foit. On voit donc qu’il eft effentiel
f de modérer la puiffance du levier 6c de la proportionner
aux forces du cheval ; cependant on ne
doit pas ceffer de la faire agir. L’expérience apprendra
le degré convenable, qu’on ne peur indiquer
par écrit, non plus que tout ce qui eft:
fournis au taél.,
Du Contre-poids.
Plus le centre de gravité 'de l’homme fera conf-
tamment dirigé fur celui du cheval, plus aufli la
puiffance du cavalier fera continue, 8c plus l’action
fera fuivie. Mais il feroit impoflibie que cela
fût, fi l’homme ne devoit fon maintien qu’à l’ef-
pèce d’équilibre que fon tronc conferve. Je dis
efpèce d’équilibre , parce qu’il n’exifte que fur un
cheval fi fouple & fi bien mis , que les plus petits
averriffements fuflifent pour le déterminer ; car
poiir faire agir tout autre cheval, l’homme emploie
une partie de fes. forces plus que l’autre , ce
qui détruit l’équilibre ; en outre l’idée d’équilibre
annihilerôit l’aàion qu’on donne à l’homme fur le
cheval. Cependant je crois qu’à la rigueur on peut