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doit-elle pas faire choifir de préférence la leçon de
longe donnée fur un cheval très-fage, très-bien
dreiîé , & à.une allure des plus tranquilles. On ne
caufe aucune inquiétude à l’élève, on lui parle , on
l’inftruit; il comprend. On lui fait exécuter les
opérations primitives : il peut l’entreprendre avec
fuccès. La fageffe & l’obéiffance du cheval le fatis-
font ; il prend goût ; il voit qu’il réuffit ; il acquiert
de l’émulation. On continueroit cette leçon très-
long-temps fi on vouloit avancer un élève.
Après lui avoir appris fur le premier cheval fes
opérations , lorfqu’il commenceroit à les comprendre
on lui donneroit un cheval un peu plus difficile,
& par degrés on le mettroit en état d’aller fans
longe, après l’avoir mis fur des chevaux dont le
liant & la fageffe font proportionnés à fa roideur 8c
à fon inexpérience. On feroit bien encore de le
mettre fur des piaffeurs entre les piliers ; là on
chercheroit à accorder fa pofition ; à le redreffer , à
lui faire fentir quand fon cheval eft droit. Infen-
fiblement on le conduiroit à des mouvements un
peu plus vifs; il s’y feroit, & s’accoutumeroit à fe
tenir d'aifance, 8c non de force : le corps animal
s’affouplit plutôt 8c plus aifément en fe molliifant,
qu’en fe roidiffant.
Piufieurs écuyers très-habiles pratiquent cette
méthode : elle avance l'écolier ; 8c, à temps égal,
celui qui a été travaillé ainfi à la longe eft plus
avancé que celui qui a été fur le droit 8c en liberté.
Les élèves mis ainfi à la longe pendant trois mois ,
font en état de fuivre une reprife autrot fans la dér
ranger. J’en ai vu l'expérience affez fouvent pour
affirmer lé sions effet? qui en réfuitent.
On doit tenir longtemps l’écolier à la leçon de
la pofition avant que de l’inftruire fur les autres parties
de l’art. La pofition eft bien difficile à acquérir.
Si le plaifir de travailler l’emporte fur la patience
nécejffaire pour parvenir à bien faire, on fe gâte, 8c
on s’éloigne du vrai travail. Que l ’élève foit donc
patient, 8c n’ambitionne pas des progrès incertains
s’ils font trop rapides;On oublie aifément ce qu’on
apprend aifement : il faut de la peine & du temps
pour biçn fevoir.
De la Pofition.
Je me garderois bien d’attaquer en même temps
tours les défauts de mon élève. .Outre que fon attention
ne pourroit fuffire à tout, fon corps ne fau-
roit exécuter à la fois tout ce qu’il feroit à defirer
qu’il pût faire.
Après avoir étudié la conftriiâion & les qualités
6u corps de l’écolier, je me conduirois félon ce
que j’y appercevrois, en cherchant avant tout à
l’affouplir 8c à le difpofe.r à recevoir une bonne
pofition. S’il eft roi d e , je l’avertirai de fe mollir ;
s’il eft mou , je l’engagerai à fe foutenir. Pour.qu’il
fe molliffe, je lui ferai plier les articulations , ,8c
pour qu’il fe foutienne , ce fera le contraire, .J’éviterai
fur-tout que l’envie d’avancer ne lui rende
çornjtiç abïuidcs les leçons çontradiftoires qu’il
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recevra chaque jour. Un fujet a befoin d’une
çon qui eft dangereufe à un autre : fi la manie
de l’imitation prend un élève , il fe gâte 8c fe dégoûte.
En fuivant chacun de fes membres, on fe fervira
de termes convenables , 8c qui expriment vraiment
l’a&ion que l'homme doit faire. Il eft dangereux
de fervir de termes faux : il en réfulte toujours
des doutes 8c de l’équivoque. Nous allons indiquer
les termes les plus ufités 8c les plus convenables
aux différentes aétions.
Termes relatifs à la pofition*
La tête des élèves eft ordinairement baffe; ils
tendent le menton, 8c penchent la tête de côté ou
d’autre. On leur dit donc : Levez la tête : la tête
droits. Rentrez le-menton. Ns penchez pas la tête
quelle foie portée également fur les deux épaules.
Le premier commandement s’exécute par une flexion
en arrière ; le fécond, en fe rengorgeant; le
troifième , par un mouvement de la tête vers le
côté oppofé à celui qu’elle penche.
Si le cou eft roide,on d it, relâchez votre cou ;
point de roideur dans le cou.
Si les épaules font hautes , on dit, baiffe{ les
épaules , relâchez les épaules, molliffe% les épaules.
Tout élève comprend 8ç peut exécuter ces préceptes,
Mettez vos épaules en arriére , applatiffe\[ les
épaules , fignifie qu’elles font trop rondes , & viennent
trop èn devant, qu’ainfi il faut faire le contraire,
Si l’élève ne concevoir pas, il feroit bon de
lui placer foi-même les épaules. Et on fuivra
cette méthode avec fruit pour tontes les autres
pofitions.
Souvent l'écolier roidit fon bras 8c le ferre contre
le corps ; on lui dit alors : Lâchez le bras }
molliffe? le bras ; ne mettes^ point de dureté dans le
bras ; détachez le bras du corps ; ne ferre? pas les bras.
A t-il l’avant-bras obliquement par rapport au bras,
on lui dit : foutentç L‘avant-bras à la hauteur du coude.
A-t-il l'articulation étendue, pliez les bras eft \&
termef en ufage.
Si le poignet fe fléchit, on lui d it, n'arrondiffe{
pas ,le p&ignet : s’il s’étend trop 9 vous efiropie{ le
poignet ; mettez votre main fur la ligne du brast '-s’il
le baiffe, foutenç^-le i s’il -l’enlève trop , votre poignet
eft trop haut.
Rarement la main conferve fa pofition. Les
doigts s’eftropient, font à moitié ouverts.; le pouce
eft racroché ; les rênes gliffent dçs mains ; on dit
alors , placez La main devant vous ; fermez touts les
doigts ; fentez vos rênes ÿ allonge£ le pouce defiits.
Quand la main eft incertaine , o.n dit, affure{ la
main} votre .main fn place : fi elle eft trop dure,
molliffez le poignet, la main ; point de dureté dans la
main.
Le rein eft-il trop mou ., le dos courbé J la poitrine
courbée , dites à l’élève : foutenez votre rein ;
grandifJ'e?-vous du haut du corpj ; fou tenez-vous. Eft*
il au contraire roiçle, le rein creux , les fefl’esdé-
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bordant la fe lle , on l’avertit par ces mots : Mollifi
fer-vous ; poufj'ez vos feffes fous vous ; pouffez la ceinture
en avant ; ne creufe^ pas les reins. Si les feffes
s’élèvent, 8c que le corps s’en aille en avant, on
lui dit : affeye{-vous ; lniJfe{-vous porter également fur
les feffes ; mettez le haut du corps en arriére.
On le corrige de fon incertitude en lui difant :
Rajfure^-vous ; employéz plus de nerf.
Lorfque la cuiffe eft trop en avant, qu’elle n’eft
pas étendue le plus qu’il eft poffible , l’écolier doit
être averti par ces mots : Etendez-vous, laiffez Wdï
br vos cuijfes. Si elles font dans un état de, trop
grande adduélion , relâchez vos cuijfes, molliffez~les,
ibîit les termes ufités.
Les genoux trop pliés,'trop ouverts ; la jambe en
avant trop roide , trop écartée du cheval, font des
défauts -dont on fait appercevoir l’élève , en lui
difant : Etendez vos genoux ; tournez vos cuifies ;
lâchez vos jambes , laiffez^les tomber naturellement,
Utiles , ferve^vous-en.
Les pieds font-ils mal plaç'és , roides, 8c la pointe
haute, on peut,dire , placez vos pieds, lâchez-les :
font-ils trop mous , on avertit de les raffurer.
L’affiette n’e ft-elle pas fur le centre, on dit,
jette{ votre affiette en dehors ou en dedans.. Si le corps
eft mal tourné, on dit, avancez le côté, à partir du
bas des reins.
Portez le poids du corps en dedans, avertit l’élève
qu’il ait à contrebalancer l’aâion qui le porte en
dehors par le poids de fon corps en dedans.
Tels font à-peu-près touts les termes de la leçon
donnée conféquemment aux principes que nous
avons adaptés à la conftruéïion du corps humain. Ils
font bientôt expofés ; il eft aifé de les concevoir.
Mais l’exécution de touts ces préceptes eft longue,
8c l’élève travaille piufieurs années avant que fa
pofition foit prife 8c bien formée. Lorfqu’enfin il
aura acquis la facilité de fe placer 8c d’accorder fes
membres jufqu’à un certain point, on commencera
à les faire agir, 8c à lui faire connoître fes opérations
, toujours fur des chevaux mis.
Des Opérations de l*homme dans C Equitation.
Prefque toutes les opérations de l’homme dans
l’équitation , font corapofées ou mélangées du mouvement
de piufieurs membres. Les principales font
celles des bras 8c des cuiffes , 8c de toutes les parties
qui les compofent.
Opérations des bras & des mains.
Je fuppofe ici que l’on connoît les effets du mors
8c les propriétés de ce double1 levier. Il s’agit ici
des mouvements du bras qui le fait agir.
La main de dedans plie le cheval, elle s’écarte
du cou du cheval; s’élève pour enlever le pli ; fe
baiffe pour le fixer , s’il eft difficile à conferver. Ce
ffint-là les aâions les plus ordinaires de la main de
dedans. Celle de dehors s’enlève, fe reporte fur le
cou du cheval en dedans, élargit la rêne de dehors
dans quelques occafions. Tel eft lufage des mains
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lorfque les rênes font féparées. Si elles font réunies
dans une main, la main qui les tient fe porte en
dedans, quelquefois en dehors , s’enlève ; on rend
la main , on l’affure, on fent une rêne plus que
l'autre. Entrons dans le détail.
La main de dedans plie le cheval 8c écarte lx
rêne du cou. Pour exécuter cette aétion , l'épaule fe
baiffe parce quelle va un peu en arrière; le bras
s’écarte du corps ; l’articulation du br.is 8c de l’avant
bras eft tendue, ou du moins dans un état
mixte, l’avant bras, amfi que la main, dans une
attitude moyenne entre la pronation 8c la fupina-
tion. La main, portée par ce mouvement de cir-
conduftion au point où elle eft néceffitée d’agir pour
s’éloigner du cou du cheval 8c faire agir la rêne de.
dedans, faifit cette rêne, 8c par la tenfion 8c le rer
lâchementalternatif quelle lui occafionne , elle
opère 8c produit le pli.
Quelquefois la main 8c le poignet fuffifent; d’autres
fois auffi il y a de petits mouvements, de l’avant
bras ; ce font alors de petits mouvements de
flexion 8c d’extenfion. L ’aâion eft très-douce file
poignet feul agit: fi l’avant-bras travaille, elle fera
plus forte ; de même lorfque le bras fe mêle de
cette aâion, elle a une puiffance fouvent trop
grande. Mais on doit fe méfier des fecours que
l’épaule pourroit donner; fon unique fondion eli
d’appuyer l’os du bras : ainfi toutes les fois que fes
mufcles entrent en contraélion pour les mouvements
de ce membre, il y a de la roideur ; 8c cette
roideur augmente, à proportion de la contradion
des mufcles q u i, tenant à tout le haut du corps ,
lui communiquent leur force.
L’opération toute fimple que nous venons de décrire
, n’eft pas toujours bien conçue par lecolier.
Ce qui lui coûte le plus eft de détacher le haut du
bras des côtés. Il fe paffe chez lui un débat entre
cette adion 8c celle qui éloigne la main ; en forte-
que le haut de fon bras fe tient collé au corps, tandis
qu’il veut détacher la partie inférieure. On doit
veiller avec foin à ce qu’il exécute ces mouver
ments fans gêne, fans roideur , 8c en employant
le moins de force poffible. La partie du membre
qui en exige le plus, eft celle par laquelle le bras
eft fixé dans fon éloignement du corps ; la partie
fupérieure 8c l’extérieure dù deltoïde fuffifent. Souvent
l’homme emploie touts les autres mufcles; 8c
alors il n’eft pas rare que le cheval défobéiffe à une
puiffance qui lui occafionne de la douleur : car il
eft utile de n’oublier jamais que plus l’animal fouf-
fre , moins il fe prête au defir de l’homme. Il met
en ufage , pour éviter la douleur, le refte de fes
forces, dont une partie eft détruite par l’exceffive
puiffance de l’homme.
La main agit-elle pour enlever le pli d’un cheval
qui s’atterre 8c s’appuie fur le mors, elle donne
de petites fecouffes légères à la rêne de dedans ,
en la prenant en deflous. Voici le mélange des
mouvements néceffaires à cette opération. Après
avoir pratiqué ce qui eft dit ci-deffus, le pouce 8c