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En conféquence , le cavalier trouve les deux
premiers points d’appui parallèles dans le haut de
les cuiffes , 8c c’éft le croupion qui lui procure le
troifième avec lequel il achève de tracer l’équerre.
Pour établir aifément ce triangle.falutaire , il faut
avancer la ceinturé jufcju’à ce qu’elle touche à l’arçon
de devant ; il faut que les hanches, portées en
av ant, mettent le haut des cuiffes fi près des bar-
t c s , qu’elles y femblent collées ; il faut tourner
en dedans les cuiffes étendues , afin que leur plus
grande fuperficie s’applique à la felle , ce qu’on
défigne, en équitation , par avoir la cuiffe poféè
fur Ton plat ; il faut reculer les genoux 8c les fermer,
ou ce qui revient au même , qu’ils foient
fixés furies quartiers delà felle; il faut creufer le
bas du rein à l’oppofire de la ceinture ; enfin il
faut couler les feffes deffous le corps pour obliger
le croupion à réellement porter fur la felle.
En récapitulant l’ordre qu’on a précédemment
mis dans les différentes parties dont le haut du
corps eft compofé, on voit clairement que l’arrangement
de celles qui forment le milieu du corps
en eft une émanation motivée. En effet, depuis la
nuque du cou jufqu’au croupion, nous fommes
doués d’une colonne de petits os entrelaffés les uns
dans les autres en forme de chapelet : colonne que
tout le monde connoît fous le nom d’épine du dos.
La difpofition de ces os eft telle que chacun venant
à preffer celui qui le touche, peut lui communiquer
un mouvement d’ondulation , foit de haut en
b as , foit de bas en haut. C ’eft à l ’aide de cette
chaîne élaftique que nous avons la faculté de creufer
le rein, ou de le bomber. Dans le premier
cas , nous employons machinalement l'ondulation
defcendanre , afin de donner à la colonne offeufe
la tournure concave feule'convenable à l’opération
projettée. Alors'la nature nous prefcrit d’ouvrir la
poitrine, en effaçant 8c baiffant les épaules , de
gonfler le ventre , 8c de préfenrer la ceinture, pour
que rien ne s’oppofe à ce que chaque os pouffe ,
de haut en bas , l’os qui lui fert de bafe. Lorfqu’au
contraire on defiré bomber le rein , ce n’eft qu’en
rentrant la poitrine 8c le ventre , & faifant difpa-
roître la ceinture, qu’on parvient à occafionner un
reflux dans la colonne mouvante qui, de concave
qu’elle étoit, devient convexe à mefure que cha-
que os repouffe, de bas en haut, celui qui le domine.
Il eft donc anatomiquement prouvé que, fi
la tête en arrière eft placée jufte au milieu des épaules
, fi les épaules égales & baffes font effacées , fi
les bras tombants accompagnent le corps, fi la poitrine
eft ouverte, fi le ventre eft gonflé,‘enfin fi le
rein creufé chaffe la ceinture 8c les hanches5''en
avant, dès ce moment chaque partie féparée du
haut du corps fe réunit pour former un plan incliné
, d’arrière en avant, dont la direélion pülfa*
tive , de concert avec l’ondulation defcendante de
la colonne offeufe, tend à confolider, par preflion,
la pofition du milieu du corps, & affermit le cavalier
nouvellement aflis fur les trois points d’appui
P o s
confervateurs du haut des cuiffes & du croupion.
Pofition du bas du Corps.
L ’équilibre ne peut jamais avoir lieu fur un corps
mobile, quand même l’aêlion prévue de ce corps
n’auroit qu’une feule direélion toujours égale. En
vain objeélera-t-on les faifeurs de tours q u i, debout
fur la fuperficie d’un ou de phifieurs chevaux,
femblent braver la vibration des differentes
allures qu’ils exigent. Que leur prétendue magie
blanchit bientôt devant des yeux connoiffeurs !
Une légère, attention fiiffir pour les furprendre luttants
à chaque inftant contre des chûtes inévitables,
malgré l’uniformité du mouvement qu’ils attendent
, fans le fecours des rênes d’un bridon qui,
d’agens condudeurs qu’elles font entre mains du
plus ignorant palefrenier, prennent pour eux la
puiffance du balancier des danfeurs de corde. Si
l’équitation bannit jnfqn’au nom de l’équilibre, il
n’en eft pas ainfi de l’aplomb que- tout le monde
fait être , pour les corps agiffams, le réfultat conlé-
quent d’un équilibre continuellement perdu & recouvré
parle moyen d’une puiffance , tantôt attirante,
tantôt repouflante. Mais, j’en appelle aux maîtres de
notre art, l’aplomb qui les rend fi moelleux à cheval,
n’eft-il pas le fruit d’une tenue long-temps éprouvée
? Encore, dans ces mouvements irréguliers
d’un cheval indocile, ne font-ils pas obligés d’en
revenir à la tenue, quoique les temps favants
d’une main confommée travaillent plus à contenir
l’animal fougueux fous l’écuyer, que ce dernier ne
Cherche à le fuivre dans fes boutades. Comment
donc efpérer de placer les élèves par le feul
aplomb ? En effet, jufqu’aduellement les difpofi*
tions combinées du haut 6c du milieu du corps
tendent bien à mettre l’homme en équilibre fur le
cheval, mais elles laiffent le cavalier toujours à la
veille de perdre le fruit des foins qu’il a pris
pour s’élever 8c s’affeoir fur le point faillant de
la ligne circulaire, puifque le moindre mouvement
inattendu du cheval, moteur de ce cercle,
peut l’en faire gliffer. L’impreffion fâcheufe qui
réfulte d’une remarque aufli décourageante ne doit
pas tenir longtemps contre l obfervation fuivante.
Une fois régulièrement aflis fur le fommet du cercle
, en regardant au-deffous de lu i, l’élève apper*
çoit le corps du cheval , dont la circonférence déborde
également de chaque côté. O r , s’il eft démontré
qu’on ne peut s’affeoir fur un cercle qu’à
l’aide de trois points d’appui triangulaires , il eft
autant prouvé qu’on ne peut envelopper ce cercle à
moins que de jouir de deux parallèles affez flexibles
8c plates pour l’entourer au-deffous de fon
diamètre. D ’après cette fécondé découverte , &
au moyen d’un léger pli dans les genoux, le
cavalier laiffe tomber fes deux jambes perpendiculairement
au bas de fes cuiffes tournées en dedans,
on portées fur leur plat. De plus, il fait
fuivre à fes pieds la même direélion, en baiffant le
talon tourné en dehors 8c mis un peu en arrière..
ee qui donne la pointe du pied foutenue; ce qui place
le dedans du raolet près du cheval ; ce qui confohde
la cuiffe pofée fur {on plat ; enfin , ce qui allure les
hanches portées en avant : d’où il fuit que, de
l’efpace qui fe trouve entre le bas des cuiffes 8c la
partie latérale du dedans des pieds, on voit fortir
une multitude de tangentes qui, toujours au moment
d’embraffer, au-deffous du diamètre , le cer-
cle fur lequel on eft aflis , mettent l’élève en état
de réfifter aux diverfes aélions du cheval. Comment
, en effet, leur défordre , leur violence , ou
leur rapidité pourroit-elle ébranler l’afliette qu’on
a pris tant de peine à fe procurer, fur-tout ayant
foin que le bas du rein ferme 8c creufé repouffe
fréquemment les hanches 8c la ceinture en avant,
puifqu’alors c’eft à la partie inférieure de ,1a capacité
même du; cheval que l’enveloppe du bas du
corps du cavalier fe trouve intimement attachée
? Perfonne n’ignore que plus on embraffe un
cercle dans fa portion inférieure| plus l’aâion de ,
l’enveloppe fait remonter ce cercle dans la puiffance.
embraffante. Solution qui donne pour produit
le cheval fans ceffe remonté dans les cwiffes de
l’homme , ou, pour parler plus vrai, l’homme immédiatement
enfoncé fur le cheval
Lorfque des principes adaptés à l’un des exercices
du corps dérangent la perpendiculaire qui pro- ,
tège nos mouvements ordinaires , dès-lors nous
fommes en droit de les rejetter comme radicalement
faux & dangereux. Initiés, ou non, dans
l’art dont nous confultons la méthode , nous pof-
fédon;s.touts la. vraie pierre de touche des confeils
que les profeffeurs Gymnaftiques nous donnent.
Par exemple, dans la circonftance préfente , une
légère expérience va démontrer qu’il eft impoffible
de garder à cheval l’aplomb que nous avons étant
à pied, fans difpofer les trois divifions de notre
corps, conformément à ce qui vient d’être dit.Veut-
on s’en convaincre? ( Je fuppofe qu’on fe rappelle
que la perpendiculaire de l’homme fe trace de fa
clavicule à la cheville du dedans de fon pied, &
qu’on n’a pas oublié que l’afliette du cavalier exifte
fur les trois points d’appui triangulaires du haut des
cuiffes 8c du croupion). Il faut d’abord fe placer
abfolument droit fur les deux jambes ; éloigner en-
fuite également les pieds dont la plante doit toujours
entièrement pofer à terre ; enfin , il faut ouvrir
les jambes, 8c écarter les cuiffes comme pour
recevoir le cercle du cheval. Dans cette fituation,
il eft confiant qu’en laiffant fubfifter la direélion
perpendiculaire du haut 8c du milieu du corps , il
réfulte de l’écartement forcé du bas du corps un
état de titubation, d’où on ne fort qu’a mefure que
la ceinture 8c les hanches avancées creufent le
rein 8c reculent les épaules. Ce léger changement,
qui fait bomber le milieu du corps , n’a pas plutôt
mis la pointe des épaules perpendiculaire aux talons,
qu’on voit auflitôt le haut du corps préfenter
line fuperficie inclinée d’arrière en avant, le bas
du corps former un plan incliné d’avant en arrière,
& la ligne de fureté reparaître dans toute fon intégrité,
partant de la clavicule, traverfant les hanches,
8c finiffanr aux chevilles : conféquemment
1 homme dans la difpofition équeftre eft aufli-bien
en force qu’il peut l’être dans l’état pèdeftre.
Je crains de n’ avoir pas fuffifamment démontré
que la pofition du bas dû corps, dont on vient de
prendre connoiffance, eft la feule qui puiflè faire
parvenir à ce qu’on appelle le fond de la felle.
Convaincu de cette vérité d’après ma propre expérience
, d’après celles que me procurent journellement
des élèves de différentes conformations, qui
touts réufliffent par le même procédé, je crois devoir
effayer encore de rendre palpables les avantages
émanés de l’enveloppe ; avantages réels puifque
, feulement préfentée pendant la bonne volonté
du cheval, l’enveloppe entretient l’aplomb
du haut 8c du milieu du corps. Mais elle fert d’une
manière viélorieufe au cavalier qui colle depuis le
haut de fes cuiffes jufqu’au dedans de fes pieds,
pofitivement comme s’il avoit l’intention de faire
joindre, fes deux femelles par deffous l’eflomac du
cheval, dans ces inftants critiques où ce dernier,
n’écoutant que fa fougue, fe livre à des.défenfes
réitérées. En effet, lorfqu’il s'agit de s’oppofer à la
violence d’un choc, quel eft l’homme affez ennemi
de fa fureté pour fe mettre à la merci d’un feul
point d’appui, tandis qu’il eft à portée de s’en procurer
une infinité d’autres ? Cependant ceux qui dédaignent
l’enveloppe de la. capacité même du cheval
avec toute l’étendue du dedans de leurs jambes,
8c qui préfèrent la tenue indiferette de leurs feuls
genoux , font encore moins excufables ; car la tangente
unique à laquelle ils fe fient inconfidéré-
ment ne peut avoir fon effet que fur un point fupé-
rieur au diamètre du cercle. O r , je ne ceffe de le .
répéter , chaque fois qu’on veut fixer un corps circulaire
entre deux parallèles , il eft indifpenfable
que leur point de réunion fe trouve au moins direct
au point diamétral du cercle quelles embraffenr.
Si les parallèles outrepaffent le diamètre , elles
preffent alors la portion étroite du demi-cercle inférieur,
8c la totalité du cercle leur échappe en
remontant : ( produit de l’enveloppe qui garotte.
l’homme fur le cheval.) Si au contraire les parallèles
n’atteignent pas le diamètre, leur preflion agit
fur la partie étroite du demi-cercle fupérieur, 8c,
plus elles ferrent, plus le cercle les fuit en defeen-
dant ( effet de la, tenue des genoux qui défunit
. l’homme d’avec le cheval ). Ainfi fans avoir aucun
; égard aux vices innombrables qui détruifent tout
l’enfemblè de la pofition , on fe regarde comme
très-fondé à déclarer la tenue raccrochée des genoux
dangereufe 8c.perfide, par cela même que
chaque effort qu’elle fait pour réfifter aux fecouffes
du cheval tend à éloigner du cercle dont on a 1«
plus grand intérêt de s’approcher.
Je ne crois pas m’abufer en ofant prétendre à la
confiance de mes élèves, puifqu’à chaque pas je
les mets en état de vérifier, même à pied, la fol»-.