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vous trouverez dans un endroit dont le peu d’étendue
ne nous permet pas de nager, on dont le
-fond fangeux nous empêche de prendre pied.
D ’ailleurs, on exécute dans cette pofition des
mouvements qui pourraient forprendre ceux qui
ignorent les reffônrces de notre art. Vous pourrez,
par exemple, vous y couper les ongles. Pour y
réuffir, prenez des cifeaux de la main droite , élevez
enfuite la jambe gauche, dont vous approcherez
le pied jufques fur le genou droit. Prenez le de
•la main gauche, & de la drôite coupez-vous les
ongles. Indépendamment de T'adreffe que cette manière
exige , & qui eft propre à faire honneur au
nageur, elle peut auffi fervir à enlever les corps
étrangers qui pourroient s'introduire dans les jointures
des pieds.
t N a g e r ? ; . . . .
enfuite, en tenant la tête courbée , de maniéré qtfiô
le menton s’appuie contre la poitrine, le fommet
de la tête tourné vers le fond , & les dos des mains
joints enfembte l’ün-for l’autre devant la tête. Dans
cet état, fi 1-o’n fe précipi te dans l’eau la tête -la première
Dans cette pofition, vous pourrez encore exécuter
un mouvement,très furprenant , & affez lem-
blable à celui que vous faites lorfque vous prenez
vos bottes. Elevez focceffivemenî vos jambes hors
de l’eau ; embraffez-les chacune des deux mains,
comme font ceux qui fe bottent ; & lâi-fléz-Ies aller
doucement en les étendant. Ce n’eft pas tout : il
faut encore tenir la poitrine élevée , & toujours
auffi enflée qu’il vous fera poffible. Cette manière ,
comme la précédente, pourra vous fervir dans l’oc-
cafion à votre nettoyer les pieds des ordures qui
vous incommodent.
Manière de montrer quatre parties de fort corps hors
de l'eau.
Les quatre parties dont je parle ic i, font la tête,
les deux coudés & le genou. Pour les montrer à découvert
, il faut vous coucher for le dos , placer
vos mains fur votre eftoraac, tenir les coudes élevés
& la poitrine enflée & auffi élèvée que vous le
pourrez,; paffez enfuite un genou for l’autre , en le
tournant, tandis que vous éleverez & abattrez foc-
ceflivement l’autre. Cette manière exige beaucoup
ë ’adreffe & de dextérité. Elle vous fervira, comme
la plupart des précédentes , à vous dégager des
herbes , & à prendre quelque foulagement dans les
endroits où vous ne pourrez toucher au fond pour
vous repofer.
Manière de plonger dans F eau.
Ne penfez pas, comme le publie le vulgaire ,
que l’homme aille naturellement au fond de l’eau.
Pour y atteindre, il faut faire violence à la nature ,
& le nageur le plus intelligent & le plus adroit a
befoin de mettre à profit toute fa fcience & fa fa-
gefle pour y parvenir promptement. C ’eft pour cela
qu’en Afie & ein Afrique les plongeurs s attachent
fous le corps une pierre épaiffe de fix pouces , &
longue d’un pied., qui les met en état d’aller avec
plus de fermeté au travers des flots. Indépendamment
de cette précaution , ils fe lient à un pied une
autre pierre fort pefante , qtn les précipite au fond
de la mer dans un inflant. La première façon de
plonger confifie à fe dreffer fur les pieds, à s’élever
Von a r r i v e r a «,u fond auffi vite qu un trait
d’arbalète. Remarquez d’ailleurs que vous pouvez
vous plonger par tout, pourvu que le fond foit
bon. Il eft de principe que , plus l’endroit eft profond
, plus il eft avantageux au plongeur. Vous ob-
ferverez feulement de ne perdre jamais de vue la
lumière $ & d’être en■ état de retenir affez longtemps
votre haleine pour vous permettre dé re-,
venir. J , „
Vous pourrez auffi vous plonger a plomb ; oc
cette manière doit êtrëmife en ufage lorfqu on^ fe
précipite dans la rivière du fommet de quelque lieu
* élevé , afin d’arriver plus promptement au fond de
l’eau. La difpofition eft la même que là précédente.
J’obferverai cependant qu’il eft eflentiel de choifir
\ ainfiun endroit élevé pour plonger , quand la rivière
a beaucoup de profondeur, parce que la rapidité
avec laquelle on arrive au fond, vous permet
de retenir affez votre haleine pour n’avoir pas
à craindre d’être étouffé dans l’eau. Cependant les
- nombreux dangers qu’elle préfente , foit à caufe
des rochers contre lefquels ôn peut fe brifer , foit a
| caufe des précipices où l’on s’engage fans pouvoir
en fôrtir, font que je confeille de ne plonger ainfi
que fort rarement, & lorfque Ion connoîtra p a r faitement
les lieux.
Manière de nager entre deux eaux.
Pour bien nager de cette manière , il faut d a-
bord vous décider fur la place que vous voulez occuper
fous les eaux ; car vous pouvez nager egalement
au fond de l’eau,vers fia furface, ou a une
égale diftance de fies deux extrémités. Si vous prenez
ce dernier parti, vous devez d’abord adofler
vos deux mains entre les deux épaules , & les eten-
dre enfuite avec beaucoup de célérité, de manière
que le pouce foit tourné vers le ciel, & lindex
vers le fond de l’ean. Voulez-vous defcendre plus
bas ? vous n’avez autre chofe a faire que d enfoncer
plus profondément vos mains dans l'eau lorfque
vous les étendez. S i, au contraire, vous voulez remonter
vers la furface de l’eau, il faut que la
paume de vos mains foit plus étendue, & que les
deux pouces fe regardent, comme l’obfervent ceux
qui nagent for le ventre.
Dans cet état, fi vous voulez nager entre deux
e a u x , vous tiendrez les deux pouces un peu plus
tournés vers le fond de l’eau que le refte de la
main, & vous attirerez vers vous l’eau qui vous
précède en l’embraffant.
Suppofons qu’étant plongé pour aller chercher
une ehofe au fond de l’eau, vous ne la trouviez
pas. Eh pareil cas , vous êtes obligé de nager en
cercle autour de l’endroit où elle a été jettee. Voici
la manière dont on doit s’y prendre pour exécutez
ceterclè. Si VOUS voulez commencer à droite, vos
mains doivent embraffer les eaux de droite à gauche.
Vous ferez le contraire , fi vous jugez à propos
de tourner de gauche à droite. Lorfque vous
ferez.defcendu au fond de l’eau » donnez-vous de
garde de vous expofer dans les lieux où vous ne
trouvez pins de lumière>. Les ténèbres, annoncent ;
Certainement que vous êtes tfous un roc.,.ou fous
quelque batteau , dont le choc pourrait vous être
funèftè. Si vous vous y trouvez engagé fans vous
en être.apperçu , reprenez promptement le chemin
qui vous a conduit dans ce lieu dangereux , & ne
çeffe.z de reculer jufqu’à ce que la lumière fe foit
offerte à vos regards. N’allez pas .for tout .refpi'rer
fous l’eau. Une telle imprudence vous coûterait
bientôt la vie.
v. Un avis bien important encore, & auquel vous
ne, finiriez donner trop d’attention , c’eft que quelque
foit votre empreffement à fiauver quelqu’un ,
en nageant ainfi entre deux eaux , ne vous approchez
jamais qu’avec précaution d’une perfonne qui
fe noie; car fi elle trouve le moyen de vous fai
f ir ,. vous, êtes perdu , malgré votre adreffe & votre
expérience. Vous ne courez aucun rifque , fi vous
attendez pour le fecourir , qu’elle akvété au fond ,
après avoir perdu l’urage des yeu£SPrènez la alors
par les cheveux, & la tirez ainfi fur le dos , jufqu à
ce que vous puiffiez la placer fur le rivage , où vous
ferez à portée de lui préfenter fans danger touts
les fecours dont fon état la pourra rendre fufcep-
tible.
Manière de revenir, fur Veau , après avoir fait le
plongeon«
Un nageur, tout auffi fubtil que le dauphin dont '
parle la table , 'peut monter & defcendre fucceffive-
ment dans 1 eau fans aucune difficulté. Cette alterna
tive, lui eft néceffaire pour reprendre haleine. En
été , on peut faire environ cinquante pas dans '
l ’eau fans avoir befoin de ce fecours. M. Hailey
prétend qu’un nageur ne peut refter plus de deux-
minutes dans l’eau fans être foffoqué ; & s’il n’a
pas un long ufagedefon métier, il y refterabeaucoup
moins. Une demi minute foffira , dit-il, pour
étouffer ceux qui ne font pas dans l’habitude de
nager. Plufieurs voyageurs nous apprennent néanmoins
que les meilleurs plongeurs d’Àfie reftent
une demi-heure dans l’eau, & les autres un quart-
d’heure feulement. Pour-revenir fur l’eàù , il faut
employer prefque les mêmes mouvements que1
pour s’y tourner. Tenant l’une de vos mains étendue
, vous repouffez de la paume, tournée en dehors
, les eaux inférieures de l’autre difpofée
en cavité , vous artirezles eaux fupérieures. Quand
le bras a fini fon cercle, vous fermez la main , pour
lui donner le moyen de.reprendrer la même mar-,
ç}ie ; & ainfi fucceffivement, jufqu’à ce que vous’
ayez atteint la furface dçTeau.
De l’art de nager artificiellement.
Des calebajfes.
Les calebaffes, les faifceaux de jonc &les veffies
furent vraifemblablement les inftrumens dont fe
fervirent les premiers hommes pour fe former dans
l’art de nager. La-plupart des Nègres emploient encore
des calebaffes à cet ufage ; & les Indiens fe
fervent, pour le paffage des rivières, de grands
pots de terre auxquels deux perfonnes s’attachent,
après les avoir remplis de leurs habits. Les joncs
fur-tout, dont les marais abondent, & qui forna-
gent auffitôt que leur racine eft féparée de la vafe ,
durent fe préfenter naturellement à l’efprit des peuples
voifins des fleuves , ou fixés dans dés pays
marécageux, pour les aider dans le paffage de* rivières
ou,des petits bras de mer. Ces fecours font
encore en ufage dans plufieurs provinces de France.
La plupart des enfans T.enr des cale baffes- deux à
deux avec dés courroies , & traverfent fouvent
ainfi les fleuves les plus larges fans favoir nager;
Ceux des payfans qui ne peuvent fe procurer ces
fortes de bouteilles, fie contentent de deux faifceaux
de jonc , fiur lefquels ils s’appuient la p o itrine
, & bravent ainfi les dtng rs les plus effrayans.
Il faut poUr ant avouer que ces reffources ne font
pas fans inconvénient ; & l’on voit périr touts les
ans dans les provinces une foule de jeunes gens ,
faute de ne les avoir pas employées avec affez dé
circonfpeâion. Je. confeille à la jeuneffe de fe fervir
de calebaffes , 16. fqu’elle fe trouvera privée d’un
•»maître en état de 1 inftruire dans l’art de nager. Mais
il ferait imprudent de s’expofer avec ce feul fecours
dans des endroits profonds ou rapides , & dé
• faire de longs trajets. Livré à vous-même par l’abandon
de vos calebaffes , qui pourroient fe détacher
ou fe. brifer , vous deviendriez1 infailliblement
la viâime de votre imprudence. D ’ailleurs , il eft:
- effentiel de n’employer un tel guide que dans les
premières femaines de votre apprentiffâge ; car jé
vous préviens que fi la timidité vous empêché
d’effayer vos propres forces , vous ne deviendrez
jamais un bon nageur.
Naufrage fans péril du chevalier de Lanquer.
Le chevalier de Lanquer, penfionné du Portugal,
fit imprimer en 1675 un livret d’une cinquantaine
de pages, fous le titre de Naufrage fans vêril, &
dont l’objet étoit de nous apprendre à braver les
dangers de la mer. Cet aventurier propofe-dans
fon ouvrage une machine que l’on peut porter dans
fa poche , & à l’aide de laquelle on peut paffer les
fleuves les plus profonds & traverfer les mers ,
fans même mouillerfes habits ni fes armes , & fans
éprouver aucun froid. Une telle machine , fi elle
! exiftoid, ferait fans doute le préfent le plus pré*-'
i çieux. qu’un homme pût faire àd’humanité. Mal-'
! heureufement fon auteur, qui paraît n’avoir été
quua charlatan., a jugé à propos de nous en déro?