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l'a ns fentir l’épée de l’ennemi & fans oppofei*.
XVIII. Quand on ne fent pas l’épée de l’ennemi,
on ne détache l’eftocade que lorsqu’il eft
ébranlé par une attaque.
XIX. La meilleure de toutes les attaques eft le
coulement d’épée; parce que le mouvement en eft
ccwirt & fenfible , & qu’il détermine abfolument
l’ennemi à agir.
XX. A la fuite d’un coulement d’épée , on peut
faire une feinte pour mieux ébranler l’ennemi.
XXI. Ne détachez pas l’eftocade où l’ennemi fe
feroit découvert, parce qu’il veut vous faire donner
dedans ; mais fi votre attaque le force à fe découvrir
, vous pouvez hardiment détacher la botte.
XXII. Toutes les fois que vous parez ou pouffez
, effacez. Voye^ Effacer..
XXIII. Quand vous parez ou pouffez , ayez
toujours la pointe plus baffe que-le poignet.
XXIV. Quand l’ennemi pare le dedans des armes
, il découvre le dehors ; & quand il pare le
dehors , il découvre le dedans, &c. . ‘
XXV. On ne peut frapper l’ennemi que dehôrs
les armes ou dedans les armes.
XXVI. Tenez toujours la pointe de votre épée
\is-a-vis l’eftomac de l’ennemi.
XXVII. Si l’ennemi détourne votre pointe d’un
côté, faites-la paffer de l’autre en dégageant.
XXVIII. Que votre épée n’aille jamais courir
après celle de l’ennemi , car il profiteroit des découvertes
que vous lui feriez; mais remarquez fon
pied droit, & n’allez à la parade que lorfqu’il le
détache. Vaye% Aller A l’épée.
XXIX. Après une attaqué vive , faites retraite.
XXX. L’ennemi percera toujours le côté qui eft
à découvert ; c’eft pourquoi il ne faut pas allonger
l’eftocade fur cet endroit. Mais feindre de la porter
pour le prendre au défaut.
Méthode d'enfeegnement.
1.11 faut pofter fon écolier en garde. V. G arde.
IL Le faire étendre autant qu’il feroit poflible ,
lui faifant tourner la main droite de quarte & de
tierce , la tête ,1e co rp s le s bras & les jambespor-
tés dans le principe.
III. Le faire retirer en garde fans baiffer le poig
n e t , ayant toujours le pied gauche ferme, à plat,
à terre & la hanche droite cavée.
IV. Etant en garde , lui faire approcher les deux
talons l’un de l’autre , roidiffant les jarrets , s’élevant
droit fur fes pieds, le poignet droit tourné
lès ongles en-deffous devant le milieu du corps , la
pointe de l’épée baffe St le bras gauche pendant à
côté de foi.
V . Etant ferme fur fes pieds, lui faire lever les
'deux bras, & paffer le poignet droit d’abord au-
deffus de l’oreille gauche, les ongles tournés en-def-
fous , le bras en demi-cercle, paffant la lame par-
tleffus l’épaule gauche , faifant le cercle par derrière
la tête, étendant en même temps le bras., lâchant
le pied gauche en arrière de la longueur de
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deux grandes femelles, fans remuer le pied droit J
puis fe remettre dans la garde qu'il eft dit.
VI. Ap rès lui avoir fait plufieurs fois la même
chofe, le faire frapper du pied droit, le corps porté
fur la partie gauche.
VII. Etant ferme fur fes jambes , lui faire avancer
le pied droit devant, faifant fuivre le pied
gauche, & dégager l’.épée , le_poignet tourné quarte
en tierce , les ongles en-deffous, & de tierce en
quarte, les ongles en-deffus , ce qui s’appelle dégager
, marcher de tierce ; & dégager, marcher de
quarte.
VIII. Le faire reculer a grand pas le pied gauche
le premier, faifant fuivre le pied droit après le
gauche ,1e corps ferme & porté fur la partie gauche.
IX. Lui faire parer la tierce & la quarte avec le
fort du tranchant de l’épée du dedans des armes,
reculant à fur & à mefure qu’on avance fur lui en
dégageant, ce qui s’appelle ,
X. Le faire parer du même tranchant d’épêe la
tierce & la quarte , retirant le bras à foi en rejet-
tant les coups de côté en en-bas , c’eft-à-dire , parer
fec en bandollière & de toute l’épée, les épaules
effacées, le corps en arrière & la hanche droite ,
cavée.
XI. Lui faire lever l’épêe plufieurs fois, & la ra-
baiffer pour fe remettre en garde de bonne grâce,
en frappant du pied droit chaque fois , ayant le
pied gauche ferme & à plat par terre , le jarret gauche
plié, le corps en arrière, & foutenu fur la
partie gauche ; dans cette attitude le faire tirer &
parer î’onvent au mur.
XII. Lui faire faire le falut d’armes dans le principe
qu’il eft dit, & le faire tirer le long, de la lame
du fort au foible fans forcer de quarte , de quarte
coupée, de tierce , de fécondé & de flanconnade,
avec les parades defdits coups»
XIII. Lui faire faire des retraites & rentrer en
mefure dans le principe qu’il eft dit, & des appels
du pied d ro ita v an c e r , reculer , & refter de pied
ferme à propos , avec les. parades du cercle , oppo*
fition de la main gauche & contre-dégagement ,
tentement d’épée & coulée fur fa lame.
XIV. Lui faire faire généralement tomes les
feintes, Amples , doubles, en trois temps , battements
d’épée, coupés fur pointe , demi-bottes,
coups repris , coups d’épée perdus , prendre fur
Les temps, les paffes, faififfemens d’épée , demi-
voltes. , voltes , défarmemens, lorfque l’écolier
feroit en état de répondre à touts les mouvements
néceffairés pour acquérir la perfeéïion des armes,
& fur-tout revenir toujours à l’épée ennemie à chaque
mouvement.
Comme la plus grande partie des jeunes gens
qui apprennent à tirer des armes , fe Iaiffent emporter
à une bouillante ardeur, fans faire attention
aux bons principes qui leur font enfeignés par les
maîtres , & veulent frapper leur adverfaire fans prévoir
le danger où ils s’expofent d’êtré frappés de
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même'temps, ilfaudroit conféqnemment dés volumes
entiers pour leur démontrer combien la
prudence eft néceffaire pour pofféder l’art dés armés
dans fa perfection ; c’eft ce qui m’a donne
lieu , pour abréger , de donner les avis fuivans.
I. Ne vous mettez point en garde dans la mesure
de l’ennemi, pour n’être point furpris.
II. Ne foyez point prévenu en votre faveur ; car
l’habileté d’un autre peut furpaffer la vôtre.
III. Ne faites point de temps inutiles , crainte
d’être furpris par l’ennemi.
IV. Il faut feindre d’appréhender un entreprenant
, pour l’obliger à vous donner occafion de le
furprendre.
V. Il faut dans votre garde , que touts les mouvements
foienr oppofés à ceux de l’ennemi. v
VI. L’habileté confifte à cacher fon deflein & a
découvrir celui de l'ennemi pour en profiter.
VU. Si vous avez à faire contre un timide, at-
taquez-le vigoureufement , c’eft le moyen de le
mettre en défordre. x .
VIII. Attachez-vous à refter de pied ferme , a
avancer & à reculer à propos.
IX. Dans une affaire férieufe la parade eft excellente
, mais les habiles gens combattent plus de tête
que de la main.
X. Pour acquérir l’expérience des armes , il faut
avoir l’application & la pratique.
XI. La perfe&ion des armes confifte en cinq
qualités nécéffaires qui font inféparables ; fçavoir,
la connoiffance, la vîteffe & la jufteffe d’accord
avec l ’oeil & la main.
XII. Et fi vous êtes affez heureux pour pofféder
l’art des armes dans fa perfe&ion , que ce foit pour
être plus fage , afin de ne jamais tirer l’épée ,
comme il en déjà dit, que pour le fervice du r o i,
le foutien de la religion, & pour la défenfe de votre
vie." 1
Les voltes , les paffes, les doubles feintes & les
prifes furie temps , font trop dangereufes dans
une affaire férieufe; c’eft pourquoi attachez-vous
àune bonne parade & une bonne ripofte.
Gomme les gardes baffes & les parades de la
main gauche ne Iaiffent point que d’être embarraf-
fantes, il faut fe tenir hors de mefure , & ne les
attaquer que par des appels du pied , des demi-
bottes & petites feintes courtes , pour faire partir
leur main gauche ; & dans le mêni£ temps qu’ils
tirent , je fais parer en avançant oc oppofant la
main , puis l’épée faifant le tour de leur bras gauche,
tirer à fond fur la poitrine; enfuite redoubler
, toujours la main oppofée , & faire retraite
l’épée devant foi.
Il ne faut fe fervir dans Une affaire férieufe que
de bonnes parades, fèches & courtes , des ripoftes
fermes, avec oppofitions de la main gauche dans
le principe qu’il eft expliqué pages 35 ,3 7 & 39 ,
étant bien en garde, la hanche droite , extrêmement
cavée , le corps baiffé , les épaules effacées
autant qu’il eft pofiîble , ferme fur fes pieds.ôc l’é-
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| pée devant fol ; dans cette attitude on eft en état
de parer & de tirer à tous événemens, fans quitter
la lame ennemie , oppofant toujours la main gau-
• che au devant du corps, comme il eft dit , r& fans
. baiffer le poignet on peut avancer fur l’ennemi,
foit qu’il tire ou non , en tirant ferme du fort au
foible le long de la lame , tierce , quarte , deffus ou-
deffous les armes , de bons battements d'épée fecs,
des demi-bottes, de petites feintes bien courtes &
à propos, ce fera le moyen de vaincre & de fè garantir
dans le combat.
Pour connoître la façon de combattre de l’ennemi
auquel on aura à faire , il faut, autant qu’il
eft poflible , fe tenir hors de mefure , & ne l’attaquer
que par de petites demi-bottes , tenant bien
l’épée devant fo i, pour le faire partir le premier,
afin d’être en état de parer & de ripofter à propos.
Si vous avez à faire contre des gardes hétéro--
dites , & qui vous foient inconnues , tâchez de les
imiter, & revenez néanmoins toujours à la méthode
d’attaquer par des demi-bottes hors de mefure,
avec l’épée devant fo i, le corps en arrière.
A des gardes hautes , attachez-vous à tirer des
coups de deffous, & revenez toujours à l ’épee à
touts les mouvements que l’ennemi peut faire fan«
en négliger aucun , afin de ne point vous laiffer
furprendre.
A des gardes le poignet bas & la pointe haute ,
attachez-vous à tirer les coups le long de la lame
du fort au foible , lê$ feintes de tierce & de quarte |
& aux battements d’épée fermes & courts coupés
fur pointe.
A des gardes baffes, attachez-vous à tirer les
coups de deffus, & aux feintes baffes pour tirer à
la-découverte.-
A des' gardes baffes, tenant l’épée à côte de la
cuiffe droite, & parant de la main gauche; attachez
vous à marquer des demi-bottes vis-à-vis la
poitrine, pour faire partir la main ; & lorfqu’ellc
va à la parade , tirez deffus ou deffous le bras gauche
, faifant faire le tour du bras à la pointe, fiu-
vant ladite main gauche , & oppofant la votre a
Tépée ennemie.
ESTOCADE ou hotte. C’eft un coup de pointe
; quelconque qu’on allongea l’ennemi.
On peut terminer une eflocade de trois façons ,
dedans les armes , fous les armes & en ftancon-
nade. Voyez ces mots.
FEINTE. Attaque qui a l’apparence d’une botte,
& qui détermine l’ennemi à parer d’un côté , tandis
qu’on le frappe d’un autre.
Pour bien faire une feinte il faut i®. dégager.
Voye^ Dégagement volontaire , & faire le
mouvement de porter une botte fans avancer le
pied droit ; &°. dans l’inftant que l'ennemi pare
cette fauffe botte , vous évitez la rencontre de foa
P p ij