
46 CHE
par deffous, afin qu'ils foient déliés & longs ; cela
contribue à la beauté de la crinière : d’ailleurs les
crinières trop épaiffes font fujettes à la craffe , qui
engendre la gale , fl on n’a foin de les laver tous
les jours à fond & non fùperficiellement, afin de
bien nettoyer la racine des crins.
Du Garot«
Il faut que le garot foit é le vé , long & décharné,
enforte qu’il n’y ait, pour ainfi dire , que la peau
fur les os. Non-feulement ces qualités dénotent la
force d’un cheval, mais elles lui rendent les épaules
plus libres elles font néceffaires pour empêcher
la felle de tomber fur les épaules, car cela caufe-
roit de grands accidents dans cette partie. Lorfque
Je garot eft rond & trop charnu, il eft très-fujet à
fe bleffer, & la plaie eft longue & dangereufe dans
çet endroit.
Quoique le garot élevé foit une qualité à eftimer
dans un cheval de felle, il faut prendre garde qu’il
ne le foit trop pour les chevaux qui portent la
trouffe de fourage à l’armée, & aufli pour les chevaux
de bât, car les uns & les autres font três-fu-
jets à être eftropiés dans cette partie,
Des Epaules.
Les épaules, pour être bien faites, doivent être
plates, peu charnues, larges, libres & mouvantes.
Les défauts contraires à ces qualités font lorfqu’un
cheval eft , ou trop chargé d’épaules, ou trop ferré,
ou lorfqu’il les a chevillées.
On appelle un cheval chargé d’épaules , lorfqu’il
les a trop greffes, charnues & rondes , & quand
le joint de l’épaule , qui eft l’endroit où porte le
poitrail de la felle, eft trop avancé, & qu’avec cela
il y a trop de diftance d’un bras à l’autre ; ce qui
provient auffi de ce que la poitrine eft trop large &
trop ouverte. Un cheval trop chargé d’épaules eft
fujet à broncher, à moins qu’il ne les ait naturellement
mouvantesainfi les chevaux qui ont ce défaut
ne font pas bons pour la fe lle , mais.ils font
excellents pour le tirage , parce qu’ils donnent
jnieux dans le collier , & qu’ils ne font pas fujets
à être écorchés par les harnois.
Il y a des chevaux qui ne paroiffent pas chargés
d’épaules pardevant, & qui le font dans l’endroit
où portent les arçons de devant de la felle ; lorfque
çette partie eft épaiffe dg chair , le cheval n’eft pas
fi libre des épaules, & n’ eft pas propre pour la
chaffe & pour les courfes de vîteffe , quoiqu’il
puiffe fiervir à d’autres ufages,
Qn doit remarquer que le «défaut d’avoir beaucoup
d’épaules, qui eft trèsconfiderable pour quel-,
ques chevaux françois, eft une qualité à eftimer-'
dans les chevaux d’Efpagne ,• dans les Barbes &
autres des pays méridionaux, ou dans les poulains
qui fortent d’étalons nés dans ces climats , parce
que ceux-ci pèchent ordinairement pour avoir les
épaules trop ferrées.
CHE
Le chevalTerré d’épaules, eft celui qui n’a pa$
la poitrine affez ouverte ; enforte que fe trouvant
trop peu de diftance d’un bras à l’autre, les épaules
fe trouvent ferrées l’une près de l’autre. Ce- défaut
eft très-confidérable ; car les chevaux qui n’ont pas
affez d'épaules manquent de force ordinairement,
ne peuvent pas facilement déployer les bras pour
bien galoper , font fujets à tomber fur le nez, à
fe croifer & à fe couper en marchant. Les anglois,
qui font très-connoiffeurs & très-curieux en cht-
vaux de courfe & de chaffe, examinent avec beaucoup
de foin les épaules d’un cheval, & jugent de
fa force par la ftru&ure de cette partie. Ils veulent
que l’os de l’omoplate , qui e ft, à proprement parle
r, l’épaule, non-feulement foit large, plat & libre
, mais ils veulent encore qu’il defeende bas
au-deffous du garot, c’eft-à-dire, qu’ils prétendent
que plus il fe trouve au-deffous du garot, ce qui
rend le garot élevé , plus libre en eft le mouvement
de l’épaule, & c’eft avec raifon.
Un troifième défaut effentiel, eft lorfque les
épaules font chevillées, c’eft-à-dire, engourdies ,
liées & fans mouvement, ce qui rend la démarche
d’un cheval rude & incommode, parce que le mouvement
vient feulement du bras & de la jambe.
Ces chevaux font fujets à broncher, pèfent à la
main pour fe foulager, & font bientôt ruinés des
jambes.
Lorfqu’un cheval qui a les épaules chevillées ,
après quelqu’exercice qui l’aura échauffé, vient à
fe refroidir , il demeure roide , comme s’il étoit
fourbu. On remarque aufli que quoique ce foit une
bonne qualité pour un cheval de felle d’avoir les
épaules plates & décharnées ; fi cependant elles
font trop fèches , enforte qu’on voye les os avancer
fous la peau , ces chevaux les ont ordinairement
chevillées, & ne peuvent pas fupporter dè
grands travaux.
Il faut çncore faire attention à certains chevaux
q u i, quoiqu'ils lèvent la jambe fort haut & avec
beaucoup de facilité, ont cependant les épaules
chevillées j ce qu’il eft aifé de remarquer ? en prenant
garde que ce beau mouvement en apparence
ne vient que du bras, & que l’épaule n’y participe
point.
Enfin tout cheval trop chargé, ou trop ferré d’épaules
, ou qui les a trop fèches, & qui n’a point
cette partie naturellement libre & mouvante , ne
peut jamais paffer pour un cheval de maître, & a
le devant bientôt ruiné.
Du Poitrail»
Lorfqu’un cheval a les épaules bien faites , ordî>*
nairement le poitrail ou la poitrine l’eft aufli. Cette
partie doit être proportionnée à la taille du cheval ;
les gros chevaux & les roufljns ontprefque toujours
la poitrine trop large & trop'ouverte, ce qui
les rend pefans & par conféquent excellents pour
le tirage : ceux de légère taille au contraire, pèchent
fouvent pour avoir cette partie trop étroite} enforte
C H E
Hue c’eft un« qualité Pour ceux-ci que de l’avoir
lar?e & ouverte. , . m
Ouand le poitrail eft trop avance g ce qm fe
connoît lorfque les jambes de devant font retirées
fous le derrière des épaules , ce défaut eft confide-
rable pour les chevaux de felle; il eft dangereux de
galoper fur de tels chevaux, parce qutls font fu-
fflg a tomber fur le nez, & à s’appuyer fur le mors.
|---j---- ' .
ibère dont un cheval place les pieds, . ,
La longueur des jambes doit êtré proportionnée
à la taille du cheval. Lorfqu’ il eft trop élevé furfes
Ïambes , on l’appelle haut monté , & c eft une dinor- ;
: mité d’autant plus conftdérable, que ces fortes de
chevaux ne font pas affurés fur leurs jambes t au
contraire, lorfqu’elles font trop courtes, ce qu on
appelle bas du devant-, nbn-feulement c eft un defaut
qui fait aller un çheval fur la main & lur les
épaules , mais qui fait tomber la felle fur le garot.
Les juments font plus fujettes que les chevaux a
être baffes du devant. ^
Les jambes bien fituées doivent etre un peu plus
éloignées l’une de l’autre près de l’épaule que près
du boulet; & elles doivent tomber par une feule
ligne droite depuis le haut du bras jufqu au boulet.
Un cheval en marchant doit pofer les pieds a
plat, tant ceux de devant que ceux de derrière:
quand il pôfe le talon le premier , c’eft ordinairement
un figne qu’il a été.fourbu , & quand il pofe la
pince la première, ce qui le fait nommer cheval
rampin , c’eft fouvent une marque qu’il a tire a la
charrue ; quelquefois aufli une écurie mal pavee
lui occafionne ce défaut, parce qu’il fait entrer la
pince du pied entre deux pavés -, fituation qui eft
caufc que les tendons fe retirent avec le temps.
Les pieds , foit de devant, foit de derrière , ne
doivent point être tournes ni en dehors ni en dedans
, & la pince du pied doit être par conféquent
directement en avant.
Après ce premier examen , il faut enfuite détailler
toutes les parties de la jambe en commençant
par le coude.
Du Coude.
Le coude ne doit être ni trop ferré prés des
côtes, ai trop ouvert en dehors. Un cheval qui a
le coude trop ferré, porte la jambe & le pied en
dehors , & celui qui l’a trop ouvert, porte les jambes
& les pieds en dedans. Ces deux fituations
non-feulement font mal placer les jambes, mais
marquent en même temps de la foiblefte dansicette
partie.
Du Bras•
La plus grande force de la j.ambe réfute dans le
bras, c’eft pour cela qu’il doit paroître nerveux &
C H E 4 7
large, lorfqu’on le regarde de côté ; 8c ce qui en
augmente la force ,• c’eft lorfque les mufcles qui
font en dehors font gros & charnus.
On remarque dans la plupart des chevaux qui
ont le bras lo n g , qu’ils fe laffent moins, & qu’ils
font plus en état de réfifter au travail ; mais que le
mouvement delà jambe n’en eft pas fi relevé. Quand
au contraire le bras eft court, le mouvement & le
pli de la jambe en font ordinairement plus beaux.
On tire de cette remarque une conféquence ; fça-
voir , qu’un cheval qui a les bras courts eft bon
pour le manège & pour la parade, & que celui qui
les a longs, eft infiniment meilleur pour la fatigue.
Dû Genou.
Le genou doit être plat & large, & n’avoir que
la peau fur les os. Les genoux ronds & enflés, dénotent
une jambe travaillée ; & lorfqu’ils font couronnés,
c’eft-à-dire, que le poil manque au milieu
du genou à force de tomber deffus en marchant ,
c’eft une marque certaine de jambe ufée , à moins
que cela ne foit venu d’accident, comme il arrive
à ceux qui fe donnent des coups au genou contre
la mangeoire.
On doit faire encore attention à la fituation du
genou. Lorfque le cheval étant en place, a le genou
. plié en avant, & que les jambes fe retirent en
deffous depuis le genou jufqu’au boulet, ce qui lui
fait paroître la jambe comme pliée en deux ; cette
1 défeâuofité s’appelle jambe arquée , parce qu’elle
prend la forme d’un arc, ce qui eft une preuve que
les nerfs fe font retirés par un grand travail, & ordinairement
les jambes leur tremblent après avoir
marché.
Il y a des chevaux qui naiftent avec des jambes
arquées : on les appelle brajjicourts , & alors ce n’eft
qu'un vice de conforma don naturelle , qui ne vient
point de jambes travaillées ; fi on regarde ces chevaux
du côté du fervice, cette difformité ne doit
point empêcher de les acheter. Beaucoup de barbes
& de chevaux d’Efpagne font fujets à avoir les jambes
arquées, parce qu’on leur met des entraves
dans l’écurie, ce qui leur fait mal placer les jambes
& les rend arquées avec le temps.
Du Canon,
L’os du canon doit être uni, gros & court à pro-
portion de la jambe & de la taille du cheval.
Quand l’os du canon eft trop menu, c’eft une
marque de foibleffe de jambe. Cependant les chevaux
turcs & autres des pays chauds, ont prefque
tous le canon menu , & avec cela les jambes excellentes,
parce que la chaleur du climat confolide
cette partie & en augmente la force : mais dans les
pays froids & humides , tout cheval qui a le canon
trop menu, n’a point de force dans les jambes.
Il ne doit y avoir le long de l’os , ni en dedans
ni en dehors, aucune groffeur, comme fur os , çffe-
ïets , fufées, accidents qui furviennent au canon, &.
dont nous parlerons dans la troifième partie.