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l’air, les talons battent une ou plufieufs fois 1 un
contre l’autre; & quand on les paffe l’une par-def-
fus l’autre par fois, cela s’appelle entrechat.
Le faut de bafqueeft un coupé fauté en tournant
; on appelle auffi le faut majeur , cabriole ,
lorfqu ’on remue les pieds en l’air ; quelques-uns
l ’appellent cadence. V . C o u p e , C a b r io l e , & c .
SISSONNE ( pas de). Il s’exécute de la maniéré
fuivante. .
Ce pas renferme deux façons differentes de fauter
; favoir, i°. plier pour fauter & retomber plié ;
2°. étant plié fe rélever en fautant. Ainfi, fi l’on
veut faire ce pas du pied droit, ayant le corps pofé
fur le pied gauche , il faut plier dedus ; & alors la
jambe droite qui eft en l’air s’outfre du même
temps à côté ; mais lorfqu’on fe relève en fautant ,
elle fe croife devant la gauche a la troifieme pofition
en tombant fur les deux pieds. On refie plie
pour fe relever, en fautant du même temps fur le
pied droit.
Le pas de fjfonne fe fait de même en arriéré,
excepté qu’au lieu de prendre le mouvement de
derrière pour venir en avant, il doit fe prendre de
la jambe de devant pour le palier derrière en tombant
fur les deux pieds, & en fe relevant fur la
jambe qui a paffé derrière.
11 y en a un autre qui fe fait à-peu-près de même,
excepté qu’on fe relève au premier faut fur le pied
de derrière, & qu’en fautant on plie fur le pied
gauche, mais on retombe fur les deux pieds. Au
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fécond faut l’on fe relève fur le pied gauche, & le
pied droit refie en l’air pour prendre un jj autre pas
de ce pied.
On le fait aufïi en tournant ; c’efl la même manière
de tomber fur les deux pieds & de fel relever
fur un pied ; il n’y a que le contour que le corps
fait qui en indique le changement, parce que les
jambes étant faites pour fupporter le corps , elles,
le fuivem dans touts fes mouvements.
T.
TOMBÉ. Pas qu’on exécute en s’élevant d’abord
fur la pointe du pied, & en pliant après le pas.
Veut-on faire, par exemple , un pas tombé du pied
droit, il faut avoir le corps pofé fur le pied gauche,
& les jambes écartées à la fécondé pofition, s’élever
fur le pied gauche pour faire fuivre la jambe droite
jufqu’à la cinquième pofition , ou on la pofera entièrement
à terre. Là en pliant le genou on fera
lever le pied gauçhe, Et le genou droit s’étendant,
obligera à fe laifler tomber fur le pied gauche à la
fécondé pofition, ce qui eft un demi-jetté, qui fe
fait en fautant à demi.
Qn prévient ce pas par un autre qui lui fait chanv
ger de nom. Il peut être devancé , par exemple ;
par un coupé ou un temps grave, & même très-?;
fouvent par un pas ademblé, ce qui lui fait porter
le ncim de gaillarde« Voye^ Gaillarde«
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L’ A R T D E N A G E R .
De [on
O N a dit & plufieurs gens inflruits ont répété ,
que l’homme nageoit naturellement , comme le
poiflon ou l’oifeau aquatique, & que la frayeur
feule l’empêchoit de mettre à profit une faculté
aufli intéreflante pour fa confervation. Cette opinion
a été rejettée par Borelli ,' ( de motu animal.
ch. 33 , prop. n B ). Il eft vrai que l’homme en
nageant n’eft pas dans une pofition qui lui foit naturelle.
Touts fes mouvements annoncent là gêne
qu’il éprouve ; & le foldat le plus intrépide , le nageur
le plus confommé dans fon art, l’homme en
un mot que la peur n’ébranla jamais dans les dangers
les plus imminens, n’eft pas moins fujet à fe
noyer que le néophite. Voilà pourquoi , comme
l ’obferve Borelli , l’enfant qui tombe dans un
fleuve, & l’infenfé qui s’y précipite, y perdent in-
conteftablement la vie. Confidérez au contraire le
quadrupède; voyez avec quelle adrede il brave la
fureur des flots ; quelle contenance affiirée il montre
au milieu même de l’élément dont il n’a jamais
approché ! Il ne nage pas ; il marche ; fes pieds fem-
blent tracer des pas femblables à ceux qu’il fait fur
la terre ; & s’il ne rencontre aucun obftacle qui
l ’empêche d’aborder le rivage , vous le verrez tra-
verfer impunément les fleuves les plus larges 8c les
plus rapides. Cependant chez les Nègres & plufieurs
autres nations, les enfants vont à la mer ou à
la rivière voifine dès qu’ils peuvent fe traîner, entrent
dans l’eau fans crainte, s’edayent peu-à-peu,
& favent nager auflitôt que marcher ; mais il fe peut
qu’on leur donne d’abord un peu d’aide & defe-
çours.
Toutes les nations de la terre , confidérant la
profeffion de nageur, moins comme une faculté naturelle
à l’homme , que comme un art véritable,
t>nt eu foin d’y former leurs enfans dès le bas-âge.
Toutes, perfuadées de l’importance d’une feience
qui nous paroît aujourd’hui fi frivole, ont eu le
louable ufage d’infpirer à la jeunede du goût pour
le bain. Les Egyptiens, dont le pay s , coupé de
toutes parts par une foule de canaux , offroit partout
des dangers à celui qui ne s’étoit pas familia-
r'ifé avec les eaux , faifoient de l’art de nager une
partie edentielle de l’éducation publique. Les Grecs
établirent chez eux la même inftitution ; & le goût
que ce peuple avoit pour le commerce de mer, le
métier de pirate qu’il exerça longtemps, cette multitude
d’îles, dont la région qu’il habitoit étoit par-
femée, tout l’invitoit à ne pas négliger une ref-
fource dont il pouvoit tirer un grand avantage en
bien des cireonftances. Hérodote rapporte que
Scyllias de Macédoine rendit fon nom célèbre fous
Equitation, Efcrime & D an fe.
utilité.
le règne d’Artaxercès Memnon, en faifant fous les
eaux de la mer huit ftades, pour porter aux Grecs
la nouvelle du naufrage de leurs vaideaux. Les habitants
de l’Archipel, marchant à cet égard fur les
traces de leurs ancêtres, font encore pour la plupart
de fort bons nageurs ; & Tournefort nous apprend
que dans l’ifle de Samos , on ne marie guères
les garçons qu’ils ne foient en état de plonger fous
l’eau, au moins à huit brades de profondeur.
On fait quelles furent à ce fujet les maximes des
Romains. L’art de nager faifoit à Rome une partie
fi importante de l’inftitution de la jeunede, de
touts les ordres & de toutes les conditions , que
l’on y confidéroit comme un ignorant quiconque
ne lavoir pas appris. Pour caradérifer un perfon-
nage gromer,un homme fans éducation , un ancien
proverbe difoit qu’il ne favoitnilire ni nager.
On exerçoit les foldats dans cet art avec autant de
foin que nous en mettons à leur apprendre les évo*
lutions qui forment le principal objet de notre tac*
tique moderne ; & les plus grands généraux qu’ait
eu la république , Céfar, Pompée , Marc-Antoine
, favoient parfaitement nager. Auffi , en
pourfuivant l’ ennemi, rien n’arrêtoit ces guerriers.
Couverts de fueur , épuifés par la fatigue , criblés
de bleffures, on les voyoit fe jetter à la nage , &
traverfer les rivières ou les lacs avec une célérité
incroyable. De-là, tant de padages de fleuves exé*
cutés par des armées entières, & qui nous étonnent
aujourd’hui ; de-là, cette vigueur mâle , ce
tempérament robufte , cette fanté parfaite dont
jouidoit le plus grand nombre des foldats Romains
; de-là la rareté des maladies épidémiques
dont les fréquens ravages affligent les nations mo»
dernes énervées par le plaifir , la mollede & l’intempérance
; de-là enfin , cette population nom-
breufe qui couvroit l’Europe, malgré le fléau def-
truéleurdes combats.
Il eft vraifemblabié que les Gaulois, nos ancêtres
, furent originairement! de bons 'nageurs. La
pofition de leur pays prefque environné de la mer,
& coupé par plufieurs rivières , la paffion qu’ils
avoient pqur la pèche, la malpropreté de leurs habits
, & fur-tout l’exemple des autres peuples ,
leurs voifins , tout cela les invitoit à (e familiari-
fer avec un élément dont ils tiroient upe partie de
leur fubfiftance. Il paroît d’ailleurs par le récit de
Jules-Çéfar, que les foldats de cette nation pourvoient
traverfer au befoin les riyieres qui s’oppo-
foient à leur p^dage, & qu’ils étoi.ent adez verfés
dans l’arvt de nager, pour fauyer avec eux les plus
préciçux de leurs effets, fans craindre de périr.
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