relie plus qu’à les affembler ; mais c'eft ce qui Ce
fait en tant de manières, que fi je puis y réuflir ,
•comme je l’efpère, j’aurai lieu d’être fatisfait de
mes réflexions , dit l’auteur ».
Nous allons voir comment l’auteur y réuffit.
Ges deux lignes ~HZ indiquent que le pied droit
commence & achève fon mouvement, & que le
pied gauche commence & finit le fien après ; ce
qui eft marqué par la ligne de deffus qui eft pour
le pied droit, laquelle précède l’autre félon notre
manière d’écrire de gauche à droite; la ligne de
deffous eft pour le pied gauche ; elle n’eft tracée
iju’après que l’autre a fini ion mouvement.
Ces deux autres lignes_ font counoitre que
le pied gauche commence & finit fon mouvement,
& que le pied droit commence & achève le fien
après.
Ces deux autres lignes__ indiquent que le
pied droit commence fon mouvement , & que
dans le milieu de celui-ci le pied gauche commence
le fien , qu’ils continuent enfemble , que
le pied gauche achève après.
Ces deux lignes ~ font connoîrre que le pied
droit & le pied gauche commencent enfemble , &
que le pied droit finit fon mouvement après celui
du pied gauche.
Cesdeux autres lignes _ font connoître que le
pied droit commence le premier fon mouvement,
& que le pied gauche commence après, qu’ils continuent
enfemble, & finirent en même temps.
Ces deux autres lignes _ font connoître que
le pied droit & le pied gauche commencent & finif-
fehr enfemble.
Ainfi de toutes les combinâifons poftibles deux
à deux des lignes repréfentées, fig. 19 , 2 0 y 2 1 ,
2 2 , ' 2 î , 24, dont il feroit trop long de faire l'énumération.
Les fig. 3 7 ,3 8 , 39, ont déjà fait connoître trois
fituations; les trois fuivantes en représentent encore
d’autres : ainfi par la fig. 40 , on verra le pied
droit devant le corps , & le pied gauche derrière.
Par la fig. 41» on verra le pied droit devant &
de côté, & par conféquent le pied gauche derrière
de côté.
Par la fig. 4* » on verra la fitnation qu’on appelle
croifée , le pied droit devant la partie gauche dti
corps., & le pied gauche devant la partie droite ; &
vice verfâ de toutes les combinâifons dont ces arrangements
font fufceptiblés.
Ces trois derniers exemples qui montrent les fituations
ou pofirions naturelles peuvent encore
être enfemble ou écartés, en y ajoutant le point ou
la petite ligne.
Toutes ces fituations pourront etre un pied en
l ’air, en donnant à la lettre qui repréfente ce pied
la marque de cette eirconftance , qui a été ci-deva.
nt expliquée. Nous allons pafièr aux exemples
deTemploi de la ligne marché.
X Jafig. 43 , reprèfente la fitnation ou pofitjon qui
•çft le pied gauche à terre devant, 6c le pied droit
en l’air derrière. On connoîtra la pofition , en ce
qu’elle fera toujours la première de chaque danfe,
& qu’il n’y aura point au* deffous de ligne marché; les
differentes pofitions des pieds qui pourraient y être,
étant afiVz démontrées précédemment pour les connoître.
Cette-pofition tient dans la danfe lieu de
clé , dont l’ufage en mufique eft de faire connoîrre
le ton & le mode de chaque air, & le premier fon
par lequel il commence ; de même celle-ci montre
le lieu de la falle où la danfe doit commencer, en
fe la repréfentant toujours comme renfermée dans
les reélangles formés par les lignes verticales & les
portées de mufique fur lefquelles on écrit la danfe.
De cette fituation on paffera à la fécondé ^ f ig .
44 ) où l’on remarquera qu’il faut marcher ce qui
eft marqué par la ligne qui repréfente ce mouvement,
laquelle eft décrite au - deflous de la figure
qui représente la falle. Mais comme cette ligne
marché fuppofe que l’un des deux pieds d’où faire
un mouvement, on connoîira que c'eft le pied
droit, puifque la lettre d eft feule dans la falle, &
au côté droit du corps. Mais comme cette lettre eft
décrite la queue retournée à la tête , le pied droit
fe portera en l’air, & cette fituation de pied finira
cette première aétion , & fervira de pofition pour
paffer à la fuivante.
Laj'zg. 45 repréfente qu’il faut marcher le pied
droit à terre de côté : après ce mouvement on for-
tira de terre le pied gauche , qui doit refter en l’air
au-deffus de l’endroit où il étoit pofé. On ne marque
rien pour cette aélion du pied gauches, parce
qu’elle eft néceffaire pour achever lë pas. Lorfque
les mouvements qui fe fuivent fe font par des pieds
différents, la fin de cette aâion eft une fituation
naturelle. Celle des pieds enfemble ou écartés,
fera marquée par un caraâère partieufiér.
La figure fuivanre ( 46 ) repréfente qu'il faut le
pied gauche croifé devant fortant de terre , le pied
droit joignant au derrière du talon du pied gauche.
Cette firuation enfemble étant marquée par un
point qui eft au derrière du corps, ce point fe
place à côté du corps, fi on finit cette awion les
pieds enfemble de côté.
La fig . 47 repréfente qu'il faut marcher le pied
droit à terre de côté, & que le pied gauche fortira
de terre & fe portera écarté en l'air au côté gauche
du corps : cette dernièfe eirconftance eft marquée
par la lettre g féparée du corps par une ligne verticale
, qui fignifie , ainfi qu’il a été dit, que le pied
eft éloigné du corps.
La fig . 48, que l'on ne regardera que comme
l'explication de la 47, repréfentera par conféquent
la même chofe : elle indiquera de plus par les deux
lignes qui y font décrites , que le pied droit marchera
le premier , & le pied gauche marchera en-
fuite ; la ligne de deffous, ainfi qu’il a été dit,
. étant pour celui-ci, & étant poftérieure par rapport
à celle de l’autre pied.
Après «voir donné ces exemples pour la ligno
c h o
mafthi ) Car laquelle on place les fignes des agréments,
comme plié, élevé, fauté, cabriolé, &c.
il eft bon d’examiner ces mêmes marques , pour
connoître toutes les places que le corps peut occuper
fur la ligne de front.
Par la fig. 43 , on verra que le corps eft pofé au
milieu, du côté gauche de la falle ; c’eft la pofition
dans laquelle la fig. 43 le repréfente au même lieu,
puifque l’aétion qui y eft marquée n’oblige point le
corps à faire aucun changement ; le pied en l’air
(pii derrière la pofition le porte en l ’air de côté à la
fig. 44 , laiffant toujours le poids du corps fur le
pied gauche : les fig. 44» 45 » 46^ 47 * Ie repréfen-
tsnt un peu plus éloigné de ce côté , ce qui fe peut
encore en autant d'autres places que l’on jugera à
propos , félon le nombre de pas qui peuvent être
faits en largeur d’une falle ; les fituations fur la longueur
font marquées par les lignes de portées &
les intervalles des mêmes lignes.
En donnant à. toures les places les feize afpeâs
dont il eft parlé ci - deffus , & qui font repréfentés
fig. 1 1 ; il eft certain qu'il n’y a pas un feul endroit
d’une falle, où l’on ne puiffe marquer telle pofition
des pieds & fituation du corps que l’on voudra ; ce
qui eft tout ce que l’on fe propofe de faire quand on
veut écrire line danfe fur le papier.
On écrit aufli dans ce nouveau fyftême 1 air au-
deffus de la danfe, & le tout fur du papier de mufique
Ordinaire , enforte qu’au premier coup - d’oeil
une danfe écrite en cette manière paroit un duo ou
un tno, &c. fi deux ou plufieurs danfeurs danfent
enfemble.
Nous avons promis de comparer enfemble ces
deux manières , nous tenons parole : nous croyons,
quoique l’invention de cet auteur foit irigemeufe ,
ue l ’on doit cependant s’en tenir à celle du fieur
euillet, où la figure des chemins eft repréfentée,
fur-tout depuis que nous y avons fait le changement
communiqué par M. Dupré, au moyen duquel
on connbît la valeur des pas par la couleur de
leur tête, ainfi qu’il a été expliqué dans la première
partie de cet article , l’inconvénient de ne point
marquer les chemins eft bien plus important que
celui qui.réfulte de ne point écrire la mufique fur
les lignes & dans les intervalles, comme quelques
auteurs l’auraient p r o p o f é . 'J ^ l ’article Mu s iq u e ,
où les chofes font diicutéeS. ( D )
Après l’expofition de cet a r t, nous allons placer
ce que M. Noverre, grand juge en cette partie,
pente de fes avantages.
La chorégraphie , dit-il, eft l’art d’écrire la danfe à l’aide de différens fignes, comme on écrit la
mufique à l’aide de figures ou de caractères défi-
gnés par la dénomination des notes , avec cefte
"différence qu’un bon muficien lira deux cents mefures
dans un inftant, & qu’un excellent chorégraphe
ne déchiffrera pas deux cents mefures de
danfe en deux heures. Ces fignes repréfentatifs fe
conçoiventaifément ; on les apprend vite, on les
oublie de même. Ce genre d’écriture particulier à
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notre art, & que les anciens ont peut-être ignoré ,
pouvoit être néceffaire dans les premiers momens
où la danfe a été affervie à des principes. Les maîtres
s’envoyoient réciproquement de petites con-
tredanfes & des morceaux brillans & difficiles , tels
que le 'menuet £ Anjou, , La Bretagne , La mariée, le
pajjé-pied , fans compter encore les folies d’Efpa-
gne, la pavonne , la courante ; la bourrée <T Achille &
L*allemande. Les chemins ou la figure de ces danfes
étoient tracés ; les pas étoient enfuite indiqués fur
ces chemins par des traits & des fignes démonftra-1
tifs & de convention ; la cadence ou la mefurc
étoit marquée par de petites barres pofées tranf-
verfalement, qui diviloient les pas 6c fixoient les
temps ; l’air fur lequel ces pas étoient compofés fe
noroit au-deffus de la page , de forte que huit mefures
de chorégraphie équivaloient à huit mefures
de mufique. Moyennant cet arrangement , on par-
venoit à épeler la danfe, pourvu que l’on eût la
précaution de ne jamais changer la pofition du livre
, & de le tenir toujours dans le même fens.
Voilà ce qu’étoit jadis la chorégraphie. La danfe
étoit fimple St peu compofée, la manière de l’écrire
étoit par conféquent facile, & on apprenoit
à la lire fort aifément. Mais aujourd hui les pas
font compliqués , ils font doublés & triplés ; leur
mèlaage eftimmenfe: il eft donc très-difficile de
les déchiffrer. Cet art au refte eft très-imparfait ; il
n’indique exaûement que l’aélion des pieds; & s’il
nous défigne les mouvements des bras , il n’ordonne
ni les pofitions ni les contours qu’ils doivent
avoir; il ne nous montre encore ni les attitudes
du corps, ni fes effacements , ni les oppa/iiions
de la tête , ni les fituations différentes , nobles 6c
aifées , nécefljiires dans cette partie ; & je le regarde
comme un art mutile , puifqu’il ne peut rien pour
la perfe&ion du notre.
Je demanderois à ceux qui fe font1 gloire d’être
inviolablement attachés à la chorégraphie , & que
peut-être je fcandalife , à quoi cette fcience leur a
fervi ? quel luftre elle a donné à leurs talents ?
I quel verpis elle a répandu fur leur réputation ? Ils
me répondront , s’ils font fincères, que cet art n’a
pu les élever au-deffus de ce qu’ils étoient, mais
qu’ils ont en revanche tout ce qui a été fait de beau
en madère de danfe depuis cinquante ans. « Con-
» fervez, leur dirai-je , ce recueil précieux; votre
» cabinet renferme tout ce que les Dupré, les
» Camargo, les Lany & peut-être même les Blondi
» ont imaginé d’enchaînemens & de temps fubtils,
« hardis ou ingénieux ; & cette colleâion eft fans
» doute très-belle ; mais je vois avec regret que
» toutes ces richeffes réunies n’ont pu vous fau-
» ver de l’indigence dans laquelle vous êtes des
» biens que vous auriez tirés de votre propre
» fonds. Èntaffez tant qu’il vous plaira, ces foibles
» monumens de la gloire de nos danfeurs céiè-
» bres, je n’y vois ot l’on n’y verra que le pre-
» mier trait ou la première penfée de leurs talens ;
» je n’y diftinguerai que des beautés éparfçs, fans