
de nos termes de manège ; témoins celui de voltes.
La fignification de ce mot, qui veut dire marcher
en rond , défigne bien, à la vérité, ce que doit
être cette évolution ; mais il eft difficile d’avoir une
idée précife, & de la figure qui la caraélérife, &
de la manière dont le cheval peut la décrire, à
moins que de fe repréfenter la volte par un doubler
circulairement efquiffé fur deux piftes, pendant
lequel l’avant-main trace un grand cercle qui
en contient un plus petit que l’arriere-main deffine.
A l’égard des conditions requifes pour la fidèle
exécution dune volte , voici toutes celles que
l’équitation impofe aux académiftes. Premièrement,
il Faut entretenir le cheval ployé fur le dedans ,
ou , ce qui revient au même, qu'il regarde dans la
volte. Secondement, il faut que le cheval fe meuve
régulièrement fur deux piftes , en paffant les deux
jambes du dehors par-deffus celles du dedans.
Troifièmement, & enfin, il fau t, non-feulement
que les épaules du cheval entament l’évolution ,
mais qu’elles confervent leur fupériorité fur les
hanches, depuis l’inftant où elles ouvrent la volte,
jufqu’au moment où elles la ferment avec le cercle
qu’elles expriment.
Je crois affez inutile de m’arrêter à définir les
frayions de la volte. Guidé par la defcription que
je viens de faire du produit total, l’élève peut réduire
de lui-même , foit à moitié , foit au quart,
toutes les conditions ci-deflùs établies pojir l’évolution
entière. Je rappellerai feulement à mes lecteurs
que le feul point qui différencie la volte de
fes dérivés, confifte, ainfi que je les en ai dèia
prévenus , dans l’ufagç auquel on les deftine. En
effet, %n mène un cheval fur les voltes, ou pour
le préparer à changer de main fur deux piftes, ou
pour les lui faire exécuter comme air de manège ,
& , dans ce dernier cas, afin de s’affurer de l’obéif-
fance du cheval dont on ne veut pas changer la
direélion. Au lieu que l’ifiùe de la demi ou du quart
de volte étant de replacer le cheval dans la pifte
où il travaille, mais tourné de la tète à la queue,
chacune de ces portions de la volte équivaut toujours
au changement de main.
Comment on exécute une volte , une demi-volte, ou
bien un quart de volte, fur deux piftes.
Quand on a réellement conçu la combinaifon
produétriçe des airs où le cheval fe meut fur deux
piftes, on prévoit auffi-tôt la méthode qui commande
la manoeuvre des voltes, demi-voltes, &
dès quarts de voltes. Il eft certain que la parité des
conditions entraîne l’uniformité des moyens. Ob-
fervons cependant qu’il faut aduellement moduler
la puiffance des rênes, fuivant le nouveau plan 1
qu’on defire tracer; c’eft-à-dire, qu’avec l’inten- :
tion de mener, de deux piftes, un cheval fur la ;
v o lte , il faut bien employer des temps de main
égaux à ceux précédemment adaptés au changement
de main fur deux pi fies , mais avoir foin (Je
les proportionner à la figure projçttée. O r , cette
figure étant compofée de deux cercles concentriques,
dont 1 avant-main décrit le plus large, &
1 arriere-main articule le plus étroit, il en réfulte
que , pour arrondir de deux piftes , une volte régulière
, on doit la faire entamer au cheval, de manière
que le premier quart du cercle des épaules ,
proportion gardée toutefois avec la même divifion
cerc^e c^es A n ches , parte, en s’élevant de la
pifte, pofitivement de deffous le timbre du changement^
de main, & fe termine jufte an milieu de
la Carrière, que le fécond quart du même cercle
commence enfuite précifément au point où finit le
premier , pour aller, fans rièn altérer de fa fupériorité
relative au cercle des hanches -, fe perdre
dans la pifte parallèle, également deffous l’indication
du changement de main : que le troifième
quart du cercle de l’avant-main , qui doit fortir du
point où le fécond difparoîr, aboutiffe à fon tour,
& peoportiennément, à celui de l’arrière-main , en
face du point marqué par la fin du premier quart,
& la naiffance du fécond ; enfin que le quatrième
& dernier quart du cercle , qui ferme la volte des
épaulés, remette le feul avant-main du cheval dans
la pifte qu’il parcouroit, & fur la même furface
qu il occupoit. Après avoir mefuré le terrein que
chaque bipède doit emhraffer pour former exaéle-
ment fa volte diftinéle, on eft en état de modifier
les^ préfixons & les foutiens de la rêne du dehors,
qu on fait être feule modératrice des airs de deux
piftes.. Ainfi le chçval élargit avec aifance le grand
cercle des épaules, brique les preflions de la rêne
du dehors agiffent plus continuement, & d’un ton
plus ferme que les foutiens. de la même rêne , qui
n’ont, dans cette occurence , d’autre objet que de
v eiller, en fous-ordre, à la perfeftion du petit cercle
des hanches.
j Ea connoiffance* des quatre points cardinaux
d’une volte parfaite fert à pofer les limites dans
lefquelles les demi-voltes , ainfi que les quarts de
voltes doivent être circonfcrits. Si nous commençons
par efpacer la demi-volte, nous trouverons ,
en nous rappellant l’injonélion formelle d’attacher
a la même grande parallèle, tant le premierpoint
d’où part la ligne circulaire des épaules, que le
dernier qui la termine, nous trouverons , dis-je ,
qu’il faut attendre que l’avant-main ait, au moins ,
atteint la hauteur du doubler, avant que d’indiquer
au cheval, par les effets de la rêne du dehors, la
demi-évolution dont on fait ufage , & pour le ramener
, de deux piftes , à travers le milieu du manège
, & pour le replacer , de la tête à la queue,
dans la pifte ou il travailloit. Si nous voulons, en-
fuite réduire l’évolution au quart, nous devons patienter,
jufqu’à ce que la lortie d’un coin place
l’avant-main du cheval fur l’une des petites parallèles.
Alors les mêmes temps alternatifs de la rêne
du dehors repouffent féparément chaque bipède ,
& leur font tracer les deux cercles relatifs qui remettent
le cheval, toujours de la tête à la queue,
fur la grande parallèle qù il étoit, Le grand principe
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des évolutions circulaires eft donc de commencer
la volte entière dans la partie la plus baffe de la
carrière : ( W * » fiS- 4- >de faire cheminer un peu
plus loin le cheval qu’on veut ramener par une
demi-volte : ( pl. a , fig. 5- ) finalement, de quitter
abfolument une des deuxjgrandes parallèles , lorf-
qu’on veut y rabattre par un quart de volte. (ri. 2 ,
è<r. 6. ) Ce font ces deux fraélions de la volte, qui
conftituent ce qu’on appelle au manège des changements
de main étroits. Au refte , quelque projet
qu’on ait, en exigeant des airs de deux piftes , leur
méthode doit donner une confiance aveugle dans
les règles de l’équitation , qu’on apperçoit continuellement
émanées des mouvements naturels au
.cheval«
Le paffage.
Au fortir de la première claffe des airs de manège,
on na pas une feule excufe admiffible pour
retufer l’effai des airs qui compofent la fécondé
claffe. Prévenu, comme on l’e ft, dès l’introduction
au travail, que la différence entre les airs
terre à terre & les airs relevés provient uniquement
du plus ou du moins d’aélivité qu’on met à l’exécution
de ces derniers, il ne s’agit que de fçavoir
amalgamer aux leçons précédentes la quantité d’action
qui permet de les redemander toutes les cinq
au paffage, ou feulement quelques-unes d’entr’elles
à la galopade. Or , je demande quel eft l’élève ,
ayant déjà franchi la diftance qui fépare le pas ordinaire
d’avec le pas d’école , qui n’appréciera pas
l’intervalle qu’on trouve entre le trot & le paffage ?
Q u ’on m’accorde encore une queftion, & je demanderai
ce que c’eft que le paffage ?
Ce que c eft que le paffage.
Les élèves inftruits ont raifon de répondre :
l ’ufage autorife d’appeller paffage le premier des
airs relevés, comme il eft reçu de nommer, pas
d’école, le premier des airs terre-à-terre. Cependant
il eft de fait que ni l’un ni l’autre ne font
intrinsèquement des airs de manège, mais bien
une enveloppe élaftique avec laquelle on entoure
les figures effentiellement caraftériftiques du
travail, telle que l’épaule en dedans, pour l’avant-
main ; la hanche, ou les deux bouts en dedans ,
pour l’arrière-main -; & , pour tout l’enfeir.ble du'
cheval, les changements , contre-changements de
main , renvèrfements d’épaules , voltes v demi-
voltes , quart de voltes, tête & croupe an n\nr. En
conféquence on définit le paffage, un trot artificiel
, moins v ite , & plus tride que lè trot naturel,
afin d’être aufli plus élevé, mais qui lui reffemble
abfolument par la combinaifon tranfverfale des
quatre jambes que le cheval enlève également deux
par deux.
Comment on met un cheval au paffage.
S i , dans les éléments , c’eft l’allure tranquille du
pas ordinaire qui donne le temps de difpofer le
cheval aux allures lancées du trot & du galop natu-
Equiiaiion, Efcrimt fi* Danfe,
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rel, le pas d’école doit être l ’origine de toutes les
allures artificielles qu’on veut indiquer au cheval
pendant le travail. Ainfi, lorfqu’après un raffem-
bler exaél des deux colonnes vertébrales refluées
au centre , le cheval, venu dans la main , affis fur
les hanches, eft en outre ployé fur le dedans, du
pas d’école on le met au paffage, en fe fervant de
la mefure économique des demi-arrêts pour régler
le degré de preftefle du trot faélice, & qu’on ac-
c o u r c it,& qu’on exhauffe.
Manière de conduire un cheval au paffage.
Quant à la direélion du cheval qui répète ait
paffage les différentes évolutions dont on a ci-devant
pris connoiffance, & qu’on vient de lui faire
exécuter au pas d’école , tout eft prévu. Que les
deux bipèdes fe fuivent parallèlement dans la pifte :
qu’on en forte, tantôt l’avant tantôt l’arrière-main :
qu’on mène le cheval, combiné de deux piftes,
fur des lignes droites , obliques, diagonales, ou
circulaires, c’eft toujours en raifon de la même
méthode que les mêmes procédés ordonnent les
mêmes aélions , à la vîteffe près. Cette dernière
exception annonce la fubftitution obligée du piaffer
au manier en place.
Du piaffer.
On a lu dans l’iiitroduélion au travail : le manier
en place, ainfi que le piaffer , font des arrêts élégants
, imaginés pour terminer les airs , fans les
déparer. Nous fommes donc bien avertis de ne jamais
fortir une finale du ton de Yair auquel on
l’adapte ; conféquemment nous fommes prévenus
de former, avec les temps vivement battus dii
piaffer, une efpèce de cadence analogue au tride
du paffage. Voyons a&ueliement ce qu’on entend
par le mot piaffer.
Ce que c'cft que le piaffer.
Teuts les diâionnaires définiffent le piaffer une démarche
fière & d’une médiocre étendue. Le piaffer
du manège a la même fignification ; mais, puifqu’on
le deftine à préparer l ’arrêt du paffage , il doit, &
préfenter, & conferver la combinaifon tranfverfale
des deux jambes toujours enlevées à la fois, à tel
point d’exaélitude qu’on puiffe appeler le piaffer
un paffage accourci.
Comment on met un cheval au piaffer.
En confiant aux élèves la clef des refforts qui
font agir le cheval de tête, on leur enjoint la plus
grande circonfpeélion dans l’ufage qu’ ils en feront.
Il n’eft pas une école de cavalerie où l’on ne pro-
feffe journellement cet axiome, la fauve-garde de
tous les chevaux de travail, que la fujétion foit la
mefure de vos leçons. Ainfi la prudente réduction
d’un paffage ménagé donne le piaffer : ainfi la
prompte dégradation du piaffer amène le manier en
place, q u i, lui-même , cède bientôt à l’arrêt définitif