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D e l 'é p a u le en d ed a n s•
Pendant que la nature articuloit les quatre divi-
lîons mobiles du cheval, elle préparoit en même
temps les loix de l’équitation, qui le rendent autant
;utile qu’agréable, & dont les premiers écuyers^
profeffeurs nous ont tranfmis le code. Pour nous ,
éclairés par les obfervations de nos prédéceffeurs,
notre empire s’eft tellement établi fur ce fier quadrupède
, que, fi nous favons maîtrifer defpotique--
ment la totalité de fon individu, nous avons également
l’art de ployer, à volonté, telle ou telle
portion diflinéle de fon être. L’élève quitte la leçon
du pas d’école o u on apprend à travailler un cheval
droit d’épaules, de corps & de hanches, quoique
avec le pli fur le dedans ; je vais lui montrer ,
dans celle intitulée l’épaule en dedans , comment
qn peut amener les épaules du cheval à la fuite de
fa tête, fans altérer là marche ordinaire aux deux
dernières divifions du corps & des hanches. Comme
je n’ai jamais trouvé de méthode qui donnât^
autant l’intelligence des différents airs de manège,
que de crayonner la figure qui leur efl propre, je
commence par décrire de quelle façon il faut
qu’un cheval foit contourné pour être l’épaule en
dedans.
C e q u e c e j l q u e V ép a u le en d ed a n s•
On difiingue la combinaifon de l’épaule en dedans
, & a la pofition du cheval qui s’y prépare, &
a la marche de celui qui s’y prête. Pour la pofition,
le cheval ployé fur le dedans , a l’avant-main entièrement
dehors de la pifle où l’arrière-main refie.
Pour la marche, le cheval, toujours avec le pli, fait
paffer fa jambe de devant du dedans par-deflus celle
du dehors, tandis que fes jambes de derrière continuent
leur jeu parallèle. 11 réfulte de ce différent
calcul des deux colonnes vertébrales, que les 24
de la maffe du cheval en place font étayés, fça-
voir, par la jambe de devant du dedans abfolument
fortie de la pifie; par celle de devant du dehors
mife fur la crête de la pifle; & par les deux
jambes de derrière placées dans là pifle même. La
figure de l’épaule en dedans reconnue, difféquons-
en la marche. Or, d’après fa pofition, le cheval ne
peut former le pas analogue à cet air qu’avec la
jambe de devant du dedans, ébranlée la première ,
qui chevale d’abord celle du dehors : qu’aVec la
jambe de derrière du dehors, qu’il avance enfuite
droit dans la pifle qu’elle fraie : qu’avec la jambe
de devant du dehors j mue la troisième, qu’il retire
de deffous fa voifine pour la remettre encore fur
le bord de la pifle : enfin qu’avec la jambe de derrière
du dedans, qui, pofée dans la pifle à côté
de fa compagne, termine le pas de l’épaule en dedans,
où on retrouve l’avant-main dans la pofition
demi-circulaire qu’il a reçue. Voici la première
fois que le cheval fe meut de deux pifies , c’efi-
à-dire que les jambes 1 & 2 tracent une ligne , I
pendant que les jambes 3 & 4 en fuivent une au- |
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tre. Cetténouvelle façon de marcher, de la parf
du cheval, demande qu’on inflruife l’élève des
nouveaux procédés faits pour exiger la formation
du pas en avant, avec une différence auffi marqué*
dans le jeu des deux “bipèdes.
Comment on met un cheval à l'épaule en dedans.
L’épaule en dedans définie dans touts fes points
je crois pouvoir , fans indiferétion, entamer ]a
méthode, non-feulement qui combine , mais encore
qui détermine un cheval à cette fécondé leçon
des airs terre-à-terre. L’élève vient de lire
qu’aux trois conditions préliminaires & communes
à chaque leçon du travail, d’être dans la main,
fur les hanches, & ployé fur le dedans , le cheval
doit ajouter , à celle que nous traitons, d’avoir
l’épaule du dedans abfolument dehors de la pifle ,
d’où l’épaule du dehors efl un peu moins fortie, &
où les deux hanches refient. En conféquence ,
lorfqu’on veut deffiner un cheval à l’air de l’épaule
en dedans , il faut que la preffion de la rêne du dehors,
unie à l’écart de la rêne du dedans , dont la
tenfion primitive a déjà ployé le cheval, chatte
de la pifle les deux épaules balancées enfemble du
dehors furie dedans. D’après ce plan préparatoire,
on oblige le cheval à l’exécution du même air ,
premièrement avec la preffion de la rêne du dedans
, afin d’obtenir le chevaler de la jambe de devant
du dedans, & fùcceffivement le port tranf-
verfal delà jambe de derrière du dehors; fecon-
dement, avec l’écart de la rêne du dehors, à l’aide
duquel le cheval avance fa jambe de devant du
dehors, dégagée de deffous celle du dedans, &
qui lui permet l’enlever oblique de la jambe de
derrière du dedans.
Je vais obferver, dans la leçon de l’épaule en
dedans, l’ordre établi dans les feélions de la leçon
du pas d’école. Ainfi notre élève va commencer
par mener les rênes féparées : on les lui fera réunir
enfuite dans la main du dehors , en s’aidant de' la
main du dedans ; enfin il travaillera le cheval à l’épaule
en dedans de la feule main gauche.
Je ne m’expoferai pas davantage au reproche
qui pourroit être fondé dans ce moment, de trop
rebattre les mêmes principes. Auffi , fans répéter
à mes leâeurs les quantités choifies pour remplacer
la maffe du cheval, dans fon entier & dans fes divifions,
fans leur rappeller, ni les huit pofitions
des rênes, ni les huit temps de main qui les pro-
duifent : fans leur redire combien la correfpon*
dance intime entre les preffions des jambes toujours
égales du cavalier, & les opérations éma*
nées de fa main efl effentielle, afin de fournir une
caufe aux divers effets qu’on attend de l’aélion du
cheval ; finalement, fans leur repréfenter l’oppofi-
tion naturellement tranfverfale qu’on apperçoit
perpétuellement entre les épaules & les hanches
du cheval d’une part ; de l’autre , entre les jambes
de devant & celles de derrière, je fuis mon élève
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dans la carrière où je vais l’aider à mettre fon cheval
à l’épaule en dedans, les rênes féparées.
Première façon de mener le cheval à l'épaule en dedans,
les rênes féparées.
On commence la leçon de 1 épaulé en dedans,
ainfi que toutes celles qui compofent le travail, en
fuivant, de gauche à droite , quelques longueurs
de manège, le cheval droit de tête , d’épaules, de
corps & de hanches: intervalle qu’on emploie à
raflembler le cheval jufqu’à ce que , dans la main
& affis , il foit encore régulièrement ployé fur le
dedans , & dont nous allons profiter pour faire la
remarque fuivante. Nul doute qu’on ne puiffe;dif-
pofer le cheval à l’exécution de l’épaule en dedans,
lur telle furface où on fe trouve, puifque la préparation
de cet air confifle uniquement dans la preffion
de la rêne du dehors, & l’écart de la rêne du
dedans. Mais fi notre élève ©bferve que Ces deux
temps de rênes font abfolument ceux qui déterminent
l’avant - main du cheval à fortir des coins,
pourquoi n’attendroit - il pas que le paffage d un
angle lui facilitât, & au cheval, le placement préalable
des épaules fur le dedans ? Lors donc que , ^ *
conféquemment à la preffion de la rêne du dehors ,
la jambe' 2 , fortie d’un coin ouvert à gauche, fait
place à la jambe 3 , & qu’on fent le cheval au mo-a
ment de retirer la jambe 1 , on lui marque très-
fenfiblement l’écart de la rêne du dedans, au moyen
d’un mouvement circulaire de la main droite ,
qu’on éloigne -affez de l’épaule du cheval pour
qu’elle arrive au niveau de la cuiffe du cavalier.
Cette pofition de la rêne du dedans augmente le
pli, qui s’étend alors jufqu’aux premiers côtés du
cheval, & néceffite évidemment la jambe 1 à quitter
la pifie. Dans la crainte que l’extenfion tin peu
forcée de cette jambe de devant du dedans ne dérange
l’aplomb du cheval, on a foin de réitérer la
preffion de la rêne du dehors , afin de chaffer , pref-
qu’enfemble , les deux épaules fur le dedans ; ên-
forte que le cheval, qui détache pour la fécondé
fois la jambe 2 à la fuite de la jambe 4, l’amène
fur la crête de la pifle à côté de la jambe 1 , finit
la préparation de l’épaule en dedans par le port
tranfverfal de la jambe 3 , qui s’avance auprès de
la jambe 4 refiée dans la pifle. L’avant-main n’en
efl pas plutôt dehors, que la preffion de la rêne
du dedans, ramenée par un fécond mouvement
circulaire de deffus la cuiffe du cavalier à l’épaüle
droite du cheval, commande à la jambe 1 de chevaler
la jambe 2. Voilà l’inflant où on doit faire
agir l’écart fecondaire de la rêne du dehors , dont
1 effet efl de contenir la jambe 4 dans le milieu de
la pifle. Le cheval folidement appuyé fur les jambes
1 & 4, on efface promptement l’écart de la
rêne du dehors , qu’on remplace auffitôt avec la
preffion renouvellée de la même rêne , en faifant
reparoître le premier écart circulaire de la rêne du
dedans. A cette nouvelle combinaifon des deux
fênes, fuccède le^eu tranfverfal des jambes 2 6c
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3. La première, maintenue fur le dedans par la
preffion de la rêne gauche, reprend indifpenfable-
ment fon pofle fur la crête de la pifle : la fécondé
file droit deffous l’arrière-main , ainfi qu’a fait précédemment
la jambe 4 foumife à l’écart de la rêne
du dehors , & confomme dans toutes les règles le
premier pas de l’épaule en dedans ouifqu’on retrouve
les épaules en dehôrs de la ; :e, au milieu
de laquelle les hanches font refiées, & que, par la
combinaifon même des quatre jambes, le cheval
ne peut fe mettre en marche qu’avec'celle de de-,
vant du dedans.
Il efl bien pardonnable à ceux qui n’ont d’autre
guide dans la carrière de l’équitation que la foible
lueur des éléments, d’imaginer que l’exécution,
très-pénible fuivant eux , des allures artificielles ,
dépend d’une multitude effrayante de temps de
main & de jambes. Mais notre élève , affuré par
pratique & par théorie, de la fimpîicité des moyens
qui combinent un cheval au pas d’çcole ; fur-tout
récemment convaincu de l'efficacité de ces mêmes
| procédés, quelque peu compliqués qu’ils font ,
pour exiger l’épaule en dedans, pourroit-ilefpérer
• la même indulgence ? Non fans doute. Cependant,
afin d’ôter jufqu’à l’ombre d’une incertitude , nous
ajouterons ici la démonfiration calculée de cette
fécondé leçon du travail à l’expérience qu’on vient
d’en faire.
En reprenant la pofition relative à l’épaule en
dedans , & fâififfant le cheval à la fortie d’un coin ,
nous trouvons que , fi le bipède de devant abandonne
la pifie où refie le bipède de derrière, & fi
le pli gagne les - premières côtes , c’efi que l’écart
circulaire de la rêne du dedans, accompagné par
la preffion de la rêne du dehors, entraîne les épaules
au moment précis où le cheval tient la jambe x
en l’air. Alors les 12 de la colonne de devant, autant
attirés à droite que pouffés à gauche , obligent
le cheval, menacé de perdre l’équilibre de cette
première divifion , pris fur la jambe 2 , d’éloigner
la jambe 1 , afin de la mettre deffous le centre de
l’avant-main , dont le volume penche du dehors
fur le dedans. La répartition inégale des 12 delà
colonne de devant quadre bien avec l’exécution
: projettée de l’épaule en dedans , puifqu’il faut que
1 les jambes 1 & 2 travaillent en dehors de la pifie ;
; mais , à moins que d’invoquer l’art pour entretenir
t la marche parallèle des hanches, nonobfiant le plan
î diagonal des épaules , le calcul inveirfe des 12 de
la colonne de derrière , qui fuit naturellement,
î anéantiroit, à coupfûr, la tournure préparatoire
t au même air. L’élève apperçoit a&uellemenr la né-
; ceffité d’étendre le premier ! rart circulaire de la
rêne du dedans, jufqu’à ce lie arrive au niveau
i de la cuiffe du cavalier. Par ion moyen , on évite
1 d’abord 1’oppofitio.n direâe de la rêne du dedans
t avec'la hanche droite du cheval , dont l’avant-
1 main , apporté feul en dedans , prèfente un arc
t bandé fur le dehors, enforte que l aélion de cette
c rêne droite ne parvient à l’arrière-main que de con