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dite des principes que je leur donne pour être à
cheval. Ceux qui n’auront point oublié l'attitude
que je confeille plus haut pour s’affûter de la vraie
pofition du cavalier, n’ont qu’à la reprendre un
moment, & ferrer les cuiffes comme s’ils voulaient
fixer la circonférence du cheval dans la tenue ex-
clufive de leurs feuls genoux. Auffitôt, iis verront
l’enfourchure de l'homme le plus fendu prendre la
figure d’un compas ouvert ; cônféquemmcnt touts
les points de contaél du dedans des cuiffes ne pouvoir
appuyer fur la Celle qu’à mefurè que le fcqs
des jambes évafées abandonne la capacité du cheval
: dès-lors touts les mouvements combinés de
l’un & de l’autre préparer une féparation prochaine,
" inévitable & toujours funefte. Faifons plus ; accordons
à la feule tenue des cuiffes & des genoux la
vertu préfervative contre les accidents annoncés^
mais , en même temps , demandons s’il eft poiïîble
d’éviter que la contraâion indifpenfable de cês
jointures, forcées en dedans, ne coupe, par la
moitié, le levier du bas du corps ; puifqu’il eft reconnu
que plus on ferre les cuiffes & les genoux ,
plus on- élargit les jambes & les pieds. O r , n’eft-ce
pas abufer la jufteffe des proportions , que de con-
feiller une pofition dont la fauffeté des principes
met l'homme le mieux fait autant dans l’irnpoffibi-
Jité de s’oppofer aü balancement involontaire du
haut du corps, que s’il avoit à rejetter les vains
çffors qui l’épuifent fur le défaut de longueur du
bas du corps, au Heu qu’en affurant feulement par
degré, d’abord les cuiffes, enfuite les genoux,
enfin le haut du dedans des jambes , pour refferrer
avec plus d’efficacité le bas du molet ainfi que les
chevilles , on donne à la totalité du bas du corps
la vraie tournure d’une tenaille , qui ne fe ferme
-jamais^our comprimer la circonférence quelle em-
braffe , fans enfoncer l’homme fur la felle au point
d’applatir , pour ainfi dire, les trois points d’appui
.triangulairesdu haut des cuiffes, & fur-tout.celui
du croupion ; conféquémment fans faciliter au cavalier
l’aifance d’entretenir l’accord parfait qui doit
régner entre les deuxjleviers du haut & du bas du
corps , fe balançant réciproquement par leurs pro-
près forces. Je laiffe achiellçment aux le&eurs,
comparaifon faite des deux manières de tenir,
le choix entre les deux méthodes dont je viens de
leur tracer les réfultats , & je lps invite à parcourir
dans la feélion fuivante les défauts qui détruifent
la pofition cte l'homme à cheval.
Defauts à éviter dans la poJition't
Le défaut que l’équitation regarde comipe le
plus nuifible , & qui n’eft malheureufement que
trop ordinaire aux commençants, provient de la
raideur qu’ils mettent dans le haut ou dans le bas
du corps. Il eft difficile de donner une idée bien
jufte du tort que l’inflexibilité de l’une de ces dei?x
parties peut çaufer à l’affiette du milieu du corps ,
reprendre , par extrait , non - feulement l$s
trois divifions de l’homme, mais encore les principes
pofés , & les préceptes tracés pour établir
l'exacte correfpondance qui fait leur fureté commune.
En conséquence, il faut fe représenter le
corps du cavalier divifé par tiers , dont la première
divifion comprend la tête , les épaules , les bras
la poitrine , leftomac , le dos, le ventre & la
ceinture; dont,la fécondé contient les hanches,
le haut des cuiffes, le rein & le croupion : enfin
donc la troffième renferme le bas des cuiffes , les
genoux , les jarrets, les jambes & les pieds. A l’égard
de la pofition particulière à chacune de ces
parties, on fe rappelle fans doute que l’enfemble
de chaque claffe a pour but d’accroître la folidité
des trois points d’appui compris dans la fécondé
fubdivifion , enlorte qu’ils"paroiffent comme rivés
fur la telle. Or les hanches , le haut des cuiffes , le
rein £k le croupion, qui compofent le milieu du
corps, ne peuvent parvenir à ce degré d’immobilité
, qu’autant qu iis font aidés par le haut & par
le bas du corps.
Le haut du corps contribue à rendre ftable le
milieu du corps , lorlqtie la tête droite , haute &
en arrière, porte également fur les deux épaules ;
lorfque les deux épaules , égales & baffes , placent
les bras près du corps ; lorlque les bras tombants
élargiffent la poitrine; lorfque la poitrine, quoi-
qu’ouverie, faille moins que l’eftomac- qui, lui-
même un peu rentré, provoque le gonflement du
ventre ; lorfque l'ondulation defeendante de l’épine
du dos donne à la colonne offeufe la tournure
concave qui lui convient feule pou^éhaffer
le ventre & la ceinture ; lorfque le gonflement du
ventre achève d’apporter la ceinture en avant; fin a»
lement, lorfque la ceinture appuie ftriélement contre
l’arçon de devant. Alors, depuis le fornmet de
la tête jufqu’à la ceinture , il n’eft pas une fibre qui
ne fe relâche, afin qu-e les maffes du haut du corps
entaffées les unes fur les autres , forment un bloc
affez volumineux pour maintenir les hanches portées
en avant, pour affermir le bas du rein creufé,
& pour comprimer fur la felle le haut des cuiffes
pofées à plat, ainfi que le croupion.
Autant la preffion des parties Supérieures fecourt
les moyennes , autant l ’attraâion des parties inférieures
leur eft favorable. On n’a pas oublié que
la puiffance de ces dernières fe manifefte toutes les
fois, qu’en raifon du pli des genoux, les jambes
tombantes également, & les talons en dehors , en
arrière, & fur-tout bas , femblent demander pour
appui la terre foulée par le chêvaL D’où il réfulte
que, fi le poids du haut du corps commence à donner
quelque confiftance au milieu du corps , c’eft
par la grande extenfion du bas du corps qu’il re-,
çoit fon dernier degré dê fermeté.*
Tel un portrait lç plus reffemblant devient mé-
connoiffable au moindre changement, de même
la plus légère contraâion défigure la pofition du
cavalier le mieux placé ; fuppofant que ce foit le
l^aut du corps qui fe roidifl'e, les épaules remontent
itkeffairement, le dos devient convexe, les bras
. ’élèvent, la poitrine s’enfonce , Teftomac parou ,
le ventre & la ceinture s’éclipfent ; conféquem-
ment, le rein bombe g le croupion s enleve , & le
milieu du corps , privé de fon appiu dem.erre ,
roule parallèlement fur la felle, au point d entraîner
avec lui le bas du corps dont l’enveloppe | raccourcie
par l’élévation du haut du corps , devient
infuffifante pour embraffer le cercle du cheval, qui
s’échappe à chaque pas. Sila comraêhon prend la
fource dans le bas du corps , les talons hauts diminuent
fenfiblement l’étendue des jambes, & repouffent
les genoux qui, flottants pour lors fur les
quartiers de la felle, ne peuvent plus s’oppofer au
déplacement des cuiffes trop ouvertes. De-là^nait,
& le dérangement total des deux points d appui
parallèles , & l’inftabilité du haut du corps, qm (un
forcément la deftruâion de l’enveloppe ; deftrùc-
tion occaflonnée par le foulèvement prejudiciable
! dp bas du corps. Ce n’eft donc qu’en relâchant
l entièrement le haut du corps, ( qu'on fait devoir
j être incliné d’arrière en avant ) forçant la pofition
avancée des hanches & de la ceinture , qu'il eft
poflible d’étendre affez le bas du corps , d’avant en
arrière , pour en faire fortir cette foule de' tangentes
propres à fixer fur la felle les trois points d’appui
triangulaires qui foutiennent le milieu du corps,
i 1 II ne Sut pas imaginer que le manque de fou-
I pleffe foit Tunique écueil qu’on ait à redouter. Des
I négligences , qui paroiffent aü premier abord n’exi-
K ger qu’une médiocre attention , fufHfent pour al-
■ têrer le fini de la pofition, & pour faire reparoître
J au moins une partie des défordres qu’on vient d’ef- I quiffer. Par exemple , lorfque la tête fort de fa I vraie fituation , le cavalier ne peut la porter qu’en I avant, ou baffe. Dans l’un & l’autre cas, le poids I de la tête, hors de fon aplomb , attire de toute I néceffité , les épaules , & gène évidemment Tondu- I lation defeendante de la colonne offeufe. Q u’on
i tarde à réformer cette irrégularité fi légère en ap- I parence, bientôt la' poitrine rétrécie s’aflaiffe , 1 e
I ventre , la ceinture & les hanches difparoiffent, &
I on retrouve en butte aux accidents déjà prévus, I puifque le rein forcément bombé met dans l’im- I poffibilité phyfique de faire porter le croupion fur
la felle.
Les mêmes inconvénients fe renouvellent lorf-
I que, depuis les épaules jufqu’aux coudes, les bras
dérangés ne quadrent plus.avec la pofition totale
j du haut du corps ; dans cette conjonflure, leur dé.
I placement les éloigne , on les rapproche trop des
t côtés ; abfolument collés fur les hanches, les cou-,
i des contraignent les épaules à remonter , & fi on
I n’y prend garde, leur contraflion gagne avec rapidité
toutes les parties du haut du corps dont elle
f reproduit la pernicieufe élévation. C ’eft affez de
I réfléchir aux fuites funeftes que peut avoir le dé-
faut'contraire pour s’en abftenir avec le plus grand
foin; car, non-feulement les bras trop diftants du
I COrnS refferrem b
reculent la ceinture, mais leur influence dange-
renfe s’étend jufqu’aux mains qui en reçoivent une
efpèee de mouvement convulfif, que 1 équitation
a défigné par le mot façade.
11 en eft de même des talons bas & en arrière ,
qu'il faut encore fcrupuleufement garder en dehors
, fous peine d‘être privé des tangentes que
fourniffent & le plat de la jambe & le dedans de la
cuiffe ; tangentes d’autant plus effentielles , qu’on
ne peut raisonnablement efpérer de tenir la circonférence
que donne le corps du cheval avec le
feul point du molet, par la raifon que deux corps
ronds peuvent bien fe toucher t mais ne s’accrochent
jamais.
D ’après des détails auffi fidelleitfent gradués, on
doit être intimément convaincu que la véritable
affiette tire fon exiftence du repos abfolu d e t trois
points d’appui-triangulaires formés' par le haut des
deux cuilfes&par le croupion ; mais qu’elle doit
fa çonfervation , ainfi que l’aplomb du haut du
corps , à l’enveloppe des jambes égales tombantes
perpendiculairement au bas des cuiffes pofées à
plat. Auffi, quoique les défeâuofités du haut ou
du bas du corps qui occafionnent, foit rébranle*.
I ment des deux points parallèles, foit le dérangement
du point d’équerre , faffent toujours courir
un danger évident , cependant la conféquence
qu’elles entraînent doit plutôt fe calculer fur la privation
des tangentes, dont la quantité Varie lui»
vant le plus ou le moins d’extenfion des jambes
égales du cavalier , que d’après la jufteffe des
proportions qui conftituent ce qu’on appelle l’aplomb
du haut du corps.
Jufqu’ici nous avons laiffé le cheval dans utle
ina&ion parfaite. Il faut a&uellement effayer de
l’en tirer , afin que le cavalier puiffe unir la pratique
à la théorie. Mais avant que d’çnfeigner comment
on doit s’y prendre pour mettre le cheval
en aélion , on croit effentiel de dévoiler la mécha*
nique des refforts qui lui fervent à fe mouvoir.
Mèchanique des mouvements du cheval.
Les notions anatomiques mifesà la tête de cetfô
leçon , démontrent le cheval divifé par tiers , l’â-
vant-main , le corps, l’arrière-main. L’équitation
emploie le même procédé pour définir le cheval.
Nonobftant la place qu’il occupe dans la clafle
des quadrupèdes, elle en fait deux bipèdes qui re-
connoiffent le corps pour leur centre commun ,
ou le foyer réciproque de leurs forces. C ’eft ce
point central qu’on regarde comme le fommet du
cercle fur lequel l’homine s’ affied. En adoptant
cette définition, il eft aifé d’appercevoir deux colonnes
de vertèbres , qui fortent du point de
réunion en fens contraire. L’une forme l'encolure,
& donne le mouvement aux épaules , ainfi qu’aux
jambes"de devant, tandis que l’autre, qui traverfe
les remis, met'en a&ion les hanches & les jambes
de derrière. Au moyen de ce que chaque colonne
a Séparément la faculté de s’étendre en ligne di