IÔ2 V O Y A G E A U T O U R D ü M O N D E .
La corvette la Coquille avait constamment plusieurs lignes à
la traîne. Uu matin cpi’on retira celle de la table des officiers,
on trouva le poisson ([uc nous venons de décrire, et que nous
nous empressâmes de [)enidre. Les vivi’eg,frais manquaient alors;
aussi aurait-il été inutile de faire valoir les intérêts de la science
en [irésence d’apjjetits en ce moment peu [¡réparés à les comprendre.
Sa chair, remplie d’arêtes fines, est toutefois un mauvais
manger, et il n’y eut qu’uu cri sur la saveur fade et même
nauséuse de ses chairs sèches et huileuses.
45. B O N IT E D E S N A V IG A T E U R S .
Thjnnus vagans, L e s s .
(P l. X X X I I, 1/2 g .n .)
"Layé, dans la langue des insidaires d’O-Taïti.
L e s s ., Dict. class. d’hist. nat., t. XV, p. 278.
Pect. 2 6 ; i " dorsale |5 é p .; 2' dorsale jo ray .; fauss. nag. dorsales 8; catopes /;
anale I t ; fauss. nag. anales 7 ; caudale 3o.
Il est peu de poissons aussi mal caractérisés dans les auteurs
que les scoinbres du sous-genre thynnus. Tout ce cju’on en dit
est si vague, si incomplet, (ju’on ne peut fixer son opinion suides
espèces réelles daus la nature, mais confondues entre elles
sous le même nom. Nous n’essaierons pas de débrouiller leur
synonymie ; il nous suffira de décrire minutieusement la bonite
des navigateurs, notre thymius vagans, bien distincte de la bonite
de la Méditerranée, et identique peut-être avec la pélamide figurée
pl. IV, fig. I de l’atlas de Bory de Saiiit-Vincent.
C’est au milieu du grand Océan équinoxial, près de l'archipel
Dangereux, et dans les mers qui baignent O-Taïti, que nous
primes uu grand nombre d’individus de cette espèce. Ces poissons
semblent errer par troupes daus les grands espaces de
mers où ils chassent les inoffensifs exocets et les [loulpes (jui
servent principalement à leur nourriture.
La thjnnus vagans a donc communément 19 jiouces de longueur
totale, sur une bauteur de 6 pouces au milieu du cor|)s,
de 7 ligues à la naissance de la queue, de 4 pouces el demi au
niveau de l’opercule, et de 2 pouces et demi sur la ligne de foeil.
Son poids total, débarrassé des viscères abdominaux, est de
4 livres et demie. Le corps est rond, fusiforme, très-puissamment
musculaire. La tétera de longueur totale, du bout du museau
au bord de l’opercule, 5 pouces et demi. La queue, formée de
deux lobes étroits, profondément fourchue, a 5 [louces de fex-,
tréinité supérieure à l’inférieure. La première dorsale commence
à 6 pouces de la bouche; elle a 2 pouces 9 lignes d'élévation.
La pectorale est à 12 pouces de la tjueue, l’anale à 5 pouces, la
deuxième dorsale à 6; foeil est distant de 2 pouces du bout du
museau.
Ce poisson a les parties supérieures et latérales bleuâtres ou
acier bruni, ayant daus l'eau des reflets de cuivre de rosette chatoyants
et irisés. Les joues, les flancs et toutes les parties inférieures
sont argentées et brillantes. 5 raies brunâtres longitudinales,
régulièrement espacées, se dessinent sur le blanc d’argent des
flancs. L ’oeil est nacré. Toutes les nageoires sans exception sont
bleu noirâtre, mais cependant les rebords de la queue el des
fausses nageoires sont blancs. Les écailles qui recouvrent le
corps sont petites, régulièrement arrondies et imbriquées, mais
peu ajiparentes, tant elles sont serrées sur un derme é[iais. La
tête est parfaitement lisse, très-luisante.
La bonite a les chairs fermes, blanchâtres, sèches et compactes,
dont l ’irritabilité est encore très-vive plus de six heures
après la mort. Daus la nuit elle est souvent très-pliospliores-
eente, ou plutôt cette [ihosphorescence est-elle due â l’can
qu’elle déplace par sa natation rapide ? Les viscères abdominaux