Les tortues franches et caret fréquentent les rivages, et leur
écaille sert aux naturels à faire divers petits ornements.
Notre premier séjour, après avoir traversé les Moluques et
touché à Java, fut l’île Maurice. Dans cette ancienne possession
française, que nous parcourûmes en détail, nous n avons à mentionner
que le gecko inunguis et une grenouille portée par les
Européens, ainsi qu’une grosse tortue noire terrestre. On croit
qu'il n’existe d’ophidiens que sur uu ilot placé ( l’Ile-Plate ) non
loin du Coin-de-Mire, où vit une petite couleuvre ; et on ne
trouva qu’une seule fois, en i 8i 3 , un serpent venimeux qu’on
tua dans la plaine de Moka; et l’on a même dit alors qu’il y
avait été apporté de l’Inde, et déposé à Maurice par la malveillance
: il est plus probable que son existence est due au hasard.
Nous nous procurâmes en ce lieu divers reptiles de la vaste
île de Madagascar, entr’autres le grand caméléon ( cameleo
madagascariensis. Less. ), le gecko des Seychelles ( gecko sey-
chellensis, Péron et Lesueur), et le gecko à tête plate [gecko
fimbriatus, Daud. ) dont M. Duméril a fait son genre Uroplate
Enfin la corvette la Coquille, rentrée dans l ’océan atlantique
après avoir doublé le cap des Tourmentes des anciens navigateurs,
toucha à Sainte-Hélène et à l’Ascencion. Dans la première
de ces îles, on ne trouve qu’un seul gecko, qui habite les maisons;
tandis qu’on n’observe aucun reptile saurien, opbidien ou
batracien sur le volcan éteint de l’Ascencion. Mais, en revanche,
les tortues franches semblent s’y rendre de tous les points,
pour y fréquenter les plages sablonneuses, pendant six mois de
Vannée, et cette ressource, jusqu’à ce jour offerte à tous les
navigateurs, à rendu cette ile célèbre dans les relations des
voyages. Des Anglais se sont établis sur ce roc calciné, et la
Gaimard; et sur lesîles Radack, où le mentionne le savant de Chamisso, t. I I I , p. 1 5y.
(K o t z e b u e s Voy.')
' Daudin, t. I V , p. 160, fig. 5a.
pêche des tortues, aujourd’hui, leur appartient exclusivement.
Les tortues franches ne fréquentent les rivages que la n u it,
pour déposer leurs oeufs dans le sable, où elles creusent un
grand trou. Elles s’y rendent successivement, jusqu’à trois fois,
surtout en décembre, janvier et février, et déposent chaque fois
jusqu’à trois cents oeufs. Le poids de plusieurs des tortues qu’on
prend sur cette ile dépasse souvent 600 livres, et leur chair est
aussi délicate que substantielle. La graisse verte qui revêt les
muscles est un manger délicat.
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R é f l e x i o n s c é n é k a l e s s u r l e s t o r t u e s , p a r K. P. L e s s o n .
Les tortues sont des animaux vertébrés dont l’organe essentiel
de la circulation a deux oreillettes, et dout le corps supporté
par quatre membres, est enveloppé par deux boucliers
osseux formés par le sternum et les côtes. Long-temps ces reptiles,
dont les espèces sont très - nombreuses, ne constituèrent
dans les méthodes d’histoire naturelle qu’un seul genre nommé
testudo par Linné; mais des différences caractéristiques dans
les formes, des moeurs et des habitudes fort distinctes, autorisèrent
à établir sous le nom de chéloniens, et aux dépens du
genre testudo exclusif, une famille naturelle divisée en tribus
, et subdivisée en petites sections. Mais il n’est peut-être
pas inutile de reprendre les opinions des méthodistes à leur
origine.
Linné ou plutôt Gmelin dans la treizième partie du Systema
naturæ, divisa tous les reptiles en deux classes ; les reptiles à
pieds, reptilia, et les reptiles sans pieds, serpentes. Les tortues s’y
trouvent placées à la tête des vrais reptiles comme genre caractérisé
par un test enveloppant le corps, que termine une queue: