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la mer nous permit de saisir la pélamide bicolore, reptile agréable
par le noir de son dos, les deux lignes dorées des flancs
llexneuses sur sa fjueuc aplatie, et par la teinte olivâtre de
l'abdomen. Quelle est donc l’abondance de ces animaux pour
(pi’â cbaque instant ils viennent se présenter ainsi sous le sillage
étroit d’un navire? Nous croyons en avoir remarqué plusieurs
espèces; mais celle que nous avons meiiLionnée étaitla plus
commune, et ces hydres ne cessèrent pas de se présenter à
notre vue, tant que nous naviguâmes dans les Moluques, et dans
les canaux nondareux (|ul séparent les des de la SoncUx Leur
manière do nager est analogue au nager onduleux des anguilles,
e t, quoique poursuivies, elles n’essaient jamais de se soustraire
en plongeant ; c’est du moins ce que nous pouvons affirmer relativement
à Xh.fdre bicolore.
Dans ces îles si riches eu végétaux brillants, où croissent les
jirécieux aromates, que les Hollandais long-temps gardèrent
aussi soigneusement que la toison d’or, les reptiles sont aussi
nombreux que variés. Ce n’est pas cependant que les des de
Bom-ou, Cérani et Amboine produisent toutes les espèces indi-
(juées sous le nom à'amboînensis; mais, comme elles lurent
apportées par des Européens qui résidaient dans cette capitale
des Moluques, il en est résulté (|ue des animaux de Ternate, de
G ilolo, des Célèbes, ont été indù|ués dans cette localité, et
(jue cette erreur, consacrée dans tous les livres, est demeurée
comme une vérité sauetiounée. Il nous serait aisé d'offrir un
grand nombre de citations à ce sujet.
L’île de Bourou est une des des Moluques les plus fécondes en
(.\n account o f Indian serpents collected on the coast o f Coromandel, etc. ; by Patrick
Russel, London, 179 6; un vol. in-folio avec un fascicule coniplémcnlalre : ouvrage
riche en belles figures coloriées), pl. X L I , sons le nom de nalla w a h la g illip am .
qu’ il porte au Coromandel, est regardé comme venimeux par les pèclienrs de
Vizagapatam.
animaux peu connus, et qui mériterait le plus, avec la belle
de de Céram, d’être étudiée avec soin. C'est dans ses forêts
qu'habitent une grande espèce de cerf et surtout le babi-nissa' ■,
et c’est même de la c[uantité d’oiseaux ([u’elle produit que file
tire son nom de Bourou.
Cette de, eouvertede hautes montagnes séparées par de profonds
marécages, est habitée par des Malais, (|ui possèdent le
[ittoral, et par des Alfourous, qui résident dans fintérieur.
La rivière d’Abbo, qui coule au Nord de Cajéli, est bordée de
savanes à demi noyées, oèi vivent, en grand nombre, des crocodiles
de l’espèce de ceux qu’on trouve â Java, à Bornéo, et
que se jn’ocuraPéroii dans une excursion pénible à l’embouchure
de la rivière de Kupang, dans la grande de de Timor. Un de
nos officiers, accompagné du radjah et de quelques naturels,
parcourant ces marécages que couvrent çà et là des touffes de
joncs, parvint à tuer un jeune crocodile de plus de quatre
pieds, qui appartenait à l’espèce bicarénée des Indes (c. bipor-
catus, Cuv. ). Les habitants ont la plus vive frayeur de cet animal
qu’ils nomment oubaya, et les Malais de la presqu’î le , boaya.
Sur le feuillage frais et humide se plaît un lophyre d’un vert
gai, qui se confond avec lui {lophyrus viridis), espèce qui se
rapproche assez du lacerta alla ceilonica figuré dans Séb a , t. I ,
pl. C V I , fig. 1 , et qui diffère de l’espèce verte marbrée de noir,
gravée t. U , pl. XIV, fig. 4 , par l’uniformité de la couleur générale
de toutes ses parties. Le petit scinque â raies dorées et queue
bleue" [scincus cyanurus), y est aussi abondant. Cette espèce
diffère du scincus vittatus, figuré dans Séba sous le nom de la-
‘ Cet animal qui habite l’île de Bourou, et dont nous vîmes trois individus en
v ie , n’est connu en Europe que par les figures de Séb a , t. I , pl. L , fig. 2 , qui le
nomme aper indtcus o rienta îis, babi-roesa â ic tu s ; et par Stavorinus, Yoy. aux
Indes.
^ Séba, t, I I , pl. IX , f. 5.
royage de la Coquille. — Z. Tom. II, Partie I. 3