qu’on nomme nucléus d’après Forskal. Ce nucléus occupe la
[lartie inférieure de l'animal quand il nage, et se trouve enveloppé
le plus ordinairement |)ar une chair plus dense, plus
compacte, plus solide enfin (|ue tout le reste du mollusque. La
position de ce nucléus, relativement à l’ouverture, est un bon
caractère pour grouper les diverses espèces de salpas. Du nucléus
part un large ruban lamelleux composé d’une ligne droite
de brancbies très-apparentes, parce que le plus souvent elles
sont colorées en roses, et qui montent de l’extrémité supérieure
à l’inférieure, ou qui descendent du nucléus à l’extrémité sans
viscères. Sous le nucléus et le dos est le coeur, de forme arrondie
; il est composé d’une poche aréolée très-remarquable |iar
ses vifs mouvements de systole et de diastole poussant le sang
dans des vaisseaux longitudinaux, descendant jusqu’à l'extrémité
opposée à la uiicléale, et qui s’anastomosent sur les côtés
avec des tubes horizontaux formant un système artériel
extérieur treillisé. L'extrémité du grand vaisseau semble se
perdre très-proche du ruban respiratoire, et eoinmuniquer
avec un canal simple qui remonte tout le long des branchies
et retourne au côté droit du coeur et à son sommet. Ce vaisseau,
sans anastomoses apparentes, remplit l’office d’artère pulmonaire,
ou peut-être est le système veineux entier.
La génération des salpas est encore bien obscure. La réunion
de ces animaux nous jjaralt être nn véritable accouplement.
Le 1-4 mars, en prenant le salpa Forshalii de notre pl. IV, fig. i,
qui était extraordinairement abondant dans la Méditerranée,
nous en rencontrâmes plusieurs qui étaient accolés deux à deux
seulement, 'fous les salpas de la même espèce et libres ne renfermaient
aucun petit. Lous ceux accolés avaient chacun dans
une poche, placée sous le ventre ou en devant du canal, et très-
distendue, un petit salpa bien formé, en tout semblable â ses
père et mère, long de 2 pouces, et tenant au salpa mère par un
cordon ombilical traversant nn trou ovalaire (|ui n’existe plus
dans l’âge adulte, car nous le cbercbâmes vainement sur les
individus isolés. Le jeune salpa, d’une grande agilité, même
dans l’intérieur de celui qui le porte, est rejeté tout vivant par
l’ouverture anti-nucléale.
Le biphore {salpaproboscidalis, Reyn.) que nous avons représenté
dans notre Centurie zoologique, pl. XXXIII, fig. 2,d’a[>rè.s
un dessin de M. Reynaud, nous paraît évidemment accoujdé par
l’extrémité de deux prolongements excitateurs, et nous lisons
dans les notes écrites en mer par ce jeune médecin, que
cet organe ou tentacule excitateur était charnu, cylindrique, et
comme perforé. A sa base des grains particuliers semblaient
appartenir â des ovaires. Peut-être la génération est-elle double
comme chez les limaces? Enfm la fig. i de la planche X , de
Chamisso, légitime encore nos observations, savoir qu’un tube
dorsal loge forgane excitateur (fig. i, C.), et que beaucoup de
ces animaux, en s’unissant intimement, se fécondent à la fois
soit qu'ils se réunissent en rond, ou bien en deux longs chapelets
doubles, ou bien horizontalement par l’emboîtement des
extrémités. La fécondation terminée, les salpas se désagrègent,
el voguent à faventnre sur le sein des mers. Leur locomotion
a lieu par des mouvements de contraction assez vifs et assez
énergiipies, et s’opère de bas en haut, le nucléus se dirigeant
obliquement en avant, et l’ouverture auti-nueléale restant
béante par la sortie de la colonne d'eau aspirée, en aidant la
progression par la pression de cette même masse de fluide à
mesure quelle touche les bords. Souvent divers^corps tels que
petits poissons, crevettes et autres, se trouvent engagés daus
ce canal dont ils ont forcé l'entrée. C’est à un ou deux pieds, et
rarement â la surface que voguent les salpas. Ces aniinaux
ne sont point phosphorescents par eux-mêmes. Abondants an
milieu des êtres lucifuges qui sont répandus par myriades dans
Voyage de la CoqidlU. — Z. Tarn. I l , partie I. 3 4