cinq grandes et beaucoup de petites placées principalement sur
le pourtour de l’insertion du pédoncule. L'impaire des plaques
majeures est convexe en devant, concave en arrière. Taillée en
biseau en haut et à stries sur le rebord, elle est tronquée en
bas. Les latérales et moyennes paires sont obquadrangulaires, et
les antérieures ongulées en haut et rétrécies en bas. Toutes ces
pièces sont épaisses, assez lisses, convexes au milieu, blanches,
excepté leur centre qui est rouge orangé pourpré vif, et leurs
bords qui sont encadrés de noir profond. Les bras sont grêles,
articulés, ciliés et d’un ronge de sang.
Nous trouvâmes ce poucepied attaché aux pieux du débarcadère
de la petite ville de Payta sur la côte du Pérou.
212. T R IT O N (A L É P E ) F A S C IC U L E .
Triton ( alepas) fasciculatus, L e s s .
( Pl. X V I , fig. 6, g. n. )
La découverte que les premiers nous avons faite ( en septembre
1823 ) des anatifs sans coquilles, exige que nous tracions
l'historique des faits qui les concernent.
Linné ( éd. de Gmelin , partie V I , p. 3 i 43 , n°2g2 ) classe
parmi les mollusques un animal qu’il nomme T r i t o n et qu’il
caractérise ainsi : corpus oblongurn; os proboscide involuta spirali;
tentacula duodecim , bipartita, utrinque sex , poslenoribus
cheliferis. Il le nomme triton littoreus, et ajoute les détails suivants
; Habitat in rupium submarinarum foraminibus, in lepa-
dibus obvias, tentaculorum articulatorum involutonim introrsum
ciliatoriim paribus sex, poslenoribus tribus cheliferis, ad basim
tentaculorum os ; inter extrema proboscis, fig. Act. a n g l., planche
X X X IV , fig. A., t. II, p. 847, et Leeuw., Arc. 465 f. 7. Or, ce
triton nous paraît être évidemment l’espèce d’anatif sans coquille
que nous rencontrâmes dans l’océan Atlantique. Cependant
M. Cuvier dans son Règne animal, édit. de 1817(1. II,
p. 5o6 ), dit :
« Linnæus sujiposant qu’il existe des cirrhopodes sans coquilles
, leur donnait alors le nom de triton. Mais l’existence
de ces tritons ne s’est pas confirmée dans la nature, et l’on
doit croire que Linnæus n’avait vu qu’un animal d’anatif arraché
de sa coquille. »
En janvier 1827, parurent dans les Annales des sciences
naturelles un Mémoire de MM. Quoy et Gaimard, sur des
animaux marins observés dans la Méditerranée. Ces auteurs représentent,
pl. 7, fig. 8 et 8 A , un anatif qu’ils nomment anü-
tifa univalvis, et qu’ils prirent sur l ’ombrelle d’une méduse.
Cette espèce parait différer de notre triton fasciculatus, tout
en se rapportant au même genre.
Enfin, en 1829, M. Rang, dans sou Manuel de l’hist. nat. des
mollusques, proposa le genre alèpe, alepas, pour recevoir ces
anatifs mous et sans coquilles ; et ce genre qui devra être adopté,
puisque le nom de triton a été donné par les auteurs modernes
a un autre genre de mollusque, pourra être ainsi caractérisé;
Animal fabiforme, à enveloppe membraneuse sans pièce calcaire
au centre, ovale-allongée, convexe et arquée sur le dos,
mince et ouverte en devant, obtuse au sommet, renflée à la
base, composée de deux tuniques, l’une externe, consistante,
inince, ferme, l’autre interne, débordant légèrement la précédente,
très-mince, très-diaphane, et souvent plissée. Le pédicelle
est court, ridé, cylindrique, et s’insère sur un pédoncule
commun qui reçoit jusqu’à 9 ou 10 individus, formant ainsi
une ombelle. Deux languettes bifurquées occupent le bas de
1 ouverture orale. Les bras sout au nombre de sept paires de
chaque côté, minces, arrondis, à dix articulations ciliées cbacune
, et terminés eu pointe grêle.
Ce triton est en entier d’un jaune-citron clair. Sa consistance
56.