les fourmis , les scorpions, les scolopendres, e tc ., etc. Dans les
bois des environs de l'immense baie d'Offach , sur la côte de
W'aigiou, qui fait partie de la grande terre des Papous, au milieu
de ces scènes d’une nature dans toute sa force et dans toute
sa pompe, semant la vie avec profusion et toujours avec des
formes robustes et grandes, nous n’eûmes point occasion de
voir de nombreux reptiles ; il est vrai que nos recherches multipliées
d’ailleurs , et embrassant plusieurs autres branches, ne se
dirigeaient vers ces êtres que secondairement, et lorsque les
circonstances devenaient favorables. C’est ainsi que nous n'avons
pu apporter aucun serpent, quoique nous en ayons
aperçu quelques-uns.
Le tupinambis orné' y est en revanche l’animal le plus commun
; chaque jour les naturels en apportaient à bord, ou nous
en rencontrions dans les bois, grimpés dans les arbres, où ils
mangent les oeufs des oiseaux, ou courant sous les maugliers
des iiords de la mer, cherchant des poissons et des crustacés ;
son nom ' indigène est kalabeck. Les Papous nous offrirent
souvent des rainettes, qu'ils espéraient nous vendre peut-
être comme objet de nourriture. Les grandes cbelonées
marines y sont ahond<antes, à en juger par les paquets d’écailles
que ces naturels échangent aux navigateurs, et aux masses de
chair de tortue verte qu’ils font griller par un procédé qui lernest
propre, au-dessus du feu, sur un treillage élevé. Les Papous
nomment/ne la tortue franche, et laoumisse fécaille du caret ;
ils sont dans l’habitude de faire avec les oeufs de la première des
sortes de saucissons, qui se conservent long-temps, et peuvent
servir au besoin de provisions dans leurs courses sur mer. Cet
aliment, comme on peut le c roire, est loin de fournir un mets
‘ Nous ne trouvâmes point le tupinambis stellatus de Daudin, fig. Seba,
pl. X C IV , fig. I et s , comme venant des Moluques.
agréable pour un Européen. Ce sont les îles basses d’Aiou et
leurs récifs étendus, qui assurent les pêches les plus abondantes
en tortues , que les habitants du havre Doréry, où elles se
nomment voihiho, possèdent en aussi grand nombre sur leur
pro))re côte. Il en est de même du tupinambis orné dont la peau
sert aussi, comme au port Praslin, à garnir les tambours des
naturels ; tant il est vrai que toutes ces terres présentent les
mêmes |)roductions, la même race humaine, et les mêmes usages.
Nous nous procurâmes deux couleuvres à la Nouvelle-
Guinée ; l’une longue et mince, l’autre extrêmement grosse, et
dont nous vîmes un individu de près de dix pieds. Cette couleuvre
, nommée ikahêque par les Papous ( ce qui veut dire anguille
de terre), est grisâtre sur le dos, blanche iuférieurement, à
écailles grandes, comme marquetées, et parsemées de points
noirs. Le petit scinque queue-bleue se trouve à Doréry avec une
autre espèce que nous n’avons pu atteindre et qui vit dans les
troncs pourris des vieux arbres abattus. Le grand nombre de têtes
osseuses de crocodiles sus|)endues aux cabanes des Papous avec
celles des Alfourous leurs ennemis, ne permettent point de
douter que cet animal redoutable n’y soit généralement répandu.
Nous devons dire que, dans un temple grossier, au milieu de
plusieurs idoles papoues, nous avons vu une représentation
assez fidèle du crocodile, ce qui nous autorise à croire que les
indigènes adressent à ce hideux reptile un culte d’autant plus
fervent qu’il est imposé par la peur.
A l’époque où nous longions les côtes de la Nouvelle-Guinée,
en juillet 18a4, la mer était toujours unie, et couverte de nombreux
zoopbytes ; un vent favorable enflait les voiles de notre
corvette, et à chaque instant passaient le long du navire des
hydres' qui semblaient errer au hasard. Un canot qu’on mit à
' {H fd r u s élco/oT-, Séhn. et Seba.) Ce reptile qu’on trouve figuré dans Russel