brables, tandis que certains poissons à couleurs sordides et sombres,
de la teinte du fond sur lequel ils vivent, s’y cachent, se
blottisssent dans le sable, et profitent de cette apparence trompeuse
pour saisir leur proie sans défiance : tels sont les poissons
littoraux. D’antres, à certaines époques, émigrent de l’endroit
où ils reçurent le jour, forment des essaims immenses qui parcourent
divers parages d’une manière constante et périodique.
Il en est enfin qui semblent destinés à ¡iromeuer leurs
troupes voraces au milieu des solitudes de l’Océan ; ce sont les
poissons pélagiens. Mais un tel ordre de choses, tout intéressant
(pi'il puisse être pour un esprit philosophique, ne ])eut nous
occuper ici. Ce ne serait peint le cas de rechercher les nombreux
détails qui se rattachexit à l’histoire générale des poissons ; ce
sont les limites de leur habitation respective qu’il nous importe
de connaître, et, il faut l’avouer, rien n’existe encore sur cette
branche de la science; trop de faits manquent, trop d’incertitude
règne sur la nomenclature comme sur la patrie des poissons,
potir qu’on puisse en tracer un aperçu satisfaisant'.
En jetant un coup d’oeil rapide sur la distribution géographique
des poissons, nous reconnaissons d’abord pour loi générale,
que certaines familles ou certaines races habitent une
zone déterminée autour du globe. Ainsi, telles espèces vivent
entre les tropiques, à peu près sous tous les méridiens, et ne
franchissent point ces limites, ou du moins s’cn éloignent peu;
d’autres, au contraire, semblent être propres aux zones tempérées
ou froides de l’hémisphère nord, tandis que quelques
poissons appartiennent essentiellement à l’hémisphère austral ;
par exemple, la chimère antarctique qui abonde également au
sud des trois grands caps de Horn,. de Diémeu et de Bonne-
‘ L ’ouvrage que M. Cuvier publie, concurreiTuncnl avec M. ValeiicieiineSj sera un
des plus beaux monuments que le savoir ait élevé à l’ichtliyologie. Notre fragment a
été écrit en 1826.
Espérance, et semble être fixée entre les 6 0 'à 35” degrés de
latitude. D'un autre côté cependant le plus grand nombre des
tribus de poissons occupent d’une manière permanente des
bassins limités.
La famille des cyclostomes de M. Duméril comprend les
lamproies des eaux douces, les ainmocettes, qui se plaisent
dans le sable de nos côtes, soit d'e fOcéan atlantique soit de la
Méditerranée, les gastrobranches, ((ui offrent le singulier jjbé-
iiomèue, dans les deux espèces de ce genre, d’en avoir une
(gastrobranchus glutinosa) vivant dans les mers du Nord, tandis
que la seconde (g. Dombey) habite les mers de riiémisphère
austral.
Les sélaciens, renommés par le grand nombre des poissons
voraces et dangereux compris sous ce nom, par leur grande taille,
sont à peu près disséminés dans toutes les mers, sans exception,
et fréquentent principalement, et en plus grand nombre, les
côtes de l’ancien monde. L ’opinion générale veut que le requin
soit cosmopolite, et que ce vorace cartilagineux se trouve indifféremment
dans les mers d’Europe, des Indes, ou dans le grand
Océan. Il est plus commun cependant dans les parages des climats
chauds ; mais il paraît tout-à-fait remplacé dans les mers
des Moluques et de la Nouvelle-Guinée jjar le petit requin à
ailerons noirs (sq. melanopterus), tandis que les roussettes, les
émissoles, les griscts ,les scies, etc., fréquentent nos côtes et
celles de l’Amérique, de même que les marteaux et les anges.
Un seul genre paraît ne pas s’éloigner des rivages de l’Australie,
et l’espèce unique qui le coia\>os,e (cestracion Philippi)
n’y atteint jamais une grande taille, et même y est rare. Toutes
les mers ont des raies'. Leurs formes sont variées, mais en gé-
' Des raies nombreuses fréquentent les côtes d’Amérique, surtout la région septentrionale.
C ’est la patrie de celle dont rimmcnse développement lui a fait donner
le nom de devil Jîsh ou diable de m e r , et dont tous les journaux d’Europe ont parié