nus, de diverses lianes épineuses de la famille des légumineuses,
nous tuâmes plusieurs fois le tupinambis onië% que les
ind igènes nègres, qui parcourent temporairement ces rivages,
mangent avec plaisir, en se bornant à le griller sur les charbons
sans ôter les intestins". Avec la peau des grandes espèces ils fout
leur tambour ou tamtam. Nous jirimes plusieurs individus qui
avaient jusqu’à trois pieds de longueur, en y comprenant la
t[ueue. Les écailles qui revêtent l’épiderme sont petites, de couleur
noire, régulières, et relevées par des points ou taches jaunes
nombreuses. Une deuxième espèce, nommée Duarrha par les
naturels, est nu scinque ( Scincus duarrha ), de la taille du lézard
vert de France, dont il présente la teinte, quoiqu’il
jouisse de la faculté de passer au gris foncé. Enfin le scinque
queue-hleue et le gecko à bandes [Lacerta viltaLa, Gm. ) n’y
sont pas rares. Cette dernière espèce^, mentionnée plus particulièrement
aux Moluques et à Amboine sous le nom malais de
chichakpandang, décrite primitivement par M. Houttiiyn, puis
parM. Broiigniart, qui en a donné une bonne figure dans le Journal
de physique, semble ainsi appartenir à toutes les îles de la
Polynésie orientale et à leur prolongement.
Déjà Bougaiiiville, qui séjourna au port Praslin, en juillet
1768, avait dit que journellenient on y tuait des serpents (in-4°,
bicaréné h Macassar, à la terre des Papous et <à la Nouvelle-I-Ioilaiide. Cook l’observa
à Java, à Sumatra, à Mindanao, et même eu Corée et en Chine. Péron est le
premier qui a bien fait connaître cette espèce qu’il étudia à Timor.
' Peut-être le senembi de Bontius, tupinambis indiens de Daudin, t. 111, p. 46-
Notre espèce diffère en ce que les points, au lieu d’être blancs, sont d’un jaune v if,
sur un fond noir.
* Les Nègres de cette île recherchent singulièrement la chair des lézards, qu’ils
font rôtir sur les charbons, et qu’ils mangent sans les vicier, en ôtant la peau seulement-
^ Remarquable par la raie blanche, bifurquée sur la tête, qui occupe toute la
longueur du corps. Lacerta unistriata, Slia-w. Daudin , t. IV , p. 1 36, f 5o.
pag. 279), et ce célèbre marin rapporte en outre qu’un matelot
manqua périr pour avoir été mordu jiar uu serpent de mer,
sans doute un hydrophis. Nous ri’y trouvâmes que deux espèces
de couleuvres, dont l’une, â peine longue de dix-huit pouces,
et grêle, q le dessus du corps brun et le dessous blanchâtre,
tandis ([ue la seconde, grosse comme le petit doigt, est régulièrement
annelée de cercles larges de quatre lignes, de couleur
rougeâtre passant au brun, alternant avec des cercles blancs'.
Enlin la tortue franche, très-abondante dans ces havres paisibles,
que ferment les îles Lambonne [i\e aux Marteaux) et
iMtaoCAe, Verte), nageait souvent près de la corvette. Les naturels
se nourrissent de sa chair, font leurs hameçons pour la
pêche avec sou écaille, et la désignent par le nom de poule.
Prc.sque tout ce que nous avons dit de la Nouvelle-Irlande
doit s’appliquer à l’île de Waigiou, au havre de la Nouvelle-
Guinée, où nous séjournâmes, â Bourou, l’une des Moluques,
encore vierge, et â Amboine, depuis long-temps la capitale des
Européens en ces climats. Sur ces îles, placées sous la ligue ou
par de très-basses latitudes, bordées de forêts impénétrables de
inaiigliers, occupant des terrains noyés, entrecoupés de ruisseaux,
de marécages couverts d’une végétation serrée, pressée
sur le sol dont elle ne fait qu’un tapis, les reptiles sont
placés dans les conditions les plus favorables pour leur existence.
Aussi le nombre en est-il considérablement accru,
et toutes leurs espèces sont plus ou moins remarquables par
leur taille ou par leur férocité. Il en est de même des insectes
venimeux, dont les tribus, s’accroissant en paix, semblent former
une liaison intime avec la grande famille des reptiles, et
leur servir d’auxiliaires contre les autres êtres animés ; tels sont
' Nous devons cette dernière espèce à un de nos officiers, M. le lieutenant de
vaisseau Bérard.