s échapper dans l’océan, ni se dérober aux coups de
lance et de harpon dont il est alors assailli , et sous
lesquels il est bientôt forcé de succomber.
Tout le dessous de la tête et du corps, jusqu’au nombril,
présente des plis longitudinaux, dont la largeur
est ordinairement de cinq ou six centimètres, et qui
sont séparés lun de l’autre par un intervalle égal, ou
presque égal, a la largeur d’un de ces sillons. Gn voit
1 ensemble formé par ces plis longitudinaux remonter
de chaque côté, pour s’étendre jusqu a la base de la
nageoire pectorale. Ces sillons annoncent l’organe
remarquable que nous avons indiqué en parlant de la
jubarte, et dont nous allons nous occuper de nouveau
dans l’article de la baleinoptère museau-pointu.
En septembre de l’année 1692, un rorqual long de
vingt-six mètres échoua près du château d’Abercorn.
Depuis vingt ans, les pêcheurs de harengs, qui le re-
connoissoient à un trou qu’une balle avoit fait dans sa
nageoire dorsale, le vojoient souvent poursuivre les
légions des dupées.
Le 3o ventôse de l’an 6 de l’ère françoise, un cétacée
de vingt mètres de longueur fut pris dans la
Méditerranée sur la côte occidentale de File Sainte-
Marguerite;, municipalité de Cannes, département du
Var. Les marins le nommoient souffleur. Le citoyen
Jacques Quine, architecte de Grasse, en fit un dessin,
que le président de l’administration centrale du département
du Var envoja -au Directoire exécutif de la
République. Mon confrère le citojen Révellière Lépaux,
membre de l’Institut national, et alors membre du
Directoire, eut la bonté de me donner ce dessin, que
j’ai fait graver; et bientôt après, les fanons, les os de la
tête et quelques autres os de cet animal ajant été
apportés à Paris, je reconnus aisément que ce cétacée
appartenoit à l’espèce du rorqual.
C’est à cette même espèce, qui pénètre dans la Méditerranée,
qu’il faut rapporter une partie de ce qu’Aris-
tote et d’autres anciens naturalistes ont dit de leur mys-
ticetus et de leur baleine. Il semblerait qu a beaucoup
d’égards le mysticetus et la baleine des anciens auteurs
sont des êtres idéaux, formés par la réunion de plusieurs
traits, dont les uns appartiennent à notre baleine
franche, et les autres au gibbar, ou au rorqual,
ou à notre cachalot macrocéphale.
Daléchamp, savant médecin et naturaliste, mort à
Lyon en i 5 88, parle, dans une de ses notes sur Pline*,
d’un cétacée qu’il avoit vu , et qui avoit été jeté sur le
rivage de la Méditerranée, auprès de Montpéllier. Il
donne le nom d'orque à ce cétacée ; mais il paroît que
c’est un rorqual qu’il avoit observé.
* Balænarum plana et levis cutis est, o se arum eanaliculatim striata,
qualem vidimus in littus ejectam, prope Monspesulum. (Note de Daléchamp
sur le chapitre 6 du livre IX de Pline, édition de Lyon, 160&.)