xij VUE GÉNÉRALE
vivans qui peuplent la surface sèche du globe, ont disparu
à nos jeux; nous n’appercevons plus ni les rhinocéros
, ni les hippopotames, ni les éléphans, ni les
crocodiles, ni les serpens démesurés : mais, sur la surface
de la mer, nous vojons encore des troupes nombreuses
d êtres animés en parcourir avec rapidité l’immense
étendue, et se jouer avec les montagnes d’eau
soulevées par les tempêtes. ‘Ces êtres que de la hauteur
où notre pensée nous a élevés, nous serions tentés de
croire les seuls habitans de la terre, sont les cétacées.
Leurs dimensions sont telles, qu’on peut saisir sans
peine le rapport de leur longueur avec la plus grande
des mesures terrestres. On peut croire que de vieilles
baleines ont eu une longueur égale au cent-millième
du quart d’un méridien.
Rapprochons-nous d’eux ; et avec quelle curiosité ne
devons-nous pas chercher à les connoître? Ils vivent,
comme les poissons, au milieu des mers; et cependant
ils respirent comme les espèces terrestres. Ils habitent
le froid élément de l’eau; et leur sang est chaud , leur
sensibilité très-vive , leur affection pour leurs semblables
très-grande , leur attachement pour leurs petits
très-ardent et très-courageux. Leurs femelles nourrissent
du lait que fournissent leurs mamelles , les
jeunes cétacées qu elles ont portés dans leurs flancs, et
qui viennent tout formés à la lumière, comme l’homme
et tous les quadrupèdes, :
Ils sont immenses, ils se meuvent avec une grande
DES C É TA C é E S. xllj
vitesse; et cependant ils sont dénués de pieds proprement
dits, ils n’ont que des bras. Mais leur séjour a été
fixé au milieu d’un fluide assez dense pour les soutenir
par sa pesanteur, assez susceptible de résistance pour
donnera leurs mouvemens des points d’appui pour ainsi
dire solides, assez mobile pour s’ouvrir devant eux et
n’opposer qu’un léger obstacle à leur course. Élevés
dans le sein de l’atmosphère, comme le condor, ou
placés sur la surface sèche de la terre, comme l’éléphant,
ils n’auroient pu soutenir ou mouvoir leur
énorme masse que par des forces trop supérieures à
celles qui leur ont été accordées, pour qu’elles puissent
être réunies dans un être vivant. Combien de vérités
importantes ne peut donc pas éclairer ou découvrir la
considération attentive des divers phénomènes qu ils
présentent !
De tous les animaux, aucun n’a reçu un aussi grand
domaine : non seulement la surface des mers leur appartient,
mais les abîmes de l’océan sont des provinces
de leur empire. Si l’atmosphère a été départie à l’aigle,
s’il peut s’élever dans les airs à des hauteurs égales aux
profondeurs des mers dans lesquelles les cétacees se précipitent
avec facilité, il ne parvient à ces régions éthé-
rées qu’en luttant contre les vents impétueux, et contre
les rigueurs d’un froid assez intense pour devenir bientôt
mortel.
La température de l’océan est, au contraire, assez
douce, et presque uniforme dans toutes les parties de