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D’autres auteurs ont avancé que ce sac n’étoit que
la vessie de l’urine, et que les boules d’ambre étoient
des concrétions analogues aux pierres que l’on trouve
dans la vessie de l’homme, et de tant d’animaux : mais
le savant docteur Swediawer a fait remarquer avec
raison, dans l’excellent travail qu’il a publié sur l’ambre
gris *, que l’on trouve des morceaux de cet aromate
dans les cachalots femelles comme dans les mâles, e’t
que les boules qu’elles renfermentsont seulement moins
grosses et souvent moins recherchées. Il a montré que
la formation de l’ambre dans la vessie, et l’existence
d’un sac particulier, étoient entièrement contraires aux
résultats de l’observation ; il a fait voir que ce prétendu
sac n’est autre chose que le cæcum du macrocéphale,
lequel cæcum a plus d’un mètre de longueur; et après
avoir rappelé que, suivant Koempfer, l’ambre gris,
nommé par les Japonois excrément de baleine (kusura
no fu), étoit en effet un excrément de ce cétaeée, il a
exposé la véritable origine de cette substance singulière
, telle que la démontrent des faits bien constatés.
L’ambre gris se trouve dans le canal intestinal du
macrocéphale, à une distance de l’anus, qui varie entre-
un et plusieurs mètres. Il est parsemé de fragmens de
mâchoires du mollusque nommé seiche, parce que le
cachalot macrocéphale se nourrit principalement de çe
mollusque, et que ces mâchoires sont d’une substance
de corne qui ne peut pas être digérée.
* Transactions philosophiques.
Il n’est qu’un produit des excrémens du cachalot ;
mais ce résultat n’a lieu que dans certaines circons
tances, et ne se trouve pas par conséquent dans tous
les individus. Il faut, pour qu’il existe, qu’une cause
quelconque donne aucétacée une maladie assez grave,
une constipation forte, qui se dénote par un affoiblis
sement extraordinaire, par une sorte d engourdisse
ment et de torpeur , se termine quelquefois d une
manière funeste à l’animal par un abcès à 1 abdomen,
altère les excrémens, et les retient pendant un temps
assez long pour qu’une partie de ces substances se ra
masse*, se coagule, se modifie, se consolide, et présente
enfin les propriétés de 1 ambre gris.
L’odeur de cet ambre ne doit pas étonner. En effet,
les déjections de plusieurs mammifères, tels que les
boeufs, les porcs, etc. répandent, lorsqu elles sont
gardées pendant quelque temps, une odeur semblable
à celle de l’ambre gris. D’ailleurs, on peut observer,
avec Romé de Lille *, que les mollusques dont se
nourrit le macrocéphale, et dont la substance fait la
base des excrémens de ce cétacée, répandent pendant
leur vie, et même après qu’ils ont été desséchés, des
émanations odorantes très-peu différentes de celles de
l’ambre, et que ces émanations sont très-remarquables
dans l’espèce de ces mollusques qui a reçu, soit des
Grecs anciens, soit des Grecs modernes, les noms de
Journal de physique j novembre.1784.