force de ces organes et multiplient leurs résultats.
Comparons ces liaisons avec les rapports analogues
observés dans les autres mammifères ; et nbus trouverons
que l’odorat et le goût sont très-rapprochés,
et, pour ainsi dire, réunis dans tous les mammifères;
que 1 odorat, le goût et le toucher sont, en quelque
sorte, exercés par le même organe dans l’éléphant ; et
que l’odorat et l’ouïe sont très-rapprochés dans les
cétacées. Nous exposerons ce dernier rapport, en
faisant l’histoire du dauphin vulgaire. Mais observons
déjà qu’une liaison analogue existe entre l’ouïe et
l’odorat des poissons, lesquels vivent dans l’eau,
comme les cétacées; et de plus, considérons que les
deux sens que l’on voit, en quelque sorte, réunis dans
les cétacées, sont tous les deux propres à recevoir les
impressions d’objets très-éloignés; tandis que, dans la
réunion de l’odorat avec le goût et avec le toucher,
nous trouvons le toucher et le goût qui ne peuvent
être ébranlés que par les objets avec lesquels leurs organes
sont en contact. Le rapprochement de l’ouïe et
de l’odorat donne à l’animal qui présente ce rapport,
des sensations moins précises et des comparaisons
moins sûres, que la liaison de l’odorat avéc le goût et
avec le toucher ; mais il en fait naître de plus fréquentes,
de plus nombreuses et de plus variées. Ces
impressions, plus diversifiées et renouvelées plus souvent,
doivent ajouter au penchant qu’ont les cétacées
pour les évolutions très-répétées , pour les longues
natations, pour les voyages lointains; et c’est par une
suite du même principe que la supériorité de la vue
et la finesse de l’ouïe donnent aux oiseaux une tendance
très-forte à se mouvoir fréquemment, à franchir
de grandes distances, à chercher au milieu des airs la
terre et le climat qui leur conviennent le mieux.
Maintenant si, après avoir examiné rapidement les
sens des cétacées, nous portons nos regards sur les
dimensions des organes de ces sens, nous serons étonnés
de trouver que celui de l’ouïe, et sur-tout celui de
la vue, ne sont guère plus grands dans des cétacées
longs de quarante ou cinquante mètres, que dans des
mammifères de deux ou trois mètres de longueur.
Observons ici une vérité importante. Les organes
de l’odorat, de la vue et de l’ouïe, sont, pour ainsi
dire, des instrumens ajoutés au corps proprement
dit d’un animal; ils n’en font pas une partie essentielle
: leurs proportions et leurs dimensions ne doivent
avoir de rapport qu’avec la nature, la force et
le nombre des sensations qu’ils doivent recevoir et
transmettre au système nerveux, et par conséquent au
cerveau de l’animal; il n’est pas nécessaire qu’ils aient
une analogie de grandeur avec le corps proprement
dit. Etendus même au-delà de certaines dimensions
ou resserrés en-deçà de ces limites , ils cesseroient de
remplir leurs fonctions propres ; ils ne concentreroient
plus les impressions qui leur parviennent; ils les trans-
mettroient trop isolées; ils ne seroient plus un ins