tion du vojage en Islande de MM. Olafsen et Povelsen,'
on ne doit pas douter que le macrocéphale ne soit assez
vorace pour saisir un bateau pêcheur, le briser dans
sa gueule, et engloutir les hommes qui le montent:
aussi les pêcheurs islandois redoutent-ils son approche.
Leurs idées superstitieuses ajoutent à leur crainte, au
point de ne pas leur permettre de prononcer en haute
mer le véritable nom du macrocéphale ; et ne négligeant
rien pour l’éloigner, ils jettent dans la mer,
lorsqu’ils apperçoivent ce féroce cétacée, du soufre,
des rameaux de genevrier, des noix muscades, de la
fiente de boeuf récente, ou tâchent de le détourner par
un grand bruit et par des cris perçans.
Le macrocéphale cependant rencontre dans de grands
individus, ou dans d’autres habitansdes mers que ceux
dont il veut faire sa proie, des rivaux contre lesquels
sa puissance est vaine. Une troupe nombreuse de ma-
crocéphales peut même être forcée de combattre contre
une autre troupe de cétacées redoutables par leur force
ou par leurs armes. Le sang coule alors à grands flots
sur la surface de l’océan, comme lorsque des milliers
de harponneurs attaquent plusieurs baleines; et la mer
se teint en rouge sur un espace de plusieurs kilomètres
*.
* T r a d u c t io n d u Voyage en Islande de MM. Olafsen et Povelsen ,
tom e I V , p a g e 4 3 9 .
Le F. Feuillée dit, dans le recueil des observations qu’il avoit faites en
Au reste, n’oublions pas de faire faire attention à
cés mugissemens qu’ont fait entendre les cachalots
échoués dans la baie d’Audierne, et de rappeler ce que
nous avons dit des sons produits par les cétacées, dans
l’article de la baleine franche et dans celui de la ba-
leinoptère jubarte.
La contrainte, la douleur, le danger, la rage, n’arrachent
peut-être pas seuls des sons plus ou moins forts
et plus ou moins expressifs aux cétacées, et particulièrement
au cachalot macrocéphale. Peüt-être le sentiment
le plus vif de tous ceux que les animaux peuvent
éprouver, leur inspire-t-il aussi des sons particuliers
qui l’annoncent au loin. Les macrocéphales du moins
doivent rechercher leur femelle avec une sorte de
fureur. Ils s’accouplent comme la baleine franche ; et
pour se livrer à leurs amours avec moins d’inquiétude
ou de trouble, ils se rassemblent, dans le temps de leur
union la plus intime avec leur femelle , auprès des
rivages les moins fréquentés. Le capitaine Colnett dit,
dans la relation de son vojage, que les environs des
îles Gallapagos sont dans le printemps le rendez-vous
Amérique (tome I , page 3gS), qu’auprès de la côte du Pérou il vit l’eau
de la mer mêlée avec un sang fétide; que, selon les Indiens, ce phénomène
avoit lieu tous les mois, et que ce sang provenoit, suivant ces mêmes
Indiens, d’une évacuation à laquelle les baleines femelles étoient sujettes
chaque mois, et lorsqu’elles étoient en chaleur. Les combats que se livrent
les cétacées, et le nombre de ceux qui périssent sous les coups des pécheurs
suffisent pour expliquer le fait observé par le P. Feuillée , sans qu’on ait
besoin d’avoir recours aux idées des Indiens.