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remonteroit que lorsque la putréfaction des organes
intérieurs l’auroit gonflé au point d’augmenter beaucoup
son volume.
L’auteur de Y Histoire des pêches des Hollandois dans
les mers du Nord fait observer avec soin qultsi l’on
remorquoit la baleine franche par la tête, la gueule
énorme de ce cétacée, qui est toujours ouverte après la
mort de l’animal, parce que la mâchoire inférieure n’est
plus maintenue contre celle d’en-haut, seroit comme
une sorte de gouffre , qui agiroit sur un immense volume
d’eau, et feroit éprouver aux rameurs une résistance
souvent insurmontable.
Lorsqu’on a amarré le cadavre d’une baleine franche
au navire, et que son volume n’est pas trop grand relativement
aux dimensions du vaisseau, les chaloupes
vont souvent à la »echerche d’autres individus, avant
qu’on ne s’occupe de dépecer la première baleine.
Mais enfin on prépare deux palans, l’un pour tourner
le cétacée, et l’autre pour tenir sa gueule élevée au-
dessus de l’eau, de manière qu’elle ne puisse pas se
remplir. Les dépeceurs garnissent leurs bottes de crampons
, afin de se tenir fermes ou de marcher en sûreté,
sur la baleine; et les opérations Au dépècement
commencent.
Elles se font communément à bas-bord. Avant tout,
on tourne un peu l’animal sur lui-même par le moyen
d’un palan fixé par un bout au mât de misaine, et attaché
par l’autre à la queue de la baleine. Cette manoeuvre
fait que la tête du cétacée, laquelle se trouve du côté
de la poupe, s’enfonce un peu dans 1 eau. On la relève,
et un funin serre assez fortement une mâchoire contre
une autre, pour que les dépeceurs puissent marcher sur
la mâchoire inférieure sans courir le danger de tomber
dans la mer, entraînés par le mouvement de cette mâchoire
d’en-bas. Deux dépeceurs se placent sur la tête
et sur le cou de la baleine ; deux harponneurs se mettent
sur son dos; et des aides, distribués dans deux chaloupes,
dont l’une est à l’avant et l’autre à l’arrière de
l’animal, éloignent du cadavre les oiseaux d’eau, qui se
précipiteroient hardiment et en grand nombre sur la
chair et sur le lard du cétacée. Cette occupation a fait
donner à ces aides le nom de cormorans. Leur fonction
est aussi de fournir aux travailleurs les instrumens
dont ces derniers peuvent avoir besoin. Les principaux
de ces instrumens consistent dans des couteaux de bon
acier, nomrtiés tranchans, dont la longueur est de deux
tiers de mètre, et dont le manche a deux mètres de
long; dans d’autres couteaux, dans des mains de fer,
dans des crochets, etc.
Le dépècement commence derrière la tète, très-près
de l’oeil. La pièce de lard qu’on enlève, et que l’on
nomme pièce de revirement, a deux tiers de mètre de
largeur; on la lève dans toute la longueur de la baleine.
On donne communément un demi-mètre de large aux
autres bandes, qu’on coupe ensuite, et qu’on lève toujours
de la tête à la queue, dans to.ute lepaisseur de ce