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tubercules, les piquans et les aiguillons’. Mais, quoi qu’il
en soit, le fanon tire sa nourriture, et en quelque sorte
le ressort de son extension graduelle, de la substance
blanche à laquelle on a donné le nom de gencive. Il
est accompagné, pour ainsi dire, dans sou développement
, par des lames qu’on a. nommées intermédiaires,
parce qu’elles le séparent du fanon le plus
voisin , et qui, posées sur la même base, produites dans
la même substance, formées dans le même temps, ne
faisant qu’un seul corps avec le fanon, le renforçant, le
maintenant à sa place, croissant dans la même proportion,
et s’étendant jusqu’à la lèvre supérieure, s’y altèrent,
s’j ramollissent, s’y délayent, et sÿ dissolvent
comme un épiderme trop long-temps plongé dans
l ’eau. L’auteur de l’Histoire hollandoise des pêches dans
là mer du Nord’ rapporte qu’on trouve souvent, au
milieu de beaux fanons, des fanons plus petits, que l’on
regarde comme ayant poussé à la place de lames plus
grandes, déracinées et arrachées par quelque accident.
On assure que lorsque la baleine franche ferme entièrement
la gueule, ou dans quelque autre circonstance,
les fanons peuvent se rapprocher un peu l’un de l’autre,
et se disposer de manière à être un peu plus inclinés
que dans leur position ordinaire. *
1 Voyez, au commencement de VHistoire naturelle des poissons, notre
Discours sur la nature de ces animaux.
* Histoire des pêches., des déeouvertes et .des établissemens .des Ih l-
landois dans les mers du Nord; ouvrage traduit du hollandois par le
citoyen Bernard Dereste, etc.
Après la mort de la baleine, l’épiderme glutineux
qui recouvre les fanons, se sèche f et les colle les uns
aux autres. Si l’on veut les préparer pour le commerce
et les arts, on commence donc par les séparer avec un
coin ; on les fend ensuite dans le sens cle leur longueur,
avec des couperets bien aiguisés ; on divise ainsi
les différentes couches dont ils sont composés, et qui
étoient retenues l’une contre l’autre par des filamens
entrelacés et par une substance gélatineuse ; on les
met dans de l’eau froide, ou quelquefois dans de l’eau
chaude; on les attendrit souvent dans l’huile-que la
baleine a fournie; on les ratisse au bout de quelques
heures; on les brosse; on les place, un à un, sur une
planche bien polie; on les racle de nouveau; on en
coupe les extrémités; on les expose à l’air pendant quelques
heures, et on les dispose de manière qu’ils puissent
continuer de sécher sans s’altérer et se corrompre '.
C’est après avoir eu recours à ces procédés, qu’on se
sert ou qu’on s’est servi de ces fanons pour plusieurs
ouvragés, et particulièrement pour fortifier des corsets,
soutenir des paniers, former des parapluies, monter
des lunettes s ,. garnir des éventails, composer des 1 2
1 Histoire des "pêches 3 des découvertes et des établis semé ns des Hollandois
dans les mers du Nord} tome I , p. iS^.
2 Depuis 1787, à. Songeonsj près de Beauvais , département de l’Oise, on
monte les lunettes en fanon > au lieu de les monter en .cuir ou en métal
Ce changement a beaucoup augmenté la fabrique. On y voit à présent des
femmes, et même des enfans de dix ou douze ans, monter des lunettes