que ceux de la baleine franche. Le génie de 1 homme
dominera toujours l’intelligence des animaux, et son
art enchaînera la force des plus redoutables. On peche
avec succès les maérocéphales, non seulement dans
notre hémisphère, mais dans l’hémisphère austral; et
à mesure que d’illustres exemples et de grandes leçons
apprennent aux navigateurs à faire avec facilité ce qui
naguère étoit réservé à l’audace éclairée des Magellan,
des Bougainville et des Cook, les stations et le
nombre des pêcheurs de cachalots, ainsi que d’autres
grands cétacées dont on recherche l’huile, les fanons,
l’ambre ou l’adipocire, se multiplient dans les deux
océans. Ces pêcheries ouvrent de nouvelles sources de
richesses, et créent de nouvelles pépinières de marins
pour les Anglois, et pour les Américains des Etats-Unis,
ce peuple que la nature, la liberté et la philosophie
appellent aux plus belles destinées, et qui l’emporte
déjà sur tant d’autres nations par l’habileté et la hardiesse
avec laquelle il parcourt la mer comme ses
belles contrées, et recueille les trésors de l’océan aussi
facilement que les moissons de ses campagnes *.
■ Les macrocéphales résistent plus long-temps que
beaucoup d’autres cétacées, aux blessures que leur font
la lance et le harpon des pêcheurs. On ne leur arrache
que difficilement la vie, et on assure qu’on a vu de ces
cachalots respirer encore, quoique privés départies
* Le citoyen Cossigny a parlé de ces pêciieries australes dans l’intéressant
ouvrage qu’il a publié sur les colonies.
considérables de leur corps, que le fer avoit désorganisées
au point de les faire tomber en putréfaction.
Il faut observer que cette force avec laquelle les
organes du cachalot retiennent, pour ainsi dire, la
vie , quoiqu’étroitement liés avec d autres organes
lésés, altérés et presque détruits, appartient a une
espèce de cétaeée qui a moins besoin que les autres
animaux de sa famille, de venir respirer à la surface
des mers le fluide de l’atmosphère, et qui par conséquent
peut vivre sous l’eau pendant plus de temps .
La peau, le lard , la chair, les intestins et les tendons
du cachalot macrocéphale, sont employés dans
plusieurs contrées septentrionales aux mêmes usages
que ceux du narwal vulgaire. Ses dents et plusieurs
de ses os y servent à faire dés instrumens ou de pêche
ou de chasse. Sa langue cuite y est recherchée comme
un très-bon mets. Son huile, suivant plusieurs auteurs,
donne une flamme claire, sans exhaler de mauvaise
odeur; et l’on peut foire une colle excellente avec les
fibres de ses muscles. Réunissez à ces produits l’adi-
pocire et l’ambre gris, et vous verrez combien de
motifs peuvent inspirer à l’homme entreprenant et
avide le désir de chercher le macrocéphale au milieu
des frimas et des tempêtes, et de le provoquer jusqu’au
bout du monde.
* On peut voir ce que nous avons dit sur des phénomènes analogues,
dans le Discours qui est à la tête de l’Histoire naturelle des quadrupèdes
ovipares.