trument particulier ; ils ne feroient plus éprouver des
odeurs; ils ne formeroient plus des images; ils ne
feroient plus entendre des sons; ils se rapprocheroient
des autres parties du corps de l’animal, au point de
n être plus qu’un organe du toucher plus ou moins imparfait
, de ne plus communiquer que des impressions
relatives au tact, et de ne plus annoncer la présence
d!objets éloignés.
Il nen est pas ainsi des organes du mouvement, de
la digestion , de la circulation, de la respiration : leurs
dimensions doivent avoir un tel rapport avec la grandeur
de l’animal, qu’ils croissent avec son corps pro--
prement dit, dont ils composent des parties intégrantes,
dont ils forment des portions essentielles, à
l’existence duquel ils sont nécessaires; et ils s’agrandissent
même dans des proportions presque toujours
très-rapprochées de celles du corps proprement dit, et
souvent entièrement semblables à ces dernières.
Mais l’ouïe des eétacées est-elle aussi souvent exercée
que leur vue et leur odorat? Peuvent-ils faire entendre
des bruissemens ou des bruits plus ou moins forts, et
même proférer de véritables sons, et avoir une véritable
voix?
On verra dans l’histoire de la baleine franche, dans
celle de la jubarte, dans celle du cachalot macrocé-
phale, dans celle du dauphin vulgaire, que ces animaux
produisent de véritables sons.
Une troupe nombreuse de dauphins férès, attaqués
en 1787, dans la Méditerranée, auprès de Saint-Tropès,
fit entendre des sifflemens aigus, lorsqu’elle commença
à ressentir la douleur que lui firent éprouver des blessures
cruelles. Ces sifflemens avoient été précédés de
mugissemens effrayans et profonds.
Un butskopf, combattu et blessé auprès de Honfleur
en 1788, mugit comme un taureau, suivant les expressions
d’observateurs dignes de foi.
. Dès le temps de Rondelet on connoissoit les mugissemens
par lesquels les eétacées des environs de Terre-
Neuve exprimoient leur crainte, lorsqu’attaqués par
une orque audacieuse, ils se préçipitoient vers la côte,
pleins de trouble et d’effroi.
Lors du combat livré aux dauphins férès vus en
1787 auprès de Saint-Tropès, on les entendit aussi
jeter des cris très-forts et très-distincts.
Un physétère mular a pu faire entendre un cri terrible,
dont le retentissement s’est prolongé au loin,
comme un immense frémissement.
L’organe de la voix des eétacées ne paroît pas cependant
, au premier coup-d’oe il, conformé de manière à
composer un instrument bien sonore et bien parfait :
mais on verra, dans l’Histoire que nous publions, que
le larynx de plusieurs eétacées non seulement s’élève
comme une sorte de pyramide dans la partie inférieure
des,évents, mais que l’orifice peut en être diminué à
leur volonté par le voile du palais qui l’entoure et
qui est garni d’un sphincter ou muscle circulaire. La
D