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habitent lés plaines brûlantes de l’Afrique, des larves
de taons ou d’autres insectes fatigans et funestes.
Aussi n’avons-nous pas été surpris dé lire dans le
Vojage du capitaine Colnett autour du cap de Horn et
dans le grândOcéân, que depuis l'île Grande de l’Océan
atlantique, jusqu’auprès dès côtes de la Californie, il
avoit vu des troupes dé pétrels bleus accompagner les
baleines franches *.
Mais voici trois ennemis de la baleine, remarquables
par leur grandeur, leur agilité, leurs forces et leurs
armes. Ils la suivent avec acharnement, ils la combattent
avec fureur; et cependant reconnoissons de nouveau
la puissance de la baleine franche : leur audace s’évanouit
devant elle, s’ils ne peuvent pas, réunis plusieurs
ensemble, concerter différentes attaques simultanées ,
combiner les efforts successifs de divers combattans, et
si elle n’est pas encore trop jeune pour présenter tous
les attributs de l’espèce.
Ces trois ennemis sont le squale scie, Je cétacée auquel
nous donnons le nom de dauphin gladiateur | et le
squale requin.
Le squale scie, que les pêcheurs nomment souvent
vivelle, réOcontre-t-ii une baleine franche dont l’âge
soit encore très-peu avancé et la vigueur peu déve-
Jeppée; il ose, si la faim le dévore, se jeter sur ce
cétaèéë.
* A Voyage to the south Atlantic , for the purpose o f extending the
spermaceti -whale fisheries, etc, by captain James Colne;t. London,
La jeune baleine, pour le repousser, enfonce sa tête
dans l’ean, relève sa queue , l’agite et frappe des deux
côtés. Si elle atteint son ennemi, elle l’accable, le tue,
l’écrase d’un seul coup. Mais le squale se précipite en
arrière, l’évite, bondit, tourne et retourne autour de
£on adversaire, change à chaque instant son attaque,
Saisit le moment le plus favorable, s élance sur la
baleine, enfonce dans son dos la lame longue, osseuse
et dentelée, dont son museau est garni, la retire avec
violence, blesse profondément le jeune cétacée, le dér
çhire, le suit dans les profondeurs de l’océan, le force à
remonter vers la surface de la mer, recommence un
combat terrible, et, s’il ne peut lui donner la mort,
expire en frémissant.
Les dauphins gladiateurs se réunissent, forment une
grande troupe, s’avancent tous ensemble vers la ba*
feine franche, l’attaquent de toutes parts, la mordent,
la harcèlent, la fatiguent, la contraignent à ouvrir sa
gueule, et, se jetant sur sa langue, dont on dit qu’ils
sont trèg-avides, la piettant en pièces, et l’arrachant
par lambeaux, causent des douleurs insupportables au
cétacée vaincu par le nombre, et l’ensanglantent par
des blessures mortelles.
Les énormes requins du Nord, que quelques navigateurs
ont nommés ours de mer à cause de leur voracité,
combattent la baleine sous l’eau : ils ne cherchent
pas à se jeter sur sa langue; mais ils parviennent à
enfoncer dans son ventre les quintuples rangs de leurs