choc qu’ils éprouvent en tombant violemment sur le
rivage, un dessèchement subit dans plusieurs de leurs
organes, et plusieurs autres causes, concourent alors à
terminer leur vie : mais il ne faut pas croire, avec les
anciens naturalistes, que l’altération de leurs évents,
dont l’orifice se dessèche, se resserre et se ferme, leur
donne seule la mort, puisqu’ils peuvent, lorsqu’ils sont
hors de l’eau, respirer très-librement par l’ouverture
de leur gueule.
Le dauphin est d’autant moins gêné dans ses bonds
et dans ses circonvolutions, que son plus grand diamètre
n’est que le cinquième ou à peu près de sa longueur
totale , et n’en est très-souvent que le sixième
pendant la jeunesse de l’animal.
Au reste, cette longueur totale n’excède guère trois
mètres et un tiers.
Vers le milieu de cette longueur, entre le nombril et
l’anus, est placée la verge du mâle, qui est aplatie, et
dont on n’apperçoit ordinairement à l’extérieur que
l’extrémité du gland. Il paroît que lorsqu’il s’accouple
avec sa femelle, ils se tiennent dans une position plus
ou moins voisine de la verticale, et tournés l’un vers
l’autre.
La durée de la gestation est de dix mois, suivant
Aristote : le plus souvent la femelle met bas pendant
l’été ; ce qui prouve que l’accouplement a lieu au commencement
de l’automne, lorsque les dauphins ont
reçu toute l’influence de la saison vivifiante.
La femelle ne donne le jour qua un ou deux petits;
elle les allaite avec soin, les porte sous ses bras pendant
qu’ils sont encore languissans ou foibles, les
exerce à nager,.joue avec eux, les défend avec courage
, ne s’en sépare pas même lorsqu’ils n’ont plus
besoin de son secours, se piaît à leur côté, les accompagne
par affection, et les suit avec constance, quoique
déjà leur développement soit très-avancé.
Leur croissance est prompte : à dix ans, ils ont souvent
atteint à toute leur longueur. Il ne faut pas croire
cependant que trente ans soient le terme de leur vie,
comme plusieurs auteurs l’ont répété d’après Aristote.
Si l’on rappelle ce que nous avons dit de la longueur
de la vie de la baleine franche, on pensera facilement
avec d’autres auteurs que le dauphin doit vivre très-
long-temps, et vraisemblablement plus d’un siècle.
Mais ce n est pas seulement la mère et les dauphins
auxquels elle a donné le jour, qui paroissent réunis par
les liens d’une affection mutuelle et durable : le mâle
passe, dit-on, la plus grande partie de sa vie auprès de
sa femelle ; il en est le gardien constant et le défenseur
fidèle. On a même toujours pensé que tous les
dauphins en général étoient retenus par un sentiment
assez vif auprès de leurs compagnons. On raconte, dit
Aristote, qu’un dauphin ajant été pris sur un rivage
de la Carie, un grand nombre de cétacées de la même
espèce s approchèrent du port, et ne regagnèrent la
pleine mer que lorsqu’on eut délivré le captif qu’on leur
avoit ravi. 35