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particulière doivent développer un volume si énorme,
et conserver pendant tant de siècles le souffle qui
1 anime, et les ressorts qui le font mouvoir?
Quelques auteurs ont pensé que la baleine franche
se nourrissoit de poissons, et particulièrement de gades,
de scombres et de clupées ; ils ont même indiqué les
espèces de ces osseux qu’elle préféroit : mais il paroît
qu ils ont attribué à la baleine franche ce qui appartient
au nordcaper et à quelques autres baleines. La
franche n a vraisemblablement pour alimens que des
crabes et des mollusques, tels que des actinies et des
clios. Ces animaux, dont elle fait sa proie , sont bien
petits ; mais leur nombre compense le peu de substance
que présente chacun de ces mollusques ou insectes. Ils
sont si multipliés dans les mers fréquentées par la baleine
franche, que ce cétacée n’a souvent qu’à ouvrir la
gueule pour en prendre plusieurs milliers à la fois.
Elle les aspire, pour ainsi dire, avec l’eau de la mer qui
les entraîne, et quelle rejette ensuite par ses évents;
et comme cette eau salée est quelquefois chargée de
vase, et charrie des algues et des débris de ces plantes
marines, il ne seroit pas surprenant qu’on eût trouvé
dans 1 estomac de quelques baleines franches, des sédi-
mens de limon et des fragmens de végétaux marins,
quoique l’aliment qui convient au cétacée dont nous
écrivons 1 histoire, ne soit composé que de substances
véritablement animales.
Une nouvelle preuve du besoin qu’ont les baleines
franches de se nourrir de mollusques et de crabes, est
l’état de maigreur auquel, elles sont réduites , lorsqu’elles
séjournent dans des mers où ces mollusques et
ces crabes sont en très-petit nombre. Le capitaine
Jacques Colnett a vu et pris de ces baleines dénuées de
graisse,à seize degrés treize minutes de latitude boréale,
dans le grand Océan équinoxial, auprès de Guatimala,
et par conséquent dan^ la zone torride*. Elles étoient
si maigres, quelles avoient à peine assez d’huile pour
flotter; et lorsqu’elles furent dépecées, leurs carcasses
coulèrent à fond, comme des pierres pesantes.
Les qualités des alimens de la baleine franche donnent
à ses excrémens un peu de solidité, et une couleur
ordinairement voisine de celle du safran, mais qui,
dans certaines circonstances, offre des nuances rougeâtres,
et peut fournir, suivant l’opinion de certains
auteurs, une teinture assez belle et durable. Cette dernière
propriété s’accorderoit avec ce que nous avons
dit dans plus d’un endroit de YHistoire des poissons. Nous
y avons fait observer que les mollusques non seulement
élaboroient cette substance, qui, en se durcissant autour
d’eux, devenoit une nacre brillante ou une coquille
ornée des plus vives couleurs, mais encore pa-
roissoient fournir aux poissons dont ils étoient la proie,
la matière argentine qui se rassembloit en écailles
* A Voyage to the south Atlantic , fo r the purpose o f extending the
spermaceti whale fisheries 9 etc. by captain James Colnett. London 9 179$»