64
sa queue, qu’elle lui imprime un mouvement bien supérieur
à celui qui fait parcourir onze mètres par seconde.,
qu’elle lui donne, pour ainsi dire, la rapidité
de l’éclair, quel violent coup de foudre elle doit
frapper !
Est-on surpris maintenant, que lorsque des bâtimens
1 assiègent dans une baie, elle n’ait .besoin que de
plonger et de se relever avec violence au-dessous de
ces vaisseaux, pour les soulever, les culbuter, les couler
à fond, disperser cette foible barrière, et cingler en
vainqueur sur le vaste océan*?
A la force individuelle les baleines franches peuvent
réunir la puissance que donne le nombre. Quelque
troublées qu’elles soient maintenant dans leurs retraites
boréales, elles vont encore souvent par troupes.. Ne se
disputant pas une nourriture qu’elles trouvent ordinairement
en très-grande abondance, et n’étant pas
habituellement agitées par des passions violentes, elles
sont naturellement pacifiques, douces, et entraînées les
unes vers les autres par une sorte d’affection quelquefois
assez vive et même assez constante. Mais si elles
n’ont pas besoin de se défendre les unes contre les
autres, elles peuvent être contraintes d’employer leur
puissance pour repousser des ennemis dangereux, ou
d’ayoir recours à quelques manoeuvres pour se délivrer
* On peut voir, dans l’ouvrage du savant professeur Schneider sur la
Synonymie des poissons et des célacées décrits par Jrtédi, le passage
d’Albert, qu’il cite page i 63.
d’attaques importunes, se débarrasser d’un concours
fatigant, et faire cesser des douleurs trop prolongées.
Un insecte de la femille des crustacées, et auquel on
a donné le nom de pou de baleine, tourmente beaucoup
la baleine franche. Il s’attache si fortement à la
peau de ce cétacée, qu’on la déchire plutôt que de l’en
arracher. Il se cramponne particulièrement à la commissure
des nageoires, aux lèvres, aux parties de la
o-énération, aux endroits les plus sensibles, et où la
baleine ne peut pas, en se frottant, se délivrer de cet
ennemi dont les morsures sont très-douloureuses et
très-vives, sur-tout pendant le temps des chaleurs.
D’autres insectes pullulent aussi sur son corps. Très-
souvent l’épaisseur de ses tégumens la préserve de leur
piqûre, et même du sentiment de leur présence ;
mais, dans quelques circonstances, ils doivent l’agiter,
comme la mouche du désert rend furieux le lion et la
panthère, au moins, s’il est vrai, ainsi qu’on l’a écrit,
qu’ils se multiplient quelquefois sur la langue de ce
cétacée, la rongent et la dévorent, au point de la détruire
presque en entier, et de donner, la mort à la
baleine.
Ces insectes et ces crustacées attirent fréquemment
sur le dos de la baleine franche un grand nombre d’oiseaux
de mer qui aiment à se nourrir de ces crustacées
et de ces insectes, les cherchent sans crainte sur ce large
dos, et débarrassent le cétacée de ces animaux incommodes,
comme le pique-boeuf délivre les boeufs qui