ne goudronne pas, pour qu’elle conserve sa flexibilité^
malgré le froid extrême que l’on éprouve dans les parages
où l’on fait la pêche de la baleine.
La lance dont on se sert pour cette pêche, diffère du
harpon, en ce que le fer n’a pas à'ailes ou oreilles qui
empêchent qu’on ne la retire facilement du corps de la
baleine , et qu’on n’en porte plusieurs coups de suite
avec force et rapidité. Elle a souvent cinq mètres de
long, et la longueur du fer est à peu près le tiers de la
longueur totale de cet instrument.
Le printemps est la saison la plus favorable pour la
pêche des baleines franches, aux degrés très-voisins du
pôle. L’été l’est beaucoup moins. En effet, la chaleur du
soleil, après le solstice, fondant la glace en différens
endroits, produit des ouvertures très-larges dans les
portions de plages congelées où la croûte étoit le moins
épaisse. Les baleines quittent alors les bords des immenses
bancs de glace, même lorsqu’elles ne sont pas
poursuivies. Elles parcourent de très-grandes distances
au-dessous de ces champs vastes et endurcis, parce
qu’elles respirent facilement dans cette vaste retraite „
en nageant d’ouverture en ouverture ; et les pêcheurs
peuvent d’autant moins les suivre dans ces espaces
ouverts, que les glaçons détachés qui y flottent brise-
roient. ou arrêteraient les canots que l’on voudrait y
faire voguer.
D’ailleurs, pendant le printemps les baleines trouvent*
en avant des champs immobiles de glace, une nourriture
abondante et convenable.
Il est sans doute des années et des parages où l’on
ne peut que pendant lete ou pendant 1 automne, surprendre
les baleines, ou se rencontrer avec leur passage
; mais on a souvent vu , dans le mois de germinal
ou de floréal, un si grand nombre de baleines franches
réunies entre le soixante-dix-septième et le soixante-
dix-neuvième degrés de latitude nord , que 1 eau lancée
par leurs évents, et retombant en pluie plus ou moins
divisée, représentoit de loin la fumée qui s’élève au-
dessus d’une immense capitale.
Néanmoins les pêcheurs qui, par exemple, dans le
détroit de Davis, ou vers le Spitzberg, pénètrent très-
avant au milieu des glaces, doivent commencer leurs
tentatives plus tard et les finir plutôt, pour ne pas
s’exposer à des dégels imprévus ou à des gelées subites,
dont les effets pourraient leur être funestes.
Au reste, les glaces des mers polaires se présentent
aux pêcheurs de baleines dans quatre états différens.
Premièrement, ces glaces sont contiguës; secondement,
elles sont divisées en grandes plages immobiles ;
troisièmement, elles consistent dans des bancs de glaçons
accumulés; quatrièmement enfin, ces bancs ou
montagnes d’eau gelée sont moUvans , et les courans ,
ainsi que les vents, les entraînent.
Les pêcheurs hollandois ont donné le nom de champs
de glace aux espaces glacés de plus de deux milles de
diamètre ; de bancs de glace j aux espaces gelés dont le
diamètre à moins de deux milles, mais plus d’un demi