la base de la nageoire pectoi’ale; et l’on pourroit dire
par conséquent qu’elle va presque jusqu’à l’épaule. Si
on regarde l’animal par côté, on voit le bord supérieur
et le bord inférieur de cette ouverture présenter,
depuis le bout du museau jusqu’auprès de l’oeil, une
courbe très-semblable à la lettre S placée horizontalement.
Les deux mâchoires sont à peu près-aussi avancées
l’une que l’autre. Celle de dessous est très-large, surtout
vers le milieu de sa longueur.
L’intérieur de la gueule-est si vaste dans la baleine
franche, que dans un individu de cette espèce, qui
n’étoit encore parvenu qu’à vingt-quatre mètres de
longueur, et qui fut pris en 1726, au cap de Hourdel,
dans la baie de la Somme, la capacité de la bouche
étoit assez grande pour que deux hommes aient pu y
entrer sans se baisser *.
La langue est molle, spongieuse, arrondie par-devant,
blanche, tachetée de noir sur les côtés, adhérente
à la mâchoire inférieure, mais susceptible de
quelques mouvemens. Sa longueur surpasse souvent
neuf mètres ; sa largeur est de trois ou quatre. Elle peut
donner plus de six tonneaux d’huile; et Duhamel assure
que lorsqu’elle est salée , elle peut être recherchée
comme un mets délicat.
La baleine franche n’a pas de dents; mais tout le
Mémoires envoyés au savant et respectable Duhamel du Monceau.
dessous de la mâchoire inférieure, o u , pour mieux
dire, toute la voûte du palais est garnie de lames que
1 on désigne par le nom de fanons. Donnons une idée
nette de leur contexture, de leur forme, de leur grandeur,
de leur couleur, de leur position, de leur nombre,
de leur mobilité, de leur développement, de l’Usage
auquel la Nature les a destinées , et de ceux auxquels
l’art a su les faire servir.
La surface d’un fanon est unie, polie, et semblable
à celle cle la corne. Il est composé de poils, ou plutôt-
de crins, places a côté les uns des autres dans le sens
de sa longueur, très-rapprochés , réunis et comme
collés par une substance gélatineuse, qui, lorsqu’elle
est sèche, lui donne presque toutes leS propriétés de la
corne, dont il a l’apparence.
Chacun de ces fanons est d’ailleurs très-aplati , alorigé,
et très-semblable, par sa forme générale , à la lame
d’une faux. Il se courbe un peu dans sa longueur comme
cette lame, diminue graduellement dé hauteur et
d’épaisseur, se termine en pointe, et montre sur son
bord inférieur ou concave' un tranchant analogue à celui
de la faux. Ce bord concave ou inférieur est garni
presque depuis son origine jusqu’à la pointe du fanon,
de crins qu’aucune substance gélatineuse ne.réunit, et
qui représentent, le long de ce bord tranchant et
aminci, une sorte de frange d’autant plus longue et
d autant plus touffue qu’elle est plus près de la pointe
ou de l’extrémité du fanon.