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de tous les cachalots macrocéphales ( sperma cetiJ des
côtes du Mexique, de celles du Pérou , et du golfe de
Panama ; qu’ils s’j accouplent; et qu’on y voit de jeunes
cachalots qui n’ont pas deux mètres de longueur.
On a écrit que le temps de la gestation est de neuf
ou dix mois, comme pour la baleine franche ; que la
mère ne donne le jour qu’à un petit et tout au plus
à deux. Mon ancien collègue, M. l’archevêque de Besançon,
et M. Chappuis, que j’ai déjà cités, ont-communiqué
dans le temps au professeur Bonnaterre ■
qui l’a publiée, une observation bien précieuse à ce
sujet.
Les trente-un cachalots échoués en 1784 auprès
d’Audierne étoient presque tous femelles. L’équinoxe
du printemps approchoit : deux de ces femelles mirent
bas sur le rivage. Cet événement, hâté peut-être par
tous les efforts quelles a voient faits pour se soutenir
en pleine mer et par la violence avec laquelle les
flots les avoient poussées sur le sable, fu t précédé par
des explosions bruyantes. L’une donna deux petits, et
l’autre un seul. Deux furent enlevés par les vagues : le
troisième, qui.resta sur la côte, étoit bien conformé,
n avoit pas encore de dents, et sa longueur étoit de trois
mètres et demi ; ce qui pùurroit faire croire que les
jeunes cachalots vus par M. Colnett auprès des îles
Gallapagos lui ont paru moins longs qu’un double
mètre, à cause de la distance à laquelle il a du etre de
ces jeunes cëtacées, et de la difficulté de les obseryer
au milieu des flots qui dévoient souvent les cacher en
partie.
La mère montre pour son petit une affection plus
grande encore que dans presque toutes les autres
espèces de cétaeées. C’est peut-être à un maerocéphale
femelle qu’il faut rapporter le fait suivant, que l’on
trouve dans la relation du vojage dé Fr. Pjrard*. Cet
auteur raconte que dans la mer du Brésil, un grand
cétacée, vojant son petit pris par des pêcheurs, se jeta
avec une telle furie contre leur barque, qu’il la renversa,
et précipita dans la mer son petit, qui par-là fut
délivré, et les pêcheurs, qui ne se sauvèrent qu’avec
peine.
Ce sentiment de la mère pour le jeune cétacée
auquel elle a donné le jour, se retrouve même dans
presque tous les macrocéphales pour les cachalots
avec lesquels ils ont l’habitude de vivre. Nous lisons
dans la relation du vojage du capitaine Colnett, que
lorsqu’on attaque une troupe de macrocéphales, ceux
qui sont déjà pris sont bien moins à craindre pour les
pêcheurs, que leurs compagnons encore libres, lesquels
, au lieu de plonger dans la mer ou de prendre
la fuite, vont avec audace couper les cordes qui retiennent
les premiers, repousser ou immoler leurs vainqueurs,
et leur rendre la liberté.
Mais les efforts des macrocéphales sont aussi vains
* Seconde partie, page 208.