2,3 o h i s t o i r e N A T U R E L L E
d’animaux dont ces bâtimens avoient été chargés ; elle
s’étoit creusé dans le sable une espèce de vaste sillon,
et, poussée par les flots vers le rivage, elle élevoit au-
dessus de l’eau un dos semblable à la carène d’un vaisseau
renversé. Claude l’attaqua à la tête des cohortes
prétoriennës, montées sur des bâtimens qui environnèrent
le géant cétacée, et dont un fut submergé par
l’eau que les évents de l'orque avoieôt lancée. Les
Romains du temps de Claude combattirent donc sur
les eaux un énorme tyran des mers, comme leurs pères
avoiènt combattu dans les champs de l’Afrique un immense
serpent devin, un sanguinaire dominateur des
déserts et des sablés brûlans *.
Examinons le typé dè ces orques de Pline.
Le microps a la tête si démesurée, que sa longueur
égale , suivant Artédi, la moitié de la longuéurdu cétacée
lorsqu’on lui a coupé la nageoire de la queue, et
que sa grosseur l’emporte sur celle de toute autre partie
du corps de ce pbysétère.
La bouche s’odvrë aü-dessous de cette tête remarquable.
La mâchoire supérieure, quoique moins avancée
que le museau proprement dit, l’est cependant un
peu plus que la mâchoire d’en-bas. Elle présente des
cavités propres à recevoir les dents de cette mâchoire
inférieure ; ét nous croyons devoir faire obsetvfer de
nouveau que, par une suite de cette conformation, les
* Article du serpent devin, dans notre Histoire naturelle des serpens*
deux mâchoires s’appliquent mieux 1 une contre 1 autre,
et ferment la bouche plus exactement.
Les dents qui garnissent la mâchoire d’en-bas, sou.t
coniques, courbées, creuses vers leurs racines, et enfoncées
dans l’os de la mâchoire jusqu aux deux tiers
de leur longueur. La partie de 1^ dent qui es,t cachée
dans l’alvéole, est compri mé.e de devant eu arrière,
cannelée du côté du gosier, et rétrécie vers la racine
qui est petite,
La partie extérieure est blanche comme de l’ivoire,
et.son sommet aigu et recourbé vers le gosier se fléchit
un peu en-dehors.
Cette partie extérieure n’a communément qu’un décimètre
de longueur. Lorsque l’animal est vieux , le.sommet
de la dent est quelquefois usé et parsemé de petites
éminences aiguës ou tranchantes; et c’est,ce qui a fait
croire que le microps avoit des dents molaires.
On a beaucoup varié sur le nombre des dents qui
hérissent la mâchoire inférieure du microps. Les uns
ont écrit qu’il n’y en avoit que huit de chaque côté;
d’autres n’en ont compté que onze à droite et onze à
gauche. Peut-être ces auteurs n’avoient-ils vu que des
microps très-jeunes, ou si vieux, que plusieurs de leurs
dents,étoient tombées, et que plusieurs de leurs alvéoles
s’étoient oblitérés. Mais quoi qu’il en soit, Artédi,
•Gmelin et d’autres habiles naturalistes , -disent positivement
qu’il y a quarante-deux dents à la mâchoire
inférieure du microps.