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molle, et qui,.cédant aux impressions des objets, peut
transmettre ces impressions aux organes intérieurs de
l’animal. Sa queue très-flexible peut s’appliquer à une
grande partie de la surface de plusieurs de ces objets.
On pourrait donc supposer dans le dauphin un toucher
assez étendu pour qu’on ne fut pas forcé, par la considération
de ce sens, à refuser à ce cétacée l’intelligence
que plusieurs auteurs anciens et modernes lui
ont attribuée.
D’ailleurs, le rapport du poids du cerveau à celui du
corps est de 1 à 25 dans quelques dauphins, comme
dans plusieurs individus de l’espèce humaine, dans
quelques guenons , dans quelques sapajous, pendant
que dans le castor il est quelquefois de 1 à 290, et, dans
l’éléphant, de 1 à 5 oo * *.
De plus , les célèbres anatomistes et physiologistes,
M. Soemmering et M. Ebel, ont fait voir qu’en général,
et tout égal d’ailleurs, plus le diamètre du cerveau,
mesuré dans sa plus grande largeur, l’emporte sur celui
de la moelle alongée, mesurée à sa base, et plus on
doit supposer de prééminence dans l’organe de la
réflexion sur celui des sens extérieurs , ou, ce qui est
la même chose, attribuer à l’animal une intelligence
relevée. Or le diamètre du cerveau est à celui de la
moelle alongée dans l’homme, comme 182 est à 26;
dans la guenon nommée bonnet chinois, comme 182 est
Levons & anatomie comparée du citoyen Cuvier*
à 48; dans le chien, comme 182 est à 69; et dans le
dauphin, comme 182 est à 14 \
Ajoutons que le cerveau du dauphin présente des
circonvolutions nombreuses , et presque aussi profondes
que celles du cerveau de l’homme“; et pour
achever de donner une idée suffisante de cet organe,
disons qu’il a des hémisphères fort épais ; qu’il couvre
le cervelet; qu’il est arrondi de tous les côtés, et presque
deux fois plus large que long; que les éminences ou
tubercules nommés testes sont trois fois plus volumineux
que ceux auxquels on a donné le nom de nates,
et que l’on voit presque toujours plus petits que les
testes dans les animaux qui vivent de proie 3; et enfin
qu’il ressemble au cerveau de l’homme, plus que celui
de là plupart des quadrupèdes.
Mais les dimensions et la forme du cerveau du dauphin
ne doivent pas seulement rendre plus vraisemblables
quelques-unes des conjectures que l’on a formées
au sujet de l’intelligence de ce cétacée; elles paraissent
prouver aussi une partie de celles auxquelles
on s’est livré sur la sensibilité de cet animal. On peut,
d’un autre côté, confirmer ces mêmes conjectures par
la force de l’odorat du dauphin. Les mammifères les
plus sensibles, et particulièrement le chien, jouissent
toujours en effet d’un odorat des plus faciles à ébranler;
' Leçons d’anatomie comparée du citoyen Cuvier.
* Ibid.
ï Ibid.