eledone, holilaine, osmyïos, osmylios et moschites, parce
qu’elle sent le musc *.
L’ambre gris est donc une portion des excrémens du
cachalot macrocéphale ou d’autres cétacées, endurcie
par les suites d’une maladie, et mêlée avec quelques
parties d’alimens non digérés.' Il est répandu dans le
canal intestinal en boules ou morceaux irréguliers,
dont le nombre est quelquefois de quatre ou de cinq.
Les pêcheurs exercés connoissent si le cachalot qu’ils
ont sous les jeux contient de l’ambre gris.
Lorsqu’après l’avoir harponné ils le voient rejeter
tout ce qu’il a dans l’estomac, et se débarrasser très-
promptement de toutes ses matières fécales, ils assurent
qu’ils ne trouveront pas d’ambre gris dans son corps :
mais lorsqu’il leur présente des signes d’engourdissement
et de maladie, qu’il est maigre, qu’il, ne rend
pas d’excrémens, et que le milieu de son ventre forme
une grosse protubérance, ils sont sûrs que ses intestins
contiennent l’ambre qu’ils cherchent. Le capitaine Col-
nett dit, dans la relation de son vojage, que, dans
certaines circonstances, l’on coupe la queue et une
partie du corps du cachalot, de manière à découvrir
la cavité du ventre, et qu’on s’assure alors facilement
de la présence de l’ambre gris, en sondant les intestins
avec une longue perche.
Mais de quelque manière qu’on ait reconnu l’exrs-
* Rondelet * Histoire des poissons 7 première partie , liv. 17 , chap. 6
— Troisième espèce de poulpe►
tence de cet ambre dans l’individu harponné , ou trouvé
mort et flottant sur la surface de la mer, on lui ouvre
le ventre, en commençant par l’anus, et en continuant
jusqu a ce qu’on ait atteint l’objet de sa recherche.
Quelle est donc la puissance du luxe, de la vanité,
de l’intérêt, de l’imitation et de l’usage ! Quels voyages
on entreprend, quels dangers on brave, à quelle cruauté
on se condamne, pour obtenir une matière vile, un
objet dégoûtant, mais que le caprice et le désir des
jouissances privilégiées ont su métamorphoser en aromate
précieux !
L’ambre contenu dans le canal intestinal du macrocéphale
n’a pas le même degré de dureté que celui qui
flotte sur l’océan, ou que les vagues ont rejeté sur le
rivage : dans l’instant où on le retire du corps du cé-
tacée, iha même encore la couleur et l’odeur des véritables
excrémens de l’animal à un si haut degré, qu’il
n’en est distingué que par un peu moins de mollesse ;
mais, exposé à l’air, il acquiert bientôt la consistance
et l’odeur forte et suave qui le caractérisent.
On a vu de ces morceaux d’ambre entraînés, par les
mouvemens de l’océan , sur les côtes du Japon , de la
mer de Chine, des Moluques, de la Nouvelle-Hollande
occidentale *, du grand golfe de l’Inde, des Maldives,
de Madagascar, de l’Afrique orientale et occidentale,
* Auprès de la rivière des Cygnes. — ( Journal manuscrit du naturaliste
Levilain , embarqué avec le capitaine Baudin, pour une expédition
de découvertes.