De plus, les longs tuyaux que l’on nomme évents, et
que l’on a aussi appelés narines, ne présentent ni cryptes
ou cavités , nifollicules muqueux, ni lames saillantes, ne
communiquent avec aucun sinus, ne montrent aucun
appareil propre à donner ou fortifier les sensations de
l’odorat, et ne sont revêtus à l’intérieur que d’une peau
sèche, peu sensible, et capable de résister, sans en être
offensée, aux courans si souvent renouvelés d’une eau
salée, rejetée avec violence.
Mais apprenons de notre savant confrère le citoyen
Cuvier, q«e la baleine franche doit avoir, comme les
autres cétacées, un organe particulier, qui est dans ces
animaux celui de l’odorat, et qu’il a vu dans le dau-
phin vulgaire, ainsi que dans le marsouin.
Nous avons dit, en parlant de la conformation de
l ’oreille, que le tuyau auquel on a donné le. nom de
trompe d’Eustache, et qui fait communiquer l’intérieur
delà caisse du tympan avec la bouche, remontoit vers le
haut de lèvent, dans la cavité duquel il aboutissoit. La
partie de ce tuyau qui est voisine de l’oreille ,• montre à
sa face interne un trou assez large, qui donne dans un
espace vide. Ce creux est grand, situé profondément,
placé entre l’oeil, l’oreille et le crâne, et entouré d’une
cellulosité très-ferme, qui en maintient les parois. Ce
ereux se prolonge en différens sinus, terminés par des
membranes collées contre les os. Ces sinus et cette cavité
sont tapissés d’une membrane noirâtre, muqueuse
et tendre, Us communiquent avec les sinus frontaux
par un canal qui va en montant et qui passe au-devant
de l’orbite.
On voit donc que les émanations odorantes, apportées
par l’eau de la mer ou par l’air de l’atmosphère,
pénètrent facilement jusqu a ce creux et à ces sinus par
l’orifice de Lèvent ou l’ouverture de la bouche, par
Lèvent, et par la trompe d’Eustache. On doit y supposer
le siège de l’odorat.
A la vérité, on ne trouve dans ces sinus ni dans cette
cavité, que des ramifications de la cinquième paire de
nerfs; et c’est la première paire qui, dans presque tous
les animaux, reçoit et transmet les impressions des corps
odorans. '
Mais qu’on ait sans cesse présente une importante
vérité : les nerfs qui se distribuent dans les divers organes
des sens , sont tous de même nature ; ils 11e
diffèrent que par leurs divisions plus ou moins grandes:
ils feroient naître les mêmes sensations s’ils étoient
également déliés, et placés de manière à être également
ébranlés par la présence des corps extérieurs. Nous ne
voyons par l’oeil et n’entendons par l’oreille, au lieu de
voir par l’oreille et d’entendre par l’oeil, que parce que
le nerf optique est placé au fond d’une sorte de lunette
qui écarte les rayons inutiles, réunit ceux qui forment
Limage de l’objet, proportionne la vivacité de la lumière
à la délicatesse des rameaux nerveux, et parce
que le nerf acoustique se développe dans un appareil
qui donne aux vibrations sonores le degré de netteté et
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