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de plusieurs de ces énormes animaux dans la Méditerranée,
et malgré les renseignemens que leurs relations
commerciales-avec les Indes pouvoient leur procurer
sur plusieurs autres. Non seulement ils ont appliqué à
leur myslicetus dés organes, des qualités ou des gestes
du rorqual, aussi-bien que de la baleine franche; mais
encore ils ont attribué à leur baleine des formes ou des
propriétés du gibbar, du rorqual et du cachalot ma-
erocéphale; et ils ont composé leur physalus, des traits
de ce mêm& macrocéphale mêlés avec ceux du gibbar.
Au reste, on ne peut mieux faire, pour connoître les
opinions des anciens au sujet des cétacées, que de
consulter l’excellent ouvrage du savant professeur
Schneider sur les sjnonymes des cétacées et des poissons,
recueillis par Artédi.
Mais la Méditerranée n’est pas la seule mer intérieure
dans laquelle pénètre le macrocéphale : il appartient
même à presque toutes les mers. On l’a reconnu dans
les parages du Spitzberg; auprès du cap Nord et des
côtes deFinmarck; dans les mers du Groenland; dans
le détroit de Davis ; dans la plus grande partie de
l’Océan atlantique septentrional; dans le golfe Britannique,
auprès de l’embouchure de l’Elbe, dans lequel
un macrocéphale fut poussé par une violente tempête,
échoua et périt, en décembre 1720; auprès de Terre-
Neuve; aux environs de Bajonne; non loin du cap de
Bonne-Espérance; près du canal de Mosambique, de
Madagascar et de l’üe de France; dans la mer qui baigne
les rivages occidentaux de la Nouvelle-Hollande, ou il
doit avoir figuré parmi ces troupes d’innombrables et
grands cétacées que le naturaliste Levilain a vus attirer
des pétrels', lutter contre les vagu’es furieuses,
bondir, s’élancer avec force, poursuivre des poissons,
et se presser auprès de la terre de Lewin, de la rivière
des Cygnes, et de la baie des Chiens-Marins, au point
de gêner la navigation ; vers les côtes de la Nouvelle-
Zélande*; près du cap de Corientes du golfe de la Californie;
à peu de distance de Guatimala, où Je capitaine
Colnett rencontra une légion d’individus de cette
espèce ; autour des îles Gallapagos ; à la vue de l’île
Mocha et du Chili, où, suivant le même vojageur, la
mer paroissoit couverte de cachalots; dans la mer du
Brésil; et enfin auprès de notre Finisterre.
En 1784, trente-deux macrocéphales échouèrent sur
la côte occidentale d’Audierne, sur la grève nommée
Très-Couaren. Le professeur Bonnaterre a publié dans
l'Encyclopédie méthodique, au sujet de ces cétacées-, des
détails intéressans, qu’il devoit à MM. Bastard, Chap-
puis le fils et Derrien, et à M. Lecoz, mon ancien collègue
à la première assemblée législative de France, et
maintenant archevêque de Besançon. Le i 3 *ftiars, on
* Voyez, dans l’article de la baleine franche, ce que nous avons dit,
d’après le capitaine anglois Colnett, des troupes de pétrels qui accompagnent
celles des plus grands cétacées.
* Lettre du capitaine Baudin à mon collègue Jussieu.