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surface de 1 océan, leur oreille est presque toujours plongée
a deux ou trois mètres au-dessous du niveau de la
mer. C est donc par le moyen de l’eau que les vibrations
sonores parviennent à leur organe acoustique ; et tout le
monde sait que leau est un des meilleurs conducteurs
de ces vibrations; que les sons les plus foibles suivent
des courans ou des masses d’eau jusqu’à des distances
bien supérieures a l’espace que leur fait parcourir le
fluide atmosphérique : et combien de fois, assis sur les
rives d’un grand fleuve, n’ai-je pas dans ma patrie *
entendu, de près de vingt myriamètres,' des bruits, et
particulièrement des coups de canon , que je n’aurois
peut-être pas distingués de quatre ou cinq myriamètres,
s’ils ne m’avoient été transmis que par l’air de l’atmosphère
?
Voici d ailleurs une raison forte pour supposer dans
l ’oreille de la baleine franche un assez haut degré de
délicatesse. Ceux qui se sont occupés d’acoustique ont
pu remarquer depuis long-temps, commç moi, que,les
personnes dont l’organe de l’ouïe est le plus sensible,
et qui reconnoissent dans un son les plus foibles nuances
d’élévation, d’intensité ou de toute autre modification,,
ne reçoivent cependant des corps sonores que les impressions
les plus confuses, lorsqu’un bruit violent, tel
que celui du tambour ou d’une grosse cloche, retentit
auprès d’elles. On les croiroit alors très-sourdes : elles.
* Près il’Agen.
DES B A L E I N E S . 4 °
ne Sapperçoivent même , dans ces momens d’ébranlement
extraordinaire, d’aucun autre effet sonore que
celui qui agite leur organe auditif, très-facile à émouvoir.
D’un autre côté, les pêcheurs qui poursuivent
la baleine franche savent que lorsqu’elle rejette par
ses évents une très-grande quantité d’eau, le bruit du
fluide qui s’élève en gerbes, et retombe en pluie sur
la surface de l’océan, l’empêche si fort de distinguer
d’autres effets sonores, que dans cette circonstance des
bâtimens peuvent souvent s’approcher d’elle sans
qu’elle en soit avertie, et qu’on choisit presque toujours
ce temps d’étourdissement pt>ur l’atteindre avec plus
de facilité, l’attaquer de plus près, et la harponner plus
sûrement.
■ La vue des baleines franches doit être néanmoins
aussi bonne, et peut-être meilleure, que leur ouïe.
En effet, nous avons dit que leur cristallin ëtoît
presque sphérique. Il a souvent une densité supérieure
à celle du cristallin des quadrupèdes et des autres ani*-
maux qui vivent toujours dans l’air de l’atmosphère. Il
présente même une seconde qualité plus remarquable
encore : imprégné de substa«ce huileuse, il est plus
inflammable que le cristallin des animaux terrestres.
Aucun physicien n’ignore que plus les rayons lumineux
tombent obliquement sur la surface d’un corps
diaphane, et plus en le traversant ils sont réfractés,
c’est-à-dire, détournés de leur première direction, et
réunis dans un foyer à une plus petite distance de k®
substance transparente.