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maladies convulsives les plus dangereuses, telles que
le tétanos et l’hydrophobie. Le docteur Swediawer rapporte
que cet aromate a été très-purgatif pour un
marin qui en avoit pris un décagramme et demi après
l’avoir fait fondre au feu. Dans plusieurs contrées de
l’Asie et de l’Afrique, on en fait un grand usage dans
la cuisine, suivant le docteur Swediawer. Lès pèlerins
de la Mecque en achètent une grande quantité, pour
l’offrir à la place de l’encens. Les Turcs ont recours à
cet aromate, comme à un aphrodisiaque.
Mais il est principalement recherché pour les parfums
: il en est une des bases les plus fréquemment
employées. On le mêle avec le musc, qu’il atténue, et
dont il tempère les effets au point d’en rendre l’odeur
plus douce et plus agréable. Et c’est enfin une des
substances les plus divisibles, puisque la plus petite
quantité d’ambre1 suffit pour, parfumer pendant un
temps très-long un espace très-étendu *.
Ne cessons cependant pas de parler de l’ambre gris
sans faire observer que l’altération qui produit cet
aromate, n’a lieu que dans les cétacées dont la tête, le
corps et la queue, organisés d’une manière particulière
, renferment de grandes masses d’adipocire ; et il
* Lorsque le docteur Swediawer a publié son travail, l’ambre gris se
vendoit à Londres une livre sterling les trois décagrammes; et, suivant le
citoyen Donadei, l’ambre gris, trouvé sur les côtes du golfe de Gascogne,
étoit vendu, en 1790, à peu près le même prix dans le commerce, où on
le regardoit comme apporté des grandes Indes, quoique les pécheurs n’en
vendissent le même poids à Bayonne ou à Çordeaux que 5 ou 6 francs.
semble que l’on a voulu indiquer cette analogie en
donnant à l’adipocire le nom d'ambre blanc, sous lequel
cette matière blanche a été connue dans plusieurs
pajs.
Nous venons d’examiner les deux substances singulières
que produit le cachalot macrocéphale ; continuons
de rechercher les attributs et les habitudes de
cette espèce de cétacée.
Il nage avec beaucoup de vitesse. Plus vif que plusieurs
baleines, et même que le nordcapef, ne le cédant
par sa masse qu’à la baleine franche, il n est pas
surprenant qu’il réunisse une grande force aux armes
terribles qu’il a reçues. Il s’élance au-dessus de là surface
de l’océan avec plus de rapidité que les baleinés,
et par un élan plus élevé. Un cachalot que l’on prit en
1715 auprès des côtes de Sardaigne, et qui n’avoit
encore que seize mètres de longueur, rompit d’un coup
de queue une grosse corde, avec laquelle on l’avoit
attaché aune barque ; et lorsqu’on eut doublé la corde,
il ne la coupa pas , mais il entraîna la barque en
arrière, quoiqu’elle fût poussée par un vent favorable.
Il est vraisemblable qu’il étoit de l’espèce du macrocéphale.
Ce cétacée en effet n’est pas étranger à la Méditerranée.
Les anciens n’en ont pas eu cependant une
idée nette. Il paroît même que ,'sans en excepter Pline
ni Aristote, ils n’ont pas bien distingué le§ formes ni
les habitudes des grands cétacées, malgré la présence
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