pas besoin que nous fassions remarquer la ressemblance
qu’il j a entre cette situation et celle dans laquelle
nagent les tortues franches lorsqu’elles sont accouplées.
On ne doit pas cependant retrouver la même analogie
dans la durée de l’accouplement. Nous ignorons pendant
quel temps se prolonge celui des baleines franches;
mais, d’après les rapports qui les lient aux autres mammifères
,.nous devons le croire très-court, au lieu de le
supposer très-long, comme celui des tortues marines.
Il n’en est pas de même de la durée de l’attachement
du mâle pour sa femelle.' On leur a attribué une grande
* constance; et on a cru recopnoître pendant plusieurs
années le même mâle assidu auprès de, la même femelle,
partager son repos et ses jeux, la suivre avec
fidélité dans ses voyages, la défendre avec courage, et
ne l’abandonner qu’à la mort.
On dit que la mère porte son foetus pendant dix mois
ou environ ; que pendant la gestation elle est plus
grasse qu’au para vant, sur-tout lorsqu’elle approche du
temps où elle doit mettre bas.
Quoi qu’il en soit, elle ne donne ordinairement le
jour qu’à un baleineau à la fois, et jamais la même portée
n’en a renfermé plus de deux. Le baleineau a presque
toujours plus de sept ou huit mètres en venant à la lumière.
Les pêcheurs du Groenland, qui ont eu tant
d’occasions d’examiner les habitudes de la baleine
franche, ont exposé la manière dont la baleine mère
allaite son baleineau. Lorsqu’elle veut lui donner à teter,
elle s’approche de la surface de la mer, se retourne
à demi, nage ou flotte sur un côté, et, par de légères
mais fréquentes oscillations, se place tantôt au-dessous,
tantôt au-dessus de son baleineau, de manière
que l’un et l’autre puissent alternativement rejeter par
leurs évents l’eau salée trop abondante dans leur gueule,
et recevoir le nouvel air atmosphérique nécessaire à
leur respiration.
Le lait ressemble beaucoup à celui de la vache, mais
contient plus de crème et de substance nutritive.
Le baleineau tette au moins pendant un an; les An-
glois l’appellent alors sliorlead. Il est très-gros, et peut
donner environ cinquante tonneaux de graisse. Au
bout de deux ans, il reçoit le nom de s tant, paroît,
dit-on, comme hébété, et ne fournit qu’une trentaine
de tonneaux de substance huileuse. On le nomme ensuite
scu/fish, et Ton ne connoît plus son âge que par la
longueur des barbes ou extrémités de fanons qui bordent
ses mâchoires.
Ce baleineau est , pendant le temps qui suit immédiatement
sa naissance, l’objet d’une grande tendresse,
et d’une sollicitude qu’aucun obstacle ne lasse,
qu’aucun danger n’intimide. La mère le soigne même
quelquefois pendant trois ou quatre ans, suivant l’assertion
des premiers navigateurs qui sont allés à la
pêche de la baleine, et suivant l’opinion d’Albert,
ainsi que de quelques autres écrivains qui sont venus
après lui. Elle ne le perd pas un instant de vue. S’il