franche servent à remplacer le .verre des fenêtres; les
tendons fournissent des fils propres à faire des filets ;
on fait de très-bonnes lignes avec les poils qui terminent
les fanons; et on emploie dans plusieurs pays
les côtes et les grands os des mâchoires pour composer
la charpente des cabanes, ou pour mieux enclore des
jardins et des champs.
Les avantages que l’on retire de la pêche des baleines
franches, ont fttcilement engagé dans nos temps modernes
les peuples entreprenans et déjà familiarisés
avec les navigations lointaines, à chercher ces cétacées
par-tout où ils ont espéré de les trouver. On les poursuit
maintenant dans l’hémisphère austral comme dans
l’hémisphère arctique, et dans le grand Océan boréal
comme dans l’Océan atlantique septentrional;'on les y
pêche même, au moins très-souvent, avec plus de faci-
lité, avec moins de danger, avec moins de peine. On les
atteint à une assez grande distance du cercle polaire,
pour n’avoir pas besoin de braver les rigueurs du froid,
ni les écueils de glace. Le capitaine Colnett trouva,
par exemple, un grand nombre de ces animaux vers
le quarantième degré de latitude australe, auprès de
l’île Mocha et des côtes occidentales du Chili; et à la
même latitude, ainsi que dans le même hémisphère *
et; vers le trente-septième degré de longitude occidentale
du méridien de Paris, il avoit vu, peu de temps auparavant,
de si grandes troupes de ces baleines, qu’il
les crut assez nombreuses pour fournir toute l’huile
q u e pourroit emporter la moitié des vaisseaux baleiniers
de Londres :
Cette multitude de baleines disparoîtra cependant
dans l’hémisphère austral de même que dans le boréal.
La plus grande des espèces s’éteindra comme tant
d’autres. Découverte dans ses retraites les plus cachées,
atteinte dans ses asyles les plus reculés, vaincue par la
force irrésistible de l’intelligence humaine, elle disparoîtra
de dessus le globe; il ne restera pas même l’espérance
de la retrouver dans quelque partie de la terre
non encore visitée par des voyageurs civilisés, comme
on peut avoir celle de découvrir dans les immenses solitudes
du nouveau continent Yéléphant de l'Ohio et le
mégathérium t. Quelle portion de l’océan n’aura pas été
1 Voyage du capitaine Jacques Colnett, déjà cité, page 14.
* M. Jefferson, l’illustre, président des Etats-Unis, m’écrit, dans une
lettre du 24 février i8o3 , qu’ainsi que je l’avois prévu et annoncé dans le
Discours d’ouverture dé mon Cours'de zoologie de l’an 9, il va faire
faire un voyage pour reconnoître les sources du Missouri, et pour découvrir
une rivière qui, prenant son origine très-près de ces sources, ait son embouchure
dans le grand Océan boréal. « Ce voyage, dit M. Jefferson,
» accroîtra nos connoissances sur la géographie de notre continent, en nous
» donnant de nouvelles lumières sur cette intéressante ligné de communi-
» cation au travers de l’Amérique septentrionale, et nous procurera une
35 vue générale de sa population, de son histoire naturelle, de ses produc-
35 lions, de son sol et de son climat. Il n’est pas improbable, ajoute ce
& respectable et savant premier magistrat, que^ce voyage de découverte
« ne nous fasse avoir des informations ultérieures sur le mammoth ( l’élé-
» phànt de l’Ohio) et sur le mégathérium dont vous parlez, page 6. Vou&
35 avez vraisemblablement vu dans nos Transactions^philosophiques ,
33 qu’avant de çonnoître la notice que M. Cuvier a donnée de ce mégathé~
33 rium, nous avions trouvé ici des restes d’un énorme animal insonnu r