H I S T O I R E N A T U R E L L E
le rapport de 6 à 11. Mais il n’en est pas de même
du cristallin : conformé comme celui des poissons, des
phoques, de plusieurs quadrupèdes ovipares qui marchent
ou nagent souvent au-dessous de l’eau, et des
cormorans, ainsi que de quelques autres oiseaux plongeurs,
le cristallin de la baleine franche est assez convexe
par-devant et par-derrière pour ressembler à une
sphère, au lieu de représenter une lentille, de même
que celui des quadrupèdes, et sur-tout celui des oiseaux.
II paroît du moins que le rapport de l’axe longitudinal
du cristallin à son diamètre transverse, est, dans la
baleine franche, comme celui de i3 à 1 S, lors même
que ce diamètre et cet axe sont le plus différens l’un de
l’autre *.
La forme générale de l’oeil est maintenue, en très-
grande partie, dans la baleine franche, comme dans les
animaux dont l’oeil n’est pas sphérique, par l’enveloppe
à laquelle on a donné le nom de sclérotique, et qui environne
tout l’organe de la vue, excepté dans l’endroit
où la cornée est située. Ce nom de sclérotique venant de
sclerotes, qui, en grec, signifie dureté, convient bien
mieux à l’enveloppe de l’oeil de la baleine franche dans
laquelle elle est très-dure, qu’à celle de l’oeil de l’homme
et de l’oeil des quadrupèdes dans lesquels, ainsi que
dans l’homme, elle est remarquable par sa mollesse.
Mais la sclérotique de la baleine franche n’a pas dans
Cuvier, Leçons d'anatomie comparée x yol. II, p. 3^6..
toute son étendue une égale dureté : elle est beaucoup
plus dure dans ses parties latérales que dans le fond
de l’oeil, quoiqu’elle soit très-fréquemment, dans ce
même fond, épaisse de plus de trente-six millimètres,
pendant que l’épaisseur des parties latérales n en excède
guère vingt-quatre. Cette différence vient de ce que les
mailles que l’on voit dans la substance fibreuse, et en
apparence tendineuse, de la sclérotique, sont plus
grandes dans le fond que sur les côtés de l’oeil, et qu’au
lieu de contenir une matière fongueuse et flexible,
comme sur ces mêmes côtés, elles sont remplies, vers
le fond de l’oeil, d’une huile proprement dite.
Au reste, cette portion moins dure de la sclérotique
cle la baleine est traversée par un canal dans lequel
passe l’extrémité du nerf optique : les parois de ce canal
sont formées par la dure-mère; et c’est de la face externe
de cette dure-mère que se détachent, comme par un
épanouissement, les fibres quicomposent lasclérotique.
On distingue d’autant plus ces fibres, que leur couleur
est blanche, et que la substance renfermée dans les
mailles quelles entourent, est d’une nuance brune.
Nous entrons avec plaisir dans les détails en apparence
les plus minutieux, parce que tout intéresse dans
un colosse tel que la baleine franche, et que nous
découvrons facilement dans ses organes très-dévelop-
pés, ce que notre vue, même aidée par la loupe et par
le microscope, ne peut pas toujours distinguer dans
les organes analogues des autres animaux. La baleine